Le parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) a perdu à son propre jeu. Ousmane Sonko et ses partisans ont voulu bloquer Barthélémy Dias. Même s’ils ont réussi à le faire éjecter de l’Assemblée nationale, ils ont fait un dégât collatéral dans leur rang.
Un membre du parti présidentiel a été rattrapé par la loi. Une situation evitable si les patriotes n’avaient pas pris le maire de Dakar comme cible.
Thierno Aly Sy détient le plus court mandat parlementaire dans l’histoire politique du Sénégal.
Le suppléant d’Abass Fall ne pourra pas siéger à la 15e législature. Il a été rattrapé par sa condamnation définitive pour «abus de confiance». Face au tollé de cette affaire, il a décidé d’officialiser sa démission de l’Assemblée nationale.
Il a, en ce sens, adressé une lettre à El Malick Ndiaye. «Je vous informe, par cette lettre, de ma décision de démissionner de mon mandat de député à l’Assemblée nationale», a-t-il écrit.
Si ce partisan de Pastef a perdu son mandat, c’est parce qu’il a été condamné par l’arrêt n°46 de la Cour d’appel, en date du 24 août 2021, confirmation de la Cour suprême le 17 novembre 2022, à une peine de trois mois de prison avec sursis pour «abus de confiance».
Il avait également été contraint de verser la somme de 12 millions de FCFA à la partie civile, représentée par Patrice Calas Lopes Da Sylva, au nom de la société TDI. Et pourtant, il a réussi à passer entre les mailles du filet. Il a même réussi à prendre la place de Abass Fall à l’hémicycle.
Une affaire qui pousse les sénégalais à se poser beaucoup de questions sur l’intégrité des documents qui sont fournis par les candidats au Parlement.
Si les autorités étaient prudentes, elles n’auraient pas manqué de voir cette condamnation dans le casier judiciaire de ce membre du parti au pouvoir. Il a fallu que Barthélémy Dias soit radié de l’Assemblée pour que Thierno Aly Sy tombe aussi sous le coup des articles 29 et 30 du Code électoral.
L’article 29 stipule que ceux condamnés à une peine sans sursis ou avec sursis d’une durée supérieure à un mois pour des délits comme l’abus de confiance ne doivent pas être inscrits sur les listes électorales.
L’article 30 fixe la durée de cette exclusion des listes à cinq (5) ans.
Pourtant Thierno Aly Sy avait toutes ses chances pour siéger à l’Assemblée.
Mais c’est Pastef qui a faussé ses calculs. Les patriotes ont tout fait pour qu’il perde son mandat de député.
Le malheur n’arrivant jamais seul, le maire de Dakar a emporté ce membre de Pastef dans sa chute. Comme le dit l’adage, «dura lex sed lex» (la loi est dure, mais c’est la loi). Ce partisans de Ousmane Sonko est tombé sur la même loi qui a eu raison de l’actuel maire de Dakar après les élections législatives.
Thierno Aly Sy a sauvé son parti de l’humiliation.
Depuis le début de cette polémique, beaucoup d’observateurs guettaient la sortie du ministre de la justice. Ils attendaient tous de voir les services de Ousmane Sonko traiter le dossier du suppléant de Abass Fall de la même manière qu’ils l’ont fait avec Barthélémy Dias.
Le député de Pastef fera amende honorable en démissionnant.
Mais il pouvait éviter à son parti ce procès. Malheureusement, il a oublié qu’il était à l’ère du «Jub-Jubbal-Jubbanti».
Barthélémy Dias a, ainsi, eu raison de Ousmane Sonko.
«Radiation pour radiation, je vous demande aussi de radier un autre député qui […] a aussi déjà été définitivement condamné. Sinon, c’est du deux poids, deux mesures. Et, au passage, j’aimerais aussi indiquer aux uns et aux autres que la condamnation définitive, ce n’est pas la décision de la Cour suprême.
Non, la Cour suprême ne juge pas, la Cour suprême constate des faits», avait-il déclaré face à la presse.
Un appel qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Barthélémy Dias a réussi à faire éjecter l’autre condamné…député de Pastef.
Reste maintenant à savoir le sort que lui réserve le PASTEF. Les partisans de Ousmane Sonko veulent le dépouiller de tout pouvoir.
D’ailleurs, quelqu’un a saisi le préfet de Dakar pour demander l’application de l’article L.277 du code électoral sénégalais.
Si cette procédure aboutit, Dias-fils ne sera plus maire de Dakar. Mais il pourra, au moins, se consoler d’avoir fait éjecter un député de Pastef de l’Assemblée.
xibaaru