«Contribution à la stratégie nationale portuaire», c’est le thème du forum organisé par les acteurs portuaires et du secteur privé. Hier, lors du premier panel, il était question d’échanger sur la «Vision du Sénégal hub industriel et logistique à l’horizon 2035». Occasion saisie par le Directeur général du Port de Dakar (Pad) afin de partager sa réflexion sur les changements à apporter pour faire du port le moteur de l’émergence.
Des acteurs portuaires et du secteur privé se réunissent depuis hier pour échanger sur la stratégie nationale portuaire. Il s’agit, au cours de cette rencontre, d’apporter des contributions à cette stratégie nationale. Intervenant sur le thème : «Vision du Sénégal hub industriel et logistique à l’horizon 2035», le Directeur général du Port autonome de Dakar (Pad) est revenu sur les paradigmes à changer afin que le port soit le moteur de l’émergence. A ce propos, soutient Aboubacar Sedikh Bèye, «c’est la logistique qui nous permettra d’ouvrir le Sénégal, d’ouvrir l’Afrique et de l’insérer dans les chaînes de valeur mondiales».
M. Bèye ajoute : «Le Port de Dakar a un client captif, l’économie du Sénégal, si l’économie marche, le port fait du volume, si ça ne marche pas, on ne fait pas de volume. C’est ça qu’il faut changer pour en faire un hub.» Pour le Dg du Pad, il est impératif de «passer d’un port de manutention à un port industrie». Dans cette même dynamique, M. Bèye a insisté sur la faiblesse des parts de marché du continent.
«3% c’est la part de marché de l’Afrique dans le commerce international, 3% c’est la part de marché de l’Afrique sur les Investissements directs étrangers. Ce sont plus de 1500 milliards, mais l’Afrique n’a pratiquement que 58 milliards. Quand on regarde les émissions de carbone, ce sont 3% ; cela veut dire qu’on ne transforme pas, on ne pollue pas», a-t-il déclaré. Pour lui, «notre équation c’est comment on passe de 3% du commerce international, 3% des Ide, à 10% du commerce international». Si on en croit Aboubacar Sedikh Bèye, c’est le changement que le Sénégal est en train d’amorcer avec notamment le Port de Ndayane. Selon lui, «c’est plus une industrie qu’un port, le port n’est qu’un accessoire, un outil».
Avec ce port, explique le Dg du Pad, ce sont «900 ha de zone industrielle pour permettre de faire venir la marchandise, au moins 98% dédiés à la marchandise». Et d’ajouter : «Il nous faut un écosystème portuaire bien organisé. Pourquoi continuer d’exporter de façon brute le coton ? Pourquoi on ne transformerait pas les minerais ? Cette zone a une vocation de transformation de produits africains, de création de valeur ajoutée pour faire de l’emploi, pour faire un Pib à deux chiffres en vue de résoudre l’équation de la pauvreté.»
A l’entame de son propos, le directeur du port de Dakar a donné des statistiques pour montrer qu’il est fondamental de repenser le modèle. «Les statistiques montrent qu’au Port de Dakar, 73% des conteneurs repartent vides, il n’y a que 27% qui repartent pleins. Pour les chargeurs, pour les transitaires, ça veut dire que le fret est extrêmement cher, les coûts des facteurs de production pour nos industries sont extrêmement chers et on n’est pas compétitif. Quand on n’est pas compétitif, on ne peut pas vendre à l’extérieur ; on continue d’importer», a-t-il regretté.
Le représentant du Conseil national du patronat (Cnp) à cette rencontre a insisté, quant à lui, sur la nécessité d’avoir recours aux nouvelles technologies et à la digitalisation de toutes les démarches. De même, Antoine Ngom a recommandé l’utilisation des technologies avancées pour réduire les délais, afin d’être performant et compétitif. «Seuls les ports intelligents peuvent tirer leur épingle du jeu. Il est donc nécessaire d’accorder une importance capitale à l’innovation», a-t-il préconisé.
lequotidien
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