La grandeur d’un pays ne se mesure pas à sa capacité à bouder, mais à sa faculté à exister dans le monde, sans s’y dissoudre. Tel est l’avis de l’ancien ministre de la Jeunesse et responsable de l’Apr. Pour Pape Malick Ndour, Macky Sall l’a compris. Les «autres», pas encore. A ce rythme, estime-t-il, «il faudra leur envoyer une carte postale du monde réel».
Le 6 mai 2025, l’ancien président de la République du Sénégal et président du Conseil de surveillance du Centre mondial pour l’adaptation, Macky Sall, a été l’un des intervenants phares du Global Solutions Summit 2025, organisé par la Global Solutions Initiative à Berlin.
Devant un parterre de leaders internationaux, de chercheurs, d’économistes et de décideurs politiques, il a livré un plaidoyer fort sur le rôle de l’Afrique dans le multilatéralisme contemporain.
Une prise de parole saluée par Pape Malick Ndour, ancien ministre de la Jeunesse sous le régime de Macky Sall, qui, d’ailleurs, n’a pas manqué d’en faire un manifeste en creux contre les actuels dirigeants du pays. «Avec Macky, le Sénégal brillait sur la scène internationale.
Aujourd’hui, il rase les murs», déclare-t-il d’emblée, dans une tribune intitulée : «Macky et les «autres» : ouverture assumée contre fermeture obsessionnelle.» L’ancien ministre de la Jeunesse et responsable de l’Apr esquisse deux visions irréconciliables de la diplomatie sénégalaise, notamment celle de la main tendue et de la négociation, et celle du poing levé et de l’isolement.
«Macky veut rééquilibrer le multilatéralisme, pas le jeter aux orties.
Il en dénonce les limites, mais croit en la coopération, la solidarité, l’inclusion. Pendant ce temps, les «autres» préfèrent agiter le drapeau du repli, crier à l’ingérence dès qu’une voix étrangère ose dénoncer leurs manipulations, s’aligner paradoxalement sur les positions venant de leurs quelques rares alliés «petits perturbateurs» altermondialistes de la trempe du jeune avocat français et du vieux Mélenchon, et croire que sortir du jeu mondial, c’est gagner la partie», souligne l’ancien ministre de la Jeunesse.
Alors, pour Pape Malick Ndour, ce repli n’est pas sans conséquence.
Selon lui, le Sénégal a troqué la diplomatie d’influence pour une politique de fermeture. Là où Macky Sall plaidait pour la justice climatique, la réforme des institutions ou encore une gouvernance mondiale plus équitable, les nouveaux dirigeants se méfient de tout et de tous.
«Ils voient dans chaque ambassade une menace, dans chaque journaliste étranger un agent double, et dans chaque voyage international ou audience accordée à une personnalité étrangère (cas de Tony Blair) une trahison de la Patrie, du projet et du parti africain», écrit-il avec ironie. Pour Pape Malick Ndour, c’est là toute la différence entre la diplomatie et le folklore.
«L’Afrique n’a pas besoin de kermesses régionales»
Pendant que Macky Sall s’exprime à Berlin, les nouveaux dirigeants se contenteraient de tournées africaines survoltées et d’estrades locales.
«A la place de Berlin, ils préfèrent le Grand Théâtre, demandant à Israël «d’arrêter», alors que le vrai courage aurait été de relayer l’appel constant de Macky Sall pour une réforme du système des Nations unies», dit-il. Mais plus grave encore, selon Pape Malick Ndour, les nouveaux dirigeants confondent souveraineté avec autarcie. «Leur rêve ?
Casser la table du système… faute d’avoir appris à y jouer. Ils brandissent une souveraineté abstraite, oubliant qu’aucune Nation ne gagne seule et que l’autarcie n’a jamais fait décoller un pays», affirme Pape Malick Ndour, qui dresse le portrait d’un continent qui se cherche et d’un Sénégal qui a perdu sa boussole extérieure. Macky symbolise, selon lui, une Afrique ambitieuse. Les autres, une Afrique sur la défensive, enfermée dans une logique de suspicion.
Toujours pour l’ancien ministre de la Jeunesse, aujourd’hui, c’est toute la stature du pays qui s’est effondrée, plus de vision, plus de stratégie, plus d’attractivité.
«Pendant qu’on justifie l’immobilisme diplomatique des «autres» par la révocation, par le «projet», des «tournées internationales soi-disant inutiles», on se perd en bains de foule survoltés entre Ouaga, Nouakchott, Abidjan, Banjul et Bissau, comme si serrer des mains afro-africaines faisait parler l’Afrique et pouvait compenser l’absence de vision», regrette-t-il.
Avant de conclure en ces termes : «L’Afrique n’a pas besoin de kermesses régionales.
Elle a besoin de leaders qui parlent au monde entier, qui négocient l’avenir de l’humanité et influencent les opinions internationales. Et la grandeur d’un pays ne se mesure pas à sa capacité à bouder, mais à sa faculté à exister dans le monde, sans s’y dissoudre. Macky Sall l’a compris. Les «autres», pas encore. A ce rythme, il faudra leur envoyer une carte postale… du monde réel…»
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