Ancien ministre des Forces armées sous l’ère Macky Sall, Me El Hadji Oumar Youm exprime des doutes quant à la gestion actuelle de la reddition des comptes par les nouvelles autorités. Selon lui, le délai pris pour cet exercice pourrait indiquer une volonté cachée du pouvoir de sélectionner des juges et de régler des comptes à des partisans de l’ancien régime.
Une épée de Damoclès judiciaire concernant la gestion des affaires de l’Etat plane-t-elle sur des dignitaires de l’ancien régime ? Les tenants du pouvoir pourraient répondre à cette interrogation. Depuis la publication des rapports de la Cour des comptes, de l’Inspection générale d’Etat (Ige) et de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), beaucoup de Sénégalais attendent le démarrage de la reddition des comptes.
Alors, après le Directeur exécutif de l’Ong 3D, Moundiaye Cissé, le coordonnateur du Forum civil, Birahim Seck, c’était au tour de Me El Hadji Oumar Youm d’exprimer également son soutien à la reddition des comptes.
Lors de l’émission «Champ contre champ» sur la chaîne de télévision nationale Rts1, animée par le journaliste Migui Maram Ndiaye, Me El Hadji Oumar Youm, dernier ministre des Forces armées sous l’ère du Président Macky Sall, affirme que la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby) est prête à se soumettre à la reddition des comptes annoncée par les autorités.
Mais d’après l’ancien membre du Groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, le délai pris pour cette reddition des comptes pourrait indiquer une volonté cachée du pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye de sélectionner des juges et de régler des comptes à des partisans de l’ancien régime. «Nous avons réalisé de nombreuses actions positives et quelques erreurs, mais nous sommes pour la reddition des comptes, car toute personne en position de responsabilité doit rendre compte.
Ce que je redoute, c’est qu’il y ait un règlement de comptes ou une manipulation de la Justice, d’autant que les rapports ont été publiés depuis longtemps.
Pourquoi les suspects n’ont-ils pas encore été entendus ? Il semble qu’on souhaite sélectionner des juges et leur fournir une feuille de route. Tout le monde sait comment cela fonctionne. C’est évident», a dit El Hadji Oumar Youm.
Lors de l’émission sur la Rts1, le responsable de l’Alliance pour la République (Apr) a également abordé la question des fonds supposés détournés lors de la gestion de la pandémie du Covid-19.
Plusieurs ministres, directeurs de Cabinet et Directeurs de l’administration générale et de l’équipement (Dage) de ministères ont été mis en cause par la Cour des comptes.
Toutefois, l’avocat et responsable de l’ancien parti au pouvoir minimise les chiffres avancés. Selon Me El Hadji Oumar Youm, seulement 6 milliards de francs Cfa sur les 1000 milliards auraient été détournés.
Il faut le rappeler, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres qui s’est tenue jeudi dernier, le Président Bassirou Diomaye Faye avait indiqué que le second semestre de l’année 2024 doit consolider la phase cruciale de rectification, d’ajustement, de réforme hardie des politiques publiques et de reddition des comptes.
«Gouverner demande de l’humilité»
Ancien président du Groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, Oumar Youm n’a pas hésité à critiquer le Premier ministre Ousmane Sonko sur sa position contre l’Assemblée nationale, à propos de sa Déclaration de politique générale (Dpg) prévue par la Constitution. Pour l’avocat et ancien député de la majorité parlementaire, le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale est juste un accessoire devant la Constitution.
«Le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale n’est pas un document opposable au Premier ministre Ousmane Sonko.
Gouverner demande de l’humilité, de la sincérité, ce n’est pas un jeu», a affirmé El Hadji Oumar Youm. Le camarade de parti de l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall, est d’avis que «le jeu est flagrant. C’est un député de Pastef (Ndlr : Guy Marius Sagna) qui a écrit au Premier ministre Ousmane Sonko et, en 24 heures, il lui répond.
Je suis sûr qu’il y avait déjà une centaine de lettres sur sa table qui attendaient des réponses, bien avant celle du député. Cette infantilisation et la publication qu’il a faite sur Facebook… Ensuite, la comparaison qu’il a faite entre l’Assemblée nationale et une autre assemblée, alors que dans une République on nous dit que l’Assemblée nationale est la 2ème institution.
Le Premier ministre devait avoir une posture autre».
En revenant sur la défaite du candidat de la Coalition Benno bokk yaakaar à l’élection présidentielle du 24 mars dernier, Amadou Ba, Me Youm attribue ce revers à un changement de cycle et à une jeunesse en quête de nouvelles aspirations.
«Nous avons atteint la fin de cycle… Cette jeunesse, qui avait 6 ans en 2012, n’a pas les mêmes aspirations que les vieux qui avaient voté pour Macky Sall en 2012 et 2019. Elle avait besoin de changement», a conclu le maire Bby de la commune de Thiadiaye, une collectivité territoriale qui est située dans le département de Mbour.
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