Bourdonnements, sifflements, grincements… Les acouphènes sont générés spontanément dans la voie auditive. Souvent, ils sont liés à un traumatisme acoustique ou au vieillissement. Mais quels sont les facteurs de risque et existe-t-il des solutions pour les soulager ? Sciences et Avenir fait le point.

Vous êtes vous déjà demandé d’où venaient les acouphènes ? Il s’agit d’un mécanisme compensatoire que le cerveau met parfois en place en cas de déficience auditive notamment. En France, plus de 8 millions de personnes en souffrent, soit un adulte sur 10. Ils peuvent apparaître dans une oreille, ou bien les deux, et même au sommet du crâne.

Le bruit peut survenir brutalement, suite à un événement comme un concert ou un épisode de stress, ou s’installer progressivement.

Toutefois, « avoir des acouphènes de façon épisodique, notamment dans une atmosphère très silencieuse, n’a rien d’anormal. C’est la répétition de la perception de ce bruit qui retentit sur la qualité de vie et qui incite à consulter », précise le site de l’Assurance Maladie. Au-delà de trois mois, on parle d’acouphène chronique.

Comprendre les acouphènes
Dans la majorité des cas, les acouphènes sont associés à des troubles auditifs : traumatismes acoustiques répétés ou baisse de l’audition liée à l’âge, qu’on appelle presbyacousie. Ils peuvent également survenir à cause de maladies du système auditif : bouchons de cérumen, otite ou encore maladie de Ménière, à l’origine de vertiges et d’une surdité progressive.

Mais d’où viennent les acouphènes ?

« Les acouphènes sont associés à des pertes d’audition dans environ 80 % des cas, rappelle le site de l’Inserm. Face à une déficience auditive, le cortex auditif met en place des mécanismes de compensation qui peuvent devenir aberrants. » Le système nerveux central interprète alors cette activité anormale le long de la voie auditive, comme des sons, sans qu’ils aient été générés par notre environnement.

Par ailleurs, les acouphènes peuvent provoquer de l’anxiété, voire même une dépression.

« Un cercle vicieux peut alors s’instaurer : l’anxiété générée par les acouphènes amplifie leur perception et aggravent la gêne », rapportent les chercheurs de l’Inserm. En effet, émotions et acouphènes sont étroitement liés.

Le cortex auditif, petite partie du cerveau située dans le lobe temporal, interagit avec une région du cerveau très impliquée dans les émotions : l’amygdale. Les sons désagréables y sont traités comme des signaux d’alerte et engendrent alors une réaction de stress. Cependant, les acouphènes diminuent souvent avec le temps, c’est ce qu’on appelle le processus d’habituation.

Les traumatismes acoustiques, facteurs de risque
« Le risque d’acouphène augmente avec l’âge et avec la perte auditive qui lui est généralement associée », peut-on lire dans le dossier de l’Inserm consacré aux acouphènes. En moyenne, les acouphènes apparaissent autour de 47 ans. Mais l’exposition au bruit au cours de la vie est également un facteur de risque important, et en particulier les traumatismes acoustiques.

En effet, les niveaux sonores élevés provoquent des lésions irréversibles de l’oreille interne.

Ils détruisent les cellules ciliées qui s’y trouvent et dégradent les fibres nerveuses. La perte auditive que cela entraîne, induit alors des mécanismes compensatoires du cortex auditif : les acouphènes.

Quel est le poids économique des acouphènes en France ?

Une nouvelle étude du JNA (Journée nationale de l’audition) et de France acouphènes révèlent une errance médicale de sept ans en moyenne entre l’apparition des premiers symptômes et la prise en charge du patient.

Pendant ce temps, « les personnes cherchent des solutions alternatives pour répondre à leur souffrance : là où il y a des restes à charge », rapportent les auteurs de l’étude.

Les associations soulignent ainsi la « double peine » que connaissent les personnes atteintes d’acouphènes : d’une part la souffrance physique et morale, et le coût de celle-ci. « Pour réduire cette double peine ainsi que les effets délétères d’un déclenchement tardif de la prise en charge médicale, l’association France Acouphènes appelle à la mise en place d’un panier de soins et à la reconnaissance des acouphènes parmi les handicaps invisibles invalidants ».

Traitement des acouphènes : où en est la recherche ?
Aujourd’hui, il n’existe aucun traitement curatif pour les acouphènes. « La prise en charge consiste actuellement à les masquer pour réduire la gêne qu’ils provoquent et améliorer le vécu des patients », indique l’Inserm. Tout d’abord, un examen est nécessaire pour déterminer s’il y a une perte auditive.

Dans ce cas, la mise en place d’une prothèse peut provoquer une disparition des acouphènes : « réhabiliter l’audition permet de mieux percevoir l’environnement sonore et donc de masquer le bruit fantôme », expliquent les chercheurs de l’Inserm.

Par ailleurs, il existe des TCC (thérapies cognitivo-comportementales) destinées à modifier les perceptions du patient. Leurs effets à moyen et long termes sont attestés par plusieurs études. Pour favoriser l’habituation, les thérapies sonores utilisent quant à elles des « masqueurs d’acouphènes », des prothèses auditives qui diffusent un bruit blanc permanent mais modéré.

A l’heure actuelle, la recherche avance sur plusieurs façons de traiter les acouphènes.

En amont, améliorer la prise en charge des patients atteints de traumatismes acoustiques permettrait de limiter l’apparition des acouphènes par la suite. Une fois qu’ils se sont installés, plusieurs stratégies de neuromodulation pourraient soulager les patients. Il s’agit de moduler l’activité du système nerveux. Par exemple, la stimulation électrique de la langue, associée à une thérapie sonore, montre des résultats satisfaisants.

Sur une cohorte de plus de 300 participants, 70% ont ressenti une diminution de la sévérité de leurs acouphènes.

D’autres techniques sont en cours d’étude, notamment la stimulation du nerf vague, au niveau du cou, mais aussi la stimulation électrique transcrânienne.

L’exploration de ces pistes représente un espoir considérable pour patients et chercheurs, d’autant plus que, jusqu’à ce jour, les approches médicamenteuses se sont soldées par des échecs ou des abandons.

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