Selon le président de la Commission de la Carte nationale de presse, à partir du 1er septembre 2022, il sera difficile voire impossible pour les journalistes, de faire leur travail sans la Carte nationale de presse. Même la carte de presse, à elle seule, ne suffit pas pour avoir une presse assainie. Explications.

A compter du 1er septembre 2022, les dispositions du Code la presse seront appliquées. Et seuls les détenteurs de la Carte nationale de presse pourront se prévaloir de la qualité de journaliste ou de technicien des médias. Le président de la Commission de la Carte nationale de presse, Daouda Mine, qui a fait cette annonce ce mercredi à l’occasion de la cérémonie de remise de nouvelles cartes de presse, rappelle que les dépôts avaient démarré depuis le 15 mars 2021, soit 18 mois plus tôt. Joint par téléphone par Le Quotidien hier,

M. Mine rappelle qu’en Droit, on dit que «nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude». Et c’est pour confier que pour le moment, rien n’est prévu au-delà du 1er septembre 2022 pour ceux qui n’ont pas encore déposé. «Il n’y a pas de dispositions spéciales les concernant et ceux qui ont déposé tardivement vont tout simplement attendre que la Commission puisse statuer sur leurs dossiers», dit-il. «La loi nous dit qu’après dépôt, nous avons 3 mois pour délibérer. Donc si la date d’exigibilité, c’est le 1er septembre, quelqu’un qui attend jusqu’au mois de juin ou juillet pour déposer ne peut pas exiger que la Commission lui donne sa carte avant le 1er septembre», a fait savoir Daouda Mine.

Selon lui, la question se pose sous l’angle du Droit. Aujourd’hui, dit-il, détenir la Carte nationale de presse donne un certain nombre de privilèges aux journalistes. Mais la loi ne dit pas non plus que l’absence de carte vous dénie le statut de journaliste. «Nous n’avons pas ce droit mais la loi dit que les détenteurs de la Carte nationale de presse peuvent accéder aux sites où ils peuvent chercher des informations. Si vous n’avez pas votre Carte nationale de presse, les responsables de ces lieux peuvent vous empêcher d’y accéder parce que seule la Carte nationale de presse pourra prouver que vous êtes journaliste ou technicien des medias. Maintenant quelqu’un est libre de dire qu’il n’a pas besoin de Carte nationale de presse. Mais lorsqu’il devra descendre sur le terrain, il peut avoir des problèmes pour accéder à certaines informations», a expliqué Daouda Mine.

Assainir la presse
L’objectif de cette opération, c’est d’assainir la presse. «Nous jouons notre partition mais les autres également doivent jouer le jeu pour qu’on puisse arriver à cela. La carte de presse, à elle seule, ne suffit pas pour avoir une presse assainie», précise-t-il avec clarté. Avant de poursuivre : «Jouer notre partition, c’est faire en sorte que seuls ceux qui répondent aux critères puissent avoir une Carte nationale de presse. Nous délivrons la Carte nationale de presse aux ayants droit, nous faisons en sorte que la carte soit sécurisée et nous mettons les logiciels à la disposition de toutes les organisations qui en formuleront la demande pour pouvoir vérifier l’authenticité de ces cartes. Maintenant le contrôle, c’est au niveau du terrain. Les gendarmes, les policiers, les organisateurs des manifestations, ce sont eux qui doivent jouer le jeu. Mais toute la corporation également doit s’y mettre pour qu’on puisse arriver à cet assainissement-là.»

Conditions pour l’obtention de la carte…
Quant à l’obtention de la Carte nationale de presse, Daouda Mine rappelle que deux conditions sont nécessaires. D’abord, dit-il, il faut être titulaire d’un diplôme de journalisme reconnu par l’Etat du Sénégal, mais également travailler dans une entreprise de presse. L’autre critère, c’est être journaliste et travailler dans une entreprise de presse. Autre précision, selon Daouda Mine, ceux qui ne répondent pas aux deux critères mais ont la licence et 2 ans d’expérience ou qui ont capitalisé 10 ans d’expérience sans être diplômés, devront passer par la validation des acquis de l’expérience. «On les convoque, ils viennent et font face à un jury et nous allons voir s’ils sont aptes à la pratique journalistique et si nous estimons qu’ils sont aptes, nous délivrons des cartes nationales de presse», a indiqué M. Mine.

Le problème de la presse en ligne
Rappelant tous les critères d’une entreprise de presse en ligne et les avantages de la Carte nationale de presse, M. Mine révèle qu’aujourd’hui, près de 200 sites (presse en ligne) existeraient au Sénégal. Seulement, au ministère de la Culture et de la communication, seule une trentaine de sites sont enregistrés. «Aujourd’hui, si vous travaillez dans un site internet qui n’est pas considéré comme une entreprise de presse, vous ne pouvez pas obtenir une Carte nationale de presse», a-t-il précisé tout en faisant la différence entre une entreprise de presse et un organe de presse. Pour le site internet, dit-il, n’importe qui peut créer son organe de presse parce que c’est comme quelqu’un qui a son compte YouTube. Il faut noter qu’à ce jour, la Commission de la Carte nationale de presse (Ccnp) a enregistré 1522 demandes. Plus de 1400 ont été examinées, 794 validées, 696 cartes sont imprimées et délivrées aux ayants droit et 98 sont encore en production. Toutefois, la durée de validité de la nouvelle Carte nationale de presse est de 3 ans. Et le détenteur est con­traint au strict respect des règles d’éthique et de déontologie. Tout manquement à ces règles pouvant entraîner le retrait temporaire ou définitif de la carte, avertit le président de la Commission, Daouda Mine.

lequotidien

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