Les troubles du spectre de l’autisme touchent environ 7 500 naissances chaque année. Une prise en charge précoce de l’autisme permet d’améliorer considérablement les chances de développement et d’intégration sociale de l’enfant.
Il est donc primordial de détecter dès que possible les signes de l’autisme pour agir rapidement. Du retard moteur à l’absence de babillage, chaque détail compte. Rainaldo Fourn, psychologue spécialisé dans la prise en charge des TSA, nous explique comment reconnaître les premiers signes de l’autisme chez les jeunes enfants.
Trouble du spectre autistique : qu’est-ce que c’est ?
Le trouble du spectre autistique (TSA) est la dénomination donnée à l’autisme dans le 5e exemplaire du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5).
Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental, ce qui signifie qu’il affecte le développement neuronal du cerveau dès la naissance. Le trouble du spectre autistique affecte la communication, l’interaction sociale, les comportements et les intérêts de l’individu. Rainaldo Fourn, psychologue spécialisé dans la prise en charge des TSA.
De cause encore mal connue, il est aujourd’hui établi que plusieurs centaines de gènes prédisposent au handicap. Si ces gènes ne suffisent pas à développer le TSA, ils sont considérés comme des facteurs de risque de le développer, lorsqu’ils sont associés à d’autres facteurs environnementaux encore mal connus.
Les personnes atteintes de TSA peuvent présenter des caractéristiques très variées, ce qui explique l’usage du terme « spectre ». « Mais l’autisme se manifeste par ce que l’on appelle la diade autistique, qui englobe : d’une part une altération de la communication et des interactions sociale, et d’autre part la présence de comportements répétitifs et d’intérêts restreints », résume le psychologue.
Signes précoces : à quel âge apparaissent les premiers signes d’autisme ?
Les premiers signes de l’autisme peuvent apparaître dès les premiers mois de vie, mais ils sont souvent subtils et ne permettent pas encore le diagnostic du handicap. « Ils deviennent plus évidents aux alentours de 18 mois, âge auquel le diagnostic peut être posé », précise le spécialiste.
Il faut toutefois noter que chaque enfant est unique et que l’âge d’apparition des signes peut varier. C’est la constatation de plusieurs symptômes chez un tout jeune enfant qui doit mettre la puce à l’oreille de ses parents ou de son entourage proche.
Comportement autistique : quels sont les symptômes chez le jeune enfant ?
Les signes qui peuvent être observés précocement, dès les premiers mois de vie sont :
_l’absence ou l’altération du contact oculaire : pas de regard dans les yeux, regard fuyant…
_l’absence d’attention conjointe : « c’est la capacité qu’a un bébé à regarder un objet et à s’assurer que l’adulte en face regarde le même objet que lui », détaille le psychologue,
_l’évitement du contact physique : le bébé pleure quand il est dans les bras d’un adulte,
_l’absence de pointage : le pointage désigne la capacité d’un bébé à nous regarder et à pointer du doigt quelque chose,
_l’absence de babillage à 12 mois,
_l’absence de sourire social, qui apparaît généralement dès 3-4 mois,
_l’absence de réponse à son prénom malgré une audition évaluée correcte,
_le défaut d’ajustement postural : « le bébé est soit très mou soit très raide : on dit qu’il est hypertonique ou hypotonique », explique Rainaldo Fourn.
Comment reconnaître et détecter l’autisme léger chez le bébé ?
Pour reconnaître et détecter l’autisme léger, aussi appelé trouble du spectre autistique (TSA) de niveau 1, il est indispensable d’être très attentif à certains comportements du bébé. L’autisme léger se manifeste essentiellement par un désintérêt pour les personnes ou une indifférence au monde extérieur.
Lorsqu’il commence à jouer, les jeux en solitaires ou des anomalies dans le jeu peuvent mettre la puce à l’oreille, de même que des comportements répétitifs ou des intérêts restreints.
Prudence toutefois, la présence isolée d’un de ses signes ne suffit pas à diagnostiquer l’autisme chez un tout-petit, et les signes de l’autisme léger peuvent varier fortement d’une personne à une autre. Il est donc crucial d’avoir une approche individualisée, avec l’expertise d’une équipe pluridisciplinaire, incluant le médecin traitant et un psychologue.
Dépistage, test : comment diagnostiquer l’autisme ?
Le diagnostic de l’autisme repose sur l’évaluation de différents signes d’alerte et de comportements spécifiques de l’enfant.
Des Centres de diagnostic de l’autisme (CRA) existent en France, habilités à recevoir des enfants pour diagnostiquer les TSA. Rainaldo Fourn
Il en existe aujourd’hui 26 en France, qui ont à leur disposition plusieurs outils de dépistage et d’évaluation, tels que le CHAT (Check-list for Autism in Toddlers) et le M-CHAT (Modified Check-list for Autism in Toddlers) qui sont des questionnaires spécifiques pour détecter l’autisme chez les jeunes enfants.
« Un autre outil, appelé ADOS-2, permet d’évaluer la communication, l’interaction sociale et le jeu chez le jeune enfant » précise Rainaldo Fourn.
La démarche diagnostique complète, permettant de donner un diagnostic fiable et un degré d’atteinte (léger, modéré ou sévère) nécessite une approche pluridisciplinaire, avec des évaluations orthophoniques, psycho-cognitives, sensorielles et du développement psychomoteur. En général, le diagnostic peut être établi à partir de l’âge de 18 mois à 2 ans.
« Un diagnostic précoce est important car plus un enfant est jeune, plus sa plasticité cérébrale est grande », rappelle le psychologue. Ainsi, une prise en charge rapide permettra à l’enfant d’acquérir davantage de compétences qui lui font défaut du fait de son trouble.
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