«Le seul problème entre Macky Sall et moi, c’est qu’il n’y a pas de problème». Très peu d’analystes politiques voire de Sénégalais vont croire à cette déclaration de Amadou Ba, candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar pour l’élection présidentielle du 24 mars prochain.
Et pour cause, c’est un secret de polichinelle de dire qu’il y a des zones d’ombre entre le Chef de l’Etat et son ancien Premier ministre.
Ce qui étonne plus d’un c’est la résilience avec laquelle l’ancien Chef de la diplomatie sénégalaise fait montre face aux attaques et autres attitudes venant de son propre camp et qui frôlent l’humiliation.
Amadou Ba est le seul candidat qui, au cours de son investiture, s’est vu reléguer au second rang au détriment de son mentor, qui doit pourtant quitter le pouvoir dans quelques jours.
Amadou Ba est le seul candidat au monde choisi par une majorité présidentielle sans disposer d’une carte blanche lui permettant de dérouler son programme.
Les coups de Jarnac qu’il a reçus et qu’il continue de recevoir ne s’arrêtent pas là. Le plus abracadabrant, c’est cette suspicion de corruption de deux juges du Conseil constitutionnel entretenue par le Parti démocratique sénégalais avec la bénédiction des députés de la majorité et un président de la République «tirant les ficelles».
D’ailleurs le 3 février dernier, c’est le Chef de l’Etat lui-même qui prend un décret pour annuler celui convoquant le collège électoral sous le prétexte de tirer au clair de supposés soupçons de corruption.
Face à l’opposition du Conseil constitutionnel, Macky Sall ouvre un dialogue sans les 17 candidats retenus par les «7 Sages» et dans la même foulée, fait voter une loi d’amnistie et ordonne à l’agent judiciaire à se désister du pourvoi formé contre l’ordonnance du 14 décembre 2023 rendue par le président du Tribunal d’instance Hors Classe de Dakar.
Ce qui de facto, rend Ousmane Sonko et électeur et éligible.
Last but not least, avant-hier, ce dernier et Bassirou Diomaye Faye sortent de la prison du Cap Manuel, se pavanent dans les rues de la capitale formant un cortège monstrueux d’une foule hystérique. Hier, le Boss du Pastef ouvre le feu sur Amadou Bâ, à qui il est reproché d’avoir commis tous les péchés du régime de Macky Sall.
Sans un seul mot contre ce dernier.
Pendant ce temps, Amadou Bâ fait dans la «mauvaise fortune bon cœur». Il reste zen. Son silence intrigue, interroge, inquiète même. Est ce un poltron ? Est ce une marque d’homme d’Etat ?
Selon certains de ses proches collaborateurs, le candidat Ba est ainsi.
C’est dans sa nature. Son ADN. Stoïque, il l’est. «On ne sait jamais quand est-ce qu’il est content ou mécontent. Il sait garder ses émotions», analyse un membre de son directoire de campagne.
Au soir du 24 mars, on sera si la résilience à toutes épreuves était la meilleure posture à adopter.
sudquotidien