Toutes sortes de facteurs attirent les moustiques jusqu’à nous, mais les personnes infectées par le virus de la dengue et le Zika sont encore plus attirantes pour les moustiques qu’une autre en bonne santé. Que se cache-t-il derrière cette observation ?
Les moustiques tigres (Aedes albopictus) sont présents en France depuis l’arrivée des beaux jours. Dans les régions tropicales, ils piquent tout au long de l’année et sont responsables de la transmission de nombreux virus dont les principaux sont le Zika, le chikungunya et le virus de la dengue. Les scientifiques s’intéressent particulièrement aux facteurs qui attirent les moustiques tant les maladies qu’ils transmettent sont un véritable enjeu de santé publique.
La couleur, le CO2 expiré, la sueur ou encore le groupe sanguin sont des facteurs qui peuvent attirer les moustiques. Mais une recherche récente, menée à l’université du Connecticut, montre que l’odeur a aussi un rôle à jouer, notamment chez les personnes infectées par le virus de la dengue et le Zika. En effet, s’il a le choix entre une personne porteuse de la dengue ou de Zika et une personne saine, le moustique préférera piquer et s’abreuver du sang de la première.
L’acétiphénone, un parfum pour moustique
Les résultats ont été obtenus sur des souris de laboratoire et des volontaires. Les scientifiques ont analysé les molécules odorantes présentes à la surface de la peau des rongeurs infectés pour comprendre laquelle était la plus attractive pour les insectes. Chaque molécule a été appliquée individuellement sur la peau des mains des volontaires et il apparait que c’est l’acétophénone qui attire le plus les moustiques. Ce composé aromatique est présent dans de nombreux aliments et entre dans la formule des parfums aux notes d’amande, de cerise ou de chèvrefeuille.
L’acétophénone est sécrété naturellement par certaines bactéries du microbiote de la peau, les Bacillus. Chez les patients en bonne santé, la population des Bacillus est contrôlée par un peptide antimicrobien, mais chez les personnes infectées par le virus de la dengue et le Zika, ce peptide anti-microbien est produit en plus faible quantité. Résultat, la bactérie prolifère et « parfume » les personnes infectées d’une odeur appréciée des moustiques. « Le virus peut manipuler le microbiote cutané des hôtes pour attirer plus de moustiques et se transmettre plus vite », explique Penghua Wang, immunologiste à l’université du Connecticut.
Les scientifiques ont aussi observé qu’une molécule dérivée de la vitamine A, qui intervient dans la biosynthèse du peptide anti-microbien, permet de réduire l’attirance des moustiques pour les patients infectés par le virus de la dengue et le Zika.