Dans un continent où tout est prioritaire, le Président Macky Sall, dans ses habits de président de l’Union africaine, s’est attelé à résoudre de vieilles querelles en latence, tout en s’attaquant à de nouvelles urgences. Comme Hercule et ses Douze travaux.

Quand Macky Sall prenait la présidence tournante de l’Union africaine, pour un an, le 3 février 2022, il avait un agenda et des objectifs qu’il s’était fixés pour le mandat que venaient de lui confier ses pairs africains. Mais il n’a fallu que très peu de temps au chef de l’Etat sénégalais pour se rendre compte qu’il devrait faire avec les dures réalités du continent. Si sa politique de médiation de certains conflits parmi les plus anciens d’Afrique lui a valu le sobriquet de «Pompier africain», à écouter sa ministre des Affaires étrangères hier, on avait le sentiment que son mandat à l’Ua pouvait équivaloir à des travaux d’Hercule.

Devant un parterre de journalistes hier, la ministre des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, a fait un bref état des lieux du continent à l’arrivée aux affaires de Macky Sall : «Des questions sécuritaires des plus prégnantes au Sahel, dans la Corne de l’Afrique, dans le Golfe de Guinée ou dans la région des Grands lacs.» Questions auxquelles il fallait ajouter les difficultés économiques qui empêchent l’Afrique d’amorcer son développement. Difficultés parmi lesquelles on ne peut passer sous silence le fait que 600 millions d’Africains éprouvent des difficultés à avoir accès à l’électricité.

Macky Sall a donc dû rapidement s’atteler à résoudre la question du financement de l’économie du continent. Ce fut le sens de son appel à l’annulation de la dette africaine, c’est l’objectif visé par son plaidoyer pour la réallocation des Droits de tirage spéciaux (Dts) du Fmi. Sur un territoire où les besoins urgents sont estimés à 600 milliards de dollars, ces Dts, injectés d’un seul coup, boosteraient fortement des économies qui peinent à accéder au financement pour des raisons qu’elles ne maîtrisent pas toujours.

Dans un contexte de pandémie mondiale de Covid-19, Macky Sall, avec l’appui de ses homologues Kagamé du Rwanda, Akuffo Addo du Ghana, Ramaphosa d’Afrique du Sud, a pu obtenir que soient implantés en Afrique, des laboratoires de production de vaccins de dernière génération, dans des conditions équivalentes à celles que l’on trouve dans les pays les plus développés. Et le Sénégal, à son niveau, est très avancé sur ce point.

L’autre crise dont Macky Sall a dû se saisir le plus rapidement possible, a été celle de l’Ukraine, parce que le continent en a été l’une des victimes collatérales. La guerre avec la Russie, et les sanctions occidentales qui en ont découlé, ont privé les pays africains des céréales dont la Russie et l’Ukraine sont les principales productrices au monde. Pire encore, les engrais et les fertilisants provenant de ces mêmes zones, sont devenus inaccessibles pour beaucoup. Au point qu’une dizaine de pays africains ont atteint un stade où ils ont été recensés comme pouvant connaître très rapidement des émeutes de la faim.

Le président de l’Ua a donc pris son bâton de pèlerin, et flanqué du président de la Commission africaine, est allé plaider auprès du chef de l’Etat russe, la libération des stocks de céréales en provenance d’Ukraine. «On peut dire que le dirigeant russe, Vladimir Poutine, a tenu sa promesse et que les bateaux de céréales, qui ont quitté le port d’Odessa quelque temps après la visite du Président Macky Sall, sont la suite de cette rencontre de Sotchi», a affirmé Mme Tall Sall.

Le voisinage immédiat n’a pas été négligé, avec le Mali où le chef de l’Etat s’est rendu pour, entre autres, tenter d’obtenir la libération des 49 militaires ivoiriens incarcérés. Et le dossier serait en bonne voie, assure la Maese. Tout comme Macky Sall a reçu des garanties quant au déroulement du processus de Transition, et de son échéance.

Les contraintes de la réalité ont obligé Macky Sall, à mi-parcours de son mandat, à donner l’impression de se disperser un peu, au point que la question a été posée à Aïssata Tall Sall de savoir s’il ne faudrait pas prolonger le mandat du président de l’Ua, pour lui permettre d’achever certaines de ses entreprises. Ce à quoi la Maese a répondu que le plus important n’est pas nécessairement de finir, mais de commencer. «L’ambition du Président Macky Sall est de mettre en place un processus tellement irréversible que ceux qui viendront après lui seront obligés de le poursuivre pour régler ces problèmes. Et c’est sur cela qu’il est en train de travailler, à mi-parcours de son mandat.»
lequotidien

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