Deux mois après l’élection présidentielle, la Mission d’observation électorale de l’Union Européenne a présenté hier, jeudi 30 mai 2024, son rapport final sur le dit scrutin. Ce rapport final contient les principales observations sur l’élection, ainsi que les recommandations prioritaires pour les scrutins futurs.

Le jour du scrutin présidentiel du 24 mars, la mission de l’Union européenne a observé 406 bureaux de vote dans les 40 départements des 14 régions du Sénégal.

Pour elle, l’élection présidentielle sénégalaise a été marquée par une crise majeure provoquée par l’interruption du processus électoral du 3 février au 6 mars.

Mais finalement, le Sénégal a surmonté cette crise sans précédent « grâce à l’attachement des Sénégalais à l’Etat de droit et à la résilience des institutions sénégalaises ». Selon les observations de la mission de l’UE, le scrutin a été bien organisé par les autorités électorales et s’est déroulé dans le calme et dans une ambiance paisible et ordonnée.

En effet, la transparence et la crédibilité de l’élection ont été renforcées par une observation indépendante et par des organisations de la société civile sénégalaise expérimentées, a déclaré la Cheffe d’observatrice Mme Malin Björk.

Qui plus est, « La capacité du ministre de l’intérieur à mettre en œuvre les préparatifs techniques de manière efficace a été largement reconnue ».

« Cependant, il faut soulever quelques domaines qui nécessitent des renforcements, notamment sur la transparence. Ainsi, a relevé Malin Björk , des informations clés sur le fichier électoral ou la carte n’ont pas été partagées avec diverses parties prenantes et les citoyens soulignant un besoin accru de transparence de processus électoral.

  « Accroître la transparence nous semble important pour renforcer la crédibilité du processus et l’adhésion des électeurs », a-t-elle souligné.

Sur ce, la MOE UE suggère ainsi que les organes de gestion et de supervision des élections publient sans délais et en ligne les informations nécessaires dans des formats facilement accessibles. 

Ainsi, la Mission rappelle de plus que la publication en temps utile des résultats provisoires et définitifs, bureau de vote par bureau de vote, fait partie des bonnes pratiques internationales.

Par rapport à l’inclusion, les audits récents du fichier ont exposé que près de 50% des jeunes électeurs de 18 à 30 ans n’étaient pas inscrits sur les listes électorales.

Une tendance qui s’est confirmé lors de cette élection du 24 mars 2024. Alors, il convient de prendre des mesures spécifiques afin d’augmenter le taux d’inscription et de participation des jeunes.

Car cela constitue un élément clé pour les élections à venir.

En conséquence, la mission propose de faciliter l’inscription des électeurs, en particulier celle des jeunes adultes, par exemple via une inscription automatique », a fait savoir la cheffe observatrice.

Par ailleurs, la MOE UE rappelle que la liberté d’expression et l’accès à l’information sont essentiels pour un processus électoral démocratique.

Dans ce contexte, la campagne électorale s’est globalement tenue dans une atmosphère sereine mais des restrictions sérieuses à la liberté d’expression et de la presse se sont poursuivies pendant la période pré-électorale.

« Les suspensions ponctuelles de l’internet mobile décidées par le gouvernement, ou encore la subsistance dans le Code pénal de peines d’emprisonnement pour les journalistes, constituent des  freins indésirables pour l’accès à l’information en période électorale.

Donc, la Mission suggère ainsi d’abroger ou d’amener les dispositions qui sanctionnent les « fausses nouvelles » et de les harmoniser avec les normes internationales afin de garantir la liberté d’expression », a noté Malin Björk.

Concernant le système de parrainage, 21 candidats ont passé le filtrage du parrainage dans une procédure de validation mené par le Conseil constitutionnel et contesté par de nombreux candidats.

La dépendance excessive de ce système de validation de candidature, via le Conseil constitutionnel, a créé une rupture dans l’égalité parmi les candidats, a souligné la Cheffe observatrice.

Qui plus est, a relevé Malin Björk , la campagne électorale s’est déroulée sur une période réduite de 14 jours au lieu de 21 jours prévus par la loi électorale.

Cela a limité pour les candidats la possibilité de battre campagne sur toute l’étendue du territoire sénégalais.

Pour finir, la MOE UE a formulé un total de 22 recommandations pour les prochains processus électoraux, dont huit sont jugées prioritaires notamment pour ce qui est de la « nomination aux organismes électoraux du processus, l’inscription des électeurs, du parrainage des candidats, de la publication des résultats, du financement de la campagne, de l’accès à l’information, de la liberté d’expression ».

sudquotidien

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