La publication du rapport de la Cour des comptes continue d’agiter la scène politique sénégalaise. Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre et ex-banquier, a dénoncé des irrégularités financières qu’il juge graves, appelant à des sanctions exemplaires.
Dans un message publié sur Facebook, il a critiqué les chiffres avancés par le gouvernement et s’est appuyé sur l’expertise du Fonds monétaire international (FMI) pour en contester la fiabilité.
« Lors de mon dernier entretien avec la presse nationale et après lecture du rapport de la Cour des comptes, j’avais souligné que les chiffres contenus dans le rapport du gouvernement étaient manifestement faux et que le FMI donnerait les justes données à retenir », a-t-il affirmé, estimant que « les meilleurs experts en finances publiques figuraient dans leur effectif ».
Pour lui, les manquements constatés ne relèvent pas uniquement d’erreurs de comptabilisation, mais s’inscrivent dans un système organisé de détournements de fonds publics. Il réclame que « chaque violation constatée de la loi et de la réglementation » soit imputée à des responsables identifiés et que ceux-ci soient « punis avec le maximum de sévérité ».
L’ancien chef du gouvernement va plus loin, en évoquant un préjudice moral et financier à l’échelle internationale : « Le FMI, les partenaires techniques, la communauté internationale et les marchés ont également été trompés et volés. Ils doivent tous aider à la récupération des avoirs mal acquis et souvent transférés hors du Sénégal. »
Face à cette charge, la réponse d’Ousseynou Ly, porte-parole de la présidence, ne s’est pas fait attendre.
Dans un message publié sur X, il a contesté la position d’Abdoul Mbaye, l’accusant de dénigrer systématiquement les compétences nationales au profit d’experts étrangers. « D’accord avec vous M. Mbaye, qu’il n’y a pire trahison que de salir la réputation de son pays.
Mais également, il n’y a pire attitude de COMPLEXÉ que de penser que toute meilleure compétence vient forcément de l’étranger », a-t-il répliqué.
Le porte-parole du chef de l’État a également souligné ce qu’il considère comme une contradiction dans l’argumentaire de l’ancien Premier ministre. « Vous dites que les meilleurs experts en finances publiques sont dans les rangs du FMI.
Mais en conclusion de votre texte, vous dites qu’ils ont été TROMPÉS.
Et ce depuis bien des années. Alors, dites-nous comment des fonctionnaires que vous jugez minimalistes peuvent « berner » les meilleurs experts en finances publiques d’une organisation partenaire ? ».
Le porte-parole en profite pour rappeler que la transparence actuelle résulte d’une volonté politique du nouveau pouvoir, en conformité avec une loi adoptée sous Abdoul Mbaye lui-même. « Ce qui est apparent ici, ce n’est pas seulement votre volonté de démasquer les véritables faussaires, mais c’est également votre brûlante envie de ne jamais reconnaître et saluer l’exercice de vérité auquel a souscrit le nouveau régime », lance-t-il, avant d’interroger : « Qu’aviez-vous fait pour vous l’appliquer ? »
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