Pourquoi vous avez organisé cette journée ?
Cette journée a été organisée pour remercier tous les amis du Joola. C’est-à-dire tous ceux qui ont contribué au devoir de mémoire, tous ceux qui ont pu aider à la cause du Joola. Ce sont les artistes, les chanteurs, les musiciens, les journalistes, les hommes de lettres, les écrivains. Tout ce beau monde s’est, durant ces 20 dernières années, engagé pour promouvoir la cause du Joola. Ce sont eux que nous voulons remercier. Tout le monde n’est pas venu, mais on a choisi une soixantaine. Ils étaient 65, mais beaucoup ne sont pas venus. Une vingtaine seulement était présente et on leur a donné les récompenses. On leur a donné un certificat de reconnaissance et une écharpe.
Etes-vous satisfaits de ce qui a été fait pour les victimes du Joola ?
C’est juste un symbole parce que nous voulons perpétuer la mémoire du Joola. Le devoir de mémoire nous incombe et incombe à tous les Sénégalais. Et à travers le devoir de mémoire, nous devons tirer une leçon du Joola et arriver à changer les comportements dans notre société. Un peuple a besoin de son histoire pour aller de l’avant. Nous voulons montrer qu’on doit se souvenir de ce qui s’est passé en espérant construire un meilleur avenir. Inspirons-nous du passé pour construire un monde plus juste.
Vous parlez de devoir de mémoire, mais jusque-là, le bateau n’est pas encore renfloué. Quel est le sentiment qui vous anime face au mutisme de l’Etat sur ce point ?
Le sentiment, c’est qu’il y a un manque de volonté politique pour faire avancer les choses. On est au vingtième anniversaire, normalement beaucoup de choses devraient être faites. Mais nous gardons toujours espoir. Notre crédo, c’est de ne jamais baisser les bras et d’avancer même si c’est à petits pas. Nous sommes tristes de voir que jusqu’ici, le bateau n’est pas encore renfloué et que beaucoup de familles n’ont pas encore fait leur deuil. Mais beaucoup de familles espèrent toujours que le bateau sera renfloué.
Avec la construction de mémoriaux à Ziguinchor et Dakar, cela ne permettra- t-il pas aux familles de faire leur deuil ?
C’est un volet qui est important, un volet pour l’avenir. Mais il faut savoir que dans certaines cultures, ils ont besoin de renflouer le bateau pour pouvoir faire leur deuil. Le bateau, ce sont plus de 2000 personnes. Donc, ce sont 2000 histoires différentes, mais si on prend leurs familles, ce ne sont pas 2000, ce sont 20 voire 30 mille. C’est beaucoup plus large et chacun a une manière de faire son deuil. Il faut les accomplir. Le Mémorial est l’une des pistes, mais n’est pas la seule. Le renflouement est une autre piste qu’il faut explorer.
Aujourd’hui, qu’est-ce que vous attendez de l’Etat ?
Nous demandons à l’Etat d’avoir une volonté politique pour régler l’ensemble des problèmes du Joola, de tirer les leçons de ce Joola. Ce sont des leçons qui permettront à notre société d’avancer et de changer les comportements.
lequotidien