Le candidat Amadou Bâ très peu habitué au terrain va devoir s’expliquer sur des actes posés par Macky Sall. Mais il est surtout attendu sur le renchérissement des prix notamment celui de l’électricité et la vague de frustrations née d’une candidature « imposée ».

Le Premier ministre candidat Amadou Bâ n’est plus dans le confort. Depuis le jeudi dernier, Amadou Bâ est en train de tâter le terrain à l’image des équipes de football cherchant un premier contact avec la pelouse de leur confrontation. Sous la chaleur torride du mois d’octobre, le candidat de Benno Bokk Yaakaar sillonne le nord du pays. Le samedi dernier, il était à Sakal, au centre de Louga.

Il y était, sans doute, pour la première fois. Habitué au luxe et calme des bureaux de Dakar, Amadou Bâ n’est plus sur le même terrain.

Le chef de l’Etat qui l’a choisi pour porter le flambeau de BBY à la présidentielle de 2024 est conscient des limites du candidat. Il va porter le combat de Macky Sall alors que le chef de l’Etat n’est plus un acteur en février 2024. Amadou Bâ qui cherche à se faire élire n’a jusque-là décliné aucun point de son programme.

Toujours aux basques de son mentor, il ne gênera peutêtre pas à dire, s’il ne l’a déjà fait, être porteur du projet de Macky Sall. Et sur ce terrain de la défense et l’illustration du « génie » de Macky Sall, il n’y a vraisemblablement que des écueils à surmonter.

En premier la flambée du prix de l’électricité qui a eu raison de tous les prédécesseurs de Macky Sall. En octobre 1992, un mouvement social du SUTELEC plonge le pays dans le noir pendant trois jours. Une coupure d’eau s’en suit avec l’interruption des pompes de la SONES, la Société Nationale des Eaux du Sénégal.

Une nouvelle grève de l’électricité survient quatre ans plus tard, en 1998. Essoufflé par la dévaluation du FCFA de 1994, le régime socialiste au pouvoir depuis 1960 envisage la privatisation de la SENELEC. Les travailleurs s’y opposent par une grève de zèle qui replonge le pays comme en 1992 dans le noir.

Deux ans après, l’alternance met fin à 40 ans de pouvoir socialiste. Wade fait deux mandats. Mais en juin 2011, éclate à Dakar de violentes émeutes contres les coupures d’électricité. On se souvient encore de cette apparition à la télévision nation du directeur général de la SENELEC flanqué de deux ministres.

« C’est une situation difficile. La SENELEC souhaite présenter ses excuses à l’ensemble de la population », déclare-t-il. Puis, il engage une explication liant les coupures par les pénuries de carburant avant d’assurer que la société travaillait à rétablir une situation normale d’ici la fin de l’année.

La colère des Dakarois est manifeste. Dix agences de la SENELEC sont détruites à Dakar et ses banlieues, ainsi qu’à Keur Massar, Mbour et Thiès, villes situées à l’est de la capitale. On est loin de ces coupures d’électricité, mais le prix du courant est aujourd’hui hors de portée pour nombre de ménages qui accusent le système « Woyofal »,

(alléger, en ouolof), un mode de prépaiement. Figure de proue de la contestation, la journaliste Oumy Ndour a remis un mémorandum à la Commission de régulation du secteur de l’énergie. Les signataires veulent un moratoire sur les paiements de factures et exigent de la SENELEC une tarification plus transparente.

D’après le journal Point Actu, Amadou Bâ devra donc s’expliquer sur la hausse du prix de l’électricité et une flambée annoncée du prix du pain. Il aura également à endosser la colère des frustrés. Plusieurs militants de la première heure de l’Alliance pour la République ruminent leur colère pour n’avoir jusque-là « goûté » aux délices du pouvoir.

Ces frustrés attaquent régulièrement des transhumants bien servis alors qu’à les en croire, on peut bien douter de leur apport « au parti ».

Dans les rangs des frustrés on compte ceux-là qui sont hostiles à la candidature d’Amadou Bâ. Quelques-uns comme Mamadou Diao alias Mame Boye, Mahammed Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et Aminata Assome Diatta ont défié Macky Sall en se lançant à la présidentielle.

Le candidat de BBY est donc attendu sur le discours qu’il va développer pour contrer la vague de mécontentement et parfois sur des actes posés par son mentor. Il en est ainsi des faveurs faites aux chefs de villages qui ont vu leur émolument porté à 50 mille FCFA.

leral

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