Une vaste étude française a poursuivi l’enquête sur le risque de méningiome intracrânien associé à l’utilisation de progestatifs sélectionnés et vient confirmer qu’une exposition prolongée à ces autres progestatifs entraîne bien un risque accru de cancer du cerveau. Les résultats sont publiés dans le British Medical Journal.
Une vaste étude française révèle un risque accru de méningiome, une tumeur des méninges, en cas de prise de certains médicaments progestatifs. Ces médicaments peuvent être utilisés comme contraceptifs, pour traiter des pathologies gynécologiques telles que l’endométriose, comme traitement hormonal substitutif de la ménopause ou encore pendant le parcours de procréation médicalement assistée.
De précédentes études françaises avaient déjà montré le sur-risque de méningiome lié à l’utilisation prolongée et à dose élevée de trois progestatifs, l’Androcur (acétate de cyprotérone), le Lutéran (acétate de chlormadinone, et le Lutenyl (acétate de nomegestrol).
Alors que des patientes ont dû se tourner vers des alternatives,
« il s’avérait nécessaire de savoir s’il existait un risque similaire avec d’autres progestatifs, selon diverses voies d’administration », explique l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans un communiqué. Le groupement Epi-Phare, alliance de l’Assurance maladie et de l’ANSM, publie ces jours-ci les résultats de leurs recherches dans la revue British Medical Journal (BMJ).
Un risque qui concerne des millions de femmes dans le monde
19 061 femmes âgées de 45 à 74 ans et opérées d’un méningiome entre 2009 et 2018 ont été incluses dans l’étude, et ont été comparées à 90 305 femmes témoins. Les scientifiques ont analysé leurs données et observé un risque 2 fois plus important de méningiome pour le Surgestone et 3,5 fois plus important pour le Colprone.
Enfin, le Depo Provera (acétate de médroxyprogestérone injectable), est lui associé à un risque 5,6 fois plus élevé d’être opéré d’un méningiome que la population générale.
https://twitter.com/EPIPHARE/status/1773264593462124685?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1773264593462124685%7Ctwgr%5E1aeae13b1d1d9c411c93d915a04f42f279b7bd4f%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.futura-sciences.com%2Fsante%2Factualites%2Fpilule-contraceptive-pilule-nouveaux-progestatifs-associes-tumeurs-cerveau-chez-femmes-83235%2F
Ces résultats avaient été rendus publics en France en juillet dernier, mais bénéficient cette fois-ci d’une visibilité internationale.
Une visibilité qui compte puisque 74 millions de femmes dans le monde sont traitées avec du Depo Provera — « souvent précaires, principalement dans les pays à bas niveau socio-économique ». En France, selon Le Parisien, seul 5 000 personnes seraient concernées.
À moins d’un an d’utilisation, l’étude ne montre aucun sur-risque pour ces trois progestatifs, si aucun autre progestatif à risque n’a été utilisé au préalable.
Quid des dispositifs « intra-utérins » au lévonorgestrel — Mirena, Donasert, Kyleena et Jaydess, très largement utilisés en France ? « Les résultats sont très rassurants et en faveur de l’absence de risque de méningiome ».
Une IRM cérébrale est recommandée tous les ans
À l’été 2023, l’ANSM a formulé ses premières recommandations pour éviter le risque de méningiome lié au Colprone, au Depo Provera et au Surgestone. Le Colprone peut être indiqué dans le traitement de la ménopause, les irrégularités du cycle, le syndrome prémenstruel et les mastodynies non sévères.
« L’intérêt à poursuivre le traitement doit être réévalué régulièrement (annuellement), notamment aux alentours de la ménopause, le risque de méningiome augmentant fortement avec l’âge ».
Concernant le Depo Provera, il ne doit être prescrit qu’en deuxième intention et n’est justifié que dans des cas très particuliers (intolérance à l’implant sous cutané ou au DIU, notamment).
Un traitement à minima et le moins longtemps possible
« Le traitement doit être prescrit à la dose minimale efficace avec une durée d’utilisation la plus courte possible », note l’ANSM. L’agence ajoute qu’une IRM cérébrale doit être réalisée en cas de signes évocateurs d’un méningiome : maux de tête, troubles de la vision, du langage, de la mémoire et de l’audition, nausées, vertiges, convulsions, perte de l’odorat, faiblesse ou paralysie.
« Le méningiome peut être unique ou multiple et sa croissance est lente.
Même si le plus souvent ces tumeurs sont bénignes, elles peuvent grossir et comprimer les structures neurologiques, ce qui nécessite un geste chirurgical de décompression ou d’exérèse, intervention qui n’est jamais anodine », explique l’ANSM.
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