Le non-renouvellement des accords de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne (UE) offre une opportunité stratégique pour résoudre la problématique de la cherté des produits halieutiques tout en soutenant le développement de l’industrie de transformation locale.
C’est ce qu’a souligné Mamadou Habib Camara, l’adjoint au gouverneur de la région de Kaolack chargé du développement, lors d’une rencontre avec les membres de la Coalition nationale pour une pêche durable (CONAPED) samedi 28 janvier 2025.
D’après l’autorité administrative, la fin de ces accords de pêche pourrait permettre de réduire significativement les coûts des produits halieutiques au Sénégal, en favorisant l’implantation d’unités de transformation locales.
Ces unités ne se contenteraient pas seulement de transformer les produits de la mer, mais offriraient également une véritable source de richesse et d’emplois pour les populations locales.
Lors de cette rencontre, la CONAPED a remis un mémorandum aux autorités locales dans le cadre de sa campagne pour la promotion d’une pêche responsable et durable. Cette initiative, qui a débuté le 12 janvier, se poursuit jusqu’au 23 janvier 2025, avec des arrêts dans différentes zones de pêche à travers le Sénégal, allant de Saint-Louis, au nord, à Kafountine, au sud.
Le but de cette caravane est de sensibiliser directement les acteurs de la pêche, d’écouter leurs préoccupations et de recueillir leurs suggestions pour améliorer la charte adoptée par les plus hautes autorités sénégalaises. Cette charte vise à encourager une gestion transparente et inclusive du secteur halieutique en vue de garantir sa durabilité à long terme, notamment à l’horizon 2030.
L’une des propositions majeures de la charte est de geler l’octroi de nouvelles licences de pêche industrielle pour les stocks de poissons déjà surexploités, et de soutenir les efforts de restauration des écosystèmes marins dégradés. En outre, elle appelle à une réduction significative de la pollution marine.
La pêche est un secteur stratégique pour le Sénégal, fournissant 75 % des protéines animales nécessaires à la population. Elle génère également des recettes de plus de 250 milliards de francs CFA pour l’État, bien plus que le pétrole, qui ne rapporte que 30 milliards de francs CFA.
Selon Mbacké Seck, écologiste et membre de la CONAPED, ces chiffres illustrent l’importance cruciale de ce secteur pour l’économie et la sécurité alimentaire du pays.
L’adjoint au gouverneur de Kaolack a salué cette initiative de la CONAPED, soulignant que la caravane est une réponse positive aux défis actuels posés par le changement climatique, qui affecte gravement le secteur de la pêche. Il a également précisé que le gouvernement du Sénégal reste engagé à soutenir des initiatives telles que celle-ci, citant comme exemple la révision de la loi d’orientation agrosylvopastorale et halieutique, qui prend en compte les enjeux du secteur de la pêche.
Le non-renouvellement des accords de pêche avec l’Union européenne, selon Mamadou Habib Camara, est une décision en phase avec les préoccupations des acteurs locaux, visant à promouvoir une gestion plus durable et équitable des ressources maritimes du pays.
VivAfrik