A travers un échange épistolaire fictif, El Hadji Malick Ndiaye  fait le choix de s’adresser à un président anonyme qui, à quelques exceptions près, pourrait revêtir le visage de n’importe quel chef d’Etat africain. Il y fustige une certaine vision organisée autour de la gestion clientéliste du pouvoir perçu comme  moyen d’accaparement et  de captation  des richesses, au détriment des gens de peu.

A travers les figures tatouées de tous ces errements que dénonce l’auteur, se dessinent ainsi la mise à nu de pratiques peu recommandables. En l’occurrence, celles de présidents de la République qui se croient omnipotents, omniscients, n’écoutant donc personne et n’en faisant qu’à leurs têtes.

Ils s’évertuent ainsi à brider la liberté d’expression, en mettant sous tutelle toute parole qui dérange par le canal de la répression et/ou l’achat de conscience.

L’auteur indexe par ailleurs la frilosité des intellectuels plus enclins à s’engoncer dans le fauteuil de leurs conforts personnels, préférant caresser les élites au pouvoir dans le sens du poil plutôt que de « plonger les mains dans le cambouis de la misère sociale ». 

Sont mis au pilori tous les maux qui malmènent le pays, précipitent sa descente aux enfers, s’abritant derrière le paravent d’une modernité gloutonne qui succombe à la fascination d’une consommation extravertie.  A travers ses « Lettres à un président africain », El Hadji Malick Ndiaye  s’élève contre l’aveuglement  moral, éthique; l’absence de vision de dirigeants africains focalisés sur leur jouissance personnelle, incapables de prendre en charge et de traduire en actes les aspirations légitimes des populations.

L’auteur s’en démarque et affiche le souhait  de voir l’Afrique tomber «  entre les mains de quelqu’un qui le mérite ». 

A travers ces missives grondent en effet la plupart des maux qui, comme une malédiction systémique,  déroulent  une gouvernance  centrée sur une prédation  en lieu et place  d’un investissement au service des populations.

Aussi, loin d’être plombées par le découragement, elles incitent plutôt à la résistance, à la reprise en main d’un continent à la dérive   « où des crétins absolus ont présidé aux destinées de millions d’individus comme s’il s’agissait d’un stage ». 

Face aux élites dirigeantes, les jeunes qui étouffent d’impatience  veulent désormais voir « trouver des solutions crédibles  pour les sortir de leurs difficultés, combattre les maladies, assurer l’éducation pour tous, en finir avec les guerres, la corruption».

Par cette correspondance univoque rythmée par 5 missives, dénonciations et aspirations s’entrelacent, s’alternent, s’enroulent autour d’un dessein consistant à « faire en sorte que nul ne soit accablé par la désespérance ». 

Sans tabou mais courtois, l’auteur s’ingénie à remuer le couteau dans la plaie pour dénoncer avec force la gabegie et la mégalomanie qui fascinent ces  présidents d’Afrique qui tournent le dos à la justice économique et sociale.

Les « Lettres à un président africain »  se découvrent ainsi comme «une biographie du système qui a maintenu l’Afrique à la marge de la marche vers le progrès, la démocratie, la justice sociale » souligne le Pr Mamadou Diouf (Columbia University, New York) dans une éblouissante préface.

Aussi l’auteur, El Hadji Malick Ndiaye, d’avertir les élites au pouvoir qu’il est désormais venu le temps de la reddition des comptes et que  le désir de puissance ne saurait par conséquent continuer à être « le principal moteur du fait politique ».

El Hadji Malick NDIAYE

LETTRES A UN PRESIDENT AFRICAIN

sudquotidien

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