Presque absents des programmes des candidats à la Présidentielle, les artistes doivent également souffrir de voir leurs œuvres utilisées à tout-va et sans contrepartie financière. Hier, en conférence de presse, le Comité de veille des artistes et les responsables de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) ont fait une plaidoirie afin de ramener les candidats à plus de responsabilité.

Dans cette campagne présidentielle, les programmes des candidats ne laissent pas beaucoup d’espace aux artistes. En conférence de presse hier, le Comité de veille des artistes et les responsables de la Société sénégalaise du droit d’auteur et droits voisins (Sodav) ont dénoncé cet état de fait.

Selon leur constat, la culture n’est nullement une «priorité» pour les 19 candidats à la Présidentielle du 24 mars. «La campagne a démarré depuis plus de 10 jours.

Les 19 candidats ont chacun fait une offre politique aux différents segments socio-économiques de la Nation pour gagner le suffrage des Sénégalais, mais hélas, comme à l’accoutumée, la culture est la grande absente. Sur les dix-neuf programmes, nous constatons qu’il n’y a pas de politique culturelle claire proposée par la majeure partie des candidats.

Ceci nous fait dire que le secteur de la culture n’est pas une priorité pour les candidats alors qu’il constitue l’un des greniers de création d’emplois.

La culture aujourd’hui, surtout en Afrique, est considérée comme un facteur-clé de développement, en témoignent les données 2022 de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (Ifpi) sur le streaming, qui mettent l’Afrique en tête du peloton mondial, en plus du rayonnement extraordinaire du cinéma africain et des autres formes», dénonce Gacirah Diagne à travers une déclaration lors de la conférence de presse dans les locaux de la Sodav.

«On s’est amusés à prendre tous les programmes des candidats où on a extrait la partie où il y a la culture.

Il y en a qui ne sont pas mal, mais ils sont restés dans la généralité. Ce que je constate en tout cas, c’est que la culture n’a jamais été une priorité pour les politiques à mon avis. Je pense que pour eux, la culture ne peut pas constituer un levier de développement», déplore également la présidente du Conseil d’administration de la Sodav, Ngoné Ndour.

Paiement des redevances
Autre constat des artistes, c’est que certains candidats utilisent les œuvres des artistes sans pour autant payer la redevance. Aly Bathily, directeur de la Sodav, se fait l’avocat de ces artistes lésés dans leurs droits.

«Même si l’autorisation est préalable, la redevance peut être acquittée avant, pendant ou après la campagne», dit-il. M. Bathily remonte la machine de l’histoire pour citer des candidats qui se sont acquittés de la redevance due aux artistes.

«Comme je dis, 2012 a été un exemple où Benno Siggil Senegaal avait payé, Benno avec Tanor avait payé, la Coalition Idrissa Seck avait payé et le mouvement M23 avait payé.

Pourquoi ça doit être l’unique exemple de l’histoire du Sénégal», rappelle le Dg de la Sodav. Quid des artistes qui ont réalisé des singles pour des candidats durant cette campagne électorale ? M. Bathily d’apporter des éclairages dans ce sens.

«Si c’est le candidat qui sollicite l’artiste pour que celui-ci conçoive une œuvre, ça devient une commande.

Et la loi 2008 est très claire en ce qui concerne les œuvres exécutées dans le cadre d’une commande. Cela n’absout pas le droit d’auteur pour l’artiste et le fait que le candidat qui a sollicité l’artiste lui ait versé un cachet ne signifie pas qu’il lui a donné le droit d’auteur. Parce qu’il y a une différence fondamentale entre ce cachet et le droit d’auteur», dissèque Aly Bathily.

Un dernier acte de gouvernance demandé à Macky Sall
Durant ce face-à-face avec la presse, les artistes ont partagé leur principale attente concernant le prochain Président du Sénégal : qu’il prenne en compte le secteur culturel à travers une politique culturelle.

S’ils reconnaissent que des efforts ont été faits par le Président Macky Sall dans le secteur de la culture, les artistes demandent à ce dernier «solennellement» de concrétiser la promesse faite lors du Fesnac, de mettre en œuvre la rémunération pour copie privée, avant son départ du pouvoir.

Les artistes, à travers Ngoné Ndour, estiment que le Président Macky Sall «a le temps pour réaliser cela».

lequotidien

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