Chaque année, des millions de personnes sont confrontées au diagnostic de cancer. Les variantes les plus mortelles de cette maladie présentent des taux de survie particulièrement bas. Pourquoi, malgré les avancées médicales, n’existe-t-il toujours pas de solution unique pour vaincre tous les cancers ?
Le point sur les réalités complexes derrière cette question cruciale.
Face à la diversité des cancers, la recherche médicale progresse mais se heurte à une réalité fondamentale : il n’existe pas une mais des centaines de maladies cancéreuses, chacune avec ses caractéristiques propres. Bien que les taux de mortalité aient diminué de 33 % depuis 1991, certains types de cancer conservent des pronostics particulièrement sombres.
Le caractère mortel d’un cancer se mesure principalement par son taux de survie à cinq ans. Cette statistique représente le pourcentage de patients qui survivent pendant au moins cinq ans après leur diagnostic, comparé à la population générale du même âge.
Le cancer du pancréas occupe la première position des cancers les plus mortels avec un taux de survie à cinq ans de seulement 12,8 %.
Pour les patients diagnostiqués à un stade avancé, ce taux chute dramatiquement à 1 %. La plupart des personnes atteintes d’un cancer du pancréas de stade IV ne survivent qu’environ un an après le diagnostic.
Le cancer de l’œsophage présente un taux de survie de 21,6 %, tandis que les cancers du foie et des voies biliaires intrahépatiques affichent un taux combiné de 21,7 %. Le cancer du poumon et des bronches, responsable du plus grand nombre de décès par cancer dans le monde, a un taux de survie de 26,7 %.
Voici le classement des dix cancers les plus mortels selon les données du programme Seer pour les cas diagnostiqués entre 2014 et 2020 :
- cancer du pancréas (12,8 %) ;
- cancer de l’œsophage (21,6 %) ;
- cancer du foie et des voies biliaires (21,7 %) ;
- cancer du poumon et des bronches (26,7 %) ;
- leucémie myéloïde aiguë (31,9 %) ;
- cancer du cerveau et du système nerveux (33,4 %) ;
- cancer de l’estomac (36,4 %) ;
- cancer des ovaires (50,9 %) ;
- myélome (61,1 %) ;
- cancer du larynx (61,5 %).

Plusieurs facteurs contribuent à la mortalité élevée de certains cancers. Le tabagisme demeure un facteur de risque majeur pour les cancers du poumon, du pancréas et du larynx.
L’obésité augmente les risques de développer des cancers du pancréas, de l’estomac et du cerveau, tandis que la consommation excessive d’alcool accroît les risques de cancers de l’œsophage et du larynx.
Les infections virales jouent également un rôle significatif, notamment pour le cancer du foie.
Les infections chroniques par les virus de l’hépatite B et C constituent les principaux facteurs de risque à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, plus de 107 000 nouveaux cas d’hépatite C chronique ont été signalés en 2021.
Le défi majeur de nombreux cancers mortels réside dans leur détection tardive.
Le cancer du pancréas, par exemple, ne manifeste souvent des symptômes qu’à un stade avancé, lorsque les options thérapeutiques deviennent limitées. De même, les cancers ovariens sont fréquemment diagnostiqués tardivement en raison de symptômes vagues et non spécifiques.
Pourquoi une « cure miracle » reste inaccessible
L’absence d’un remède universel contre le cancer s’explique par plusieurs facteurs fondamentaux. Au départ, le cancer ne constitue pas une maladie unique, mais regroupe plus de 200 types différents, chacun nécessitant des approches thérapeutiques spécifiques.
Rebecca Siegel, directrice scientifique de la recherche en surveillance du cancer à l’American Cancer Society, souligne que « nous aurions besoin de centaines de remèdes différents pour guérir tous les cancers ».
Deuxièmement, la définition même de « guérison » pose problème en oncologie.
Même lorsqu’un traitement élimine toutes les cellules cancéreuses détectables, certaines peuvent rester en dormance et échapper au système immunitaire. C’est pourquoi les médecins préfèrent parler de « rémission » plutôt que de « guérison ».
Troisièmement, chaque cancer possède une signature moléculaire unique. Deux patients atteints du même type de cancer peuvent répondre différemment aux mêmes traitements en raison de variations génétiques et biologiques individuelles.
Malgré ces défis, des progrès significatifs ont été réalisés.
Les avancées en immunothérapie, en thérapies ciblées et en médicaments biologiques comme les anticorps monoclonaux ouvrent de nouvelles perspectives pour les patients. En 2024, la FDA a approuvé une nouvelle chimiothérapie de première intention pour le cancer du pancréas, la première depuis une décennie.
Des avancées prometteuses malgré les obstacles
Les statistiques montrent une diminution constante des taux de mortalité par cancer depuis 1991. Cette baisse de 33 % représente environ 3,8 millions de décès évités. Ce progrès s’explique principalement par la réduction du tabagisme, l’augmentation des dépistages pour les cancers du sein, colorectal et de la prostate, ainsi que par l’amélioration des traitements.
Les recherches actuelles se concentrent sur le développement de thérapies personnalisées basées sur le profil génétique spécifique de chaque tumeur.
L’immunothérapie, qui mobilise le système immunitaire du patient contre les cellules cancéreuses, montre des résultats prometteurs pour certains cancers auparavant considérés comme incurables.
L’avenir du traitement du cancer réside probablement dans une approche multidisciplinaire combinant chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie et thérapies ciblées, adaptées au profil unique de chaque patient et de sa tumeur. Si un remède miracle universel reste improbable, les avancées continues de la recherche continuent d’améliorer les perspectives pour de nombreux patients atteints de cancer.
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