Il faudra plus d’arguments au régime en place pour convaincre l’ancien ministre, Samba Sy, et ses camarades de parti. Leur formation politique, le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) n’épouse pas le contenu de la Déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko.
Déclinant son opinion à travers une déclaration publiée avant le message de fin d’année adressé à la Nation par le chef de l’Etat, le parti dirigé par Samba Sy qualifie cet exercice «tardif» de «profession de foi survenant après les élections, reprenant de nombreuses idées du référentiel «Sénégal 2050»».
Le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) a analysé la Déclaration de politique générale du Premier ministre, le 27 décembre dernier.
Dans une déclaration rendue publique le dimanche 29 décembre 2024, Samba Sy et ses camarades soulignent qu’à «l’écoute des propos du Premier ministre et des débats qui ont suivi, de nombreuses interrogations demeurent dont certaines préoccupantes». Selon eux, «les propos et le programme énoncés diffèrent pour la plupart des actes posés par le gouvernement depuis sa prise de fonction».
Et les auteurs du document d’expliquer : «A titre d’exemple, le peu de cas fait de l’Assemblée nationale, avec cette Loi de finances rectificative présentée à moins d’une semaine de la fin de l’exercice budgétaire !
Sur le plan économique, les Sénégalaises et Sénégalais endurent les décisions difficilement compréhensibles, ainsi que les propos déconnectés du Premier ministre, qui incriminent le régime précédent et la haute administration des Finances et du Budget pour avoir falsifié les chiffres de la dette et des Finances publiques.»
Le Pit relève que «cela a altéré la confiance des partenaires techniques et financiers qui attendent toujours le rapport définitif de la Cour des comptes sur l’état des Finances publiques, les chiffres dits «réels» et les recommandations».
Et d’ajouter : «Pour l’heure, la note du Sénégal a été dégradée, avec les conséquences que cela implique en termes d’accessibilité aux prêts et de coût des financements engagés par l’Etat.»
Concrètement, soutient le Pit, «ce sont les compatriotes sénégalais, le secteur privé et le secteur informel qui pâtissent directement du manque de responsabilité et de vision de nos actuels dirigeants, adeptes des bonbons au bel emballage mais au goût particulièrement amer».
Dans sa déclaration, le parti, dirigé par l’ancien ministre du Travail sous le régime du Président Macky Sall, fait remarquer que sur le fond, «la tardive Dpg du Premier ministre Ousmane Sonko n’est en réalité qu’une profession de foi survenant après les élections, reprenant de nombreuses idées du référentiel «Sénégal 2050» dont des pans entiers étaient déjà présents dans le «Plan Sénégal émergent»».
Partant de ce constat, les membres dudit parti rappellent au Pm que «l’exercice du pouvoir requiert tout autre chose que discourir sans fin en totale incohérence avec les actes posés et au mépris de la souffrance pourtant réelle de ses compatriotes».
Dans la même veine, le Pit s’interroge sur «l’indépendance de la justice au moment où Moustapha Diakhaté, homme politique ayant exprimé son opinion sur les résultats des élections, croupit en prison».
Samba Sy et ses camarades estiment que M. Diakhaté est «victime d’une injustice manifeste» parce que, «durant et avant les dernières élections législatives, d’autres acteurs politiques ont tenu des propos bien plus graves, avec pour conséquence des violences physiques et matérielles, sans jamais avoir été convoqués par un quelconque procureur».
«Si l’Assemblée nationale décidait d’abroger la loi d’amnistie (…), des
questions difficiles se poseraient»
Se prononçant sur la loi d’amnistie de mars 2024, le Pit rappelle avoir «déjà clairement annoncé, lors du dernier Dialogue national des 26 et 27 février 2024, convoqué par le Président Macky Sall, sa ferme opposition à son adoption».
A ce propos, M. Sy et ses camarades soutiennent qu’aucune «violence physique, morale ou politique ne doit être amnistiée et mise sous silence dans l’intérêt de desseins politiques d’un cynisme sans nom, surtout lorsque cela se termine par des morts, des blessés et des traumatismes dont il sera difficile de se remettre».
Et d’argumenter : «Une loi d’amnistie ne doit pas être une prime à l’impunité comme ce fut le cas avec la loi Ezzan dans l’affaire de l’assassinat de Maître Babacar Sèye en 1993, ainsi que dans celle de l’agression du leader politique Talla Sylla en 2003.»
Cependant, le Pit fait remarquer que «si l’Assemblée nationale décidait d’abroger la loi d’amnistie, qui n’aurait jamais dû être adoptée, des questions difficiles se poseraient». Par exemple, note-t-il, «de nombreux présumés acteurs ou instigateurs des violences de 2021 à 2024, de tous bords, ont été libérés dont l’actuel Premier ministre lui-même». Et les auteurs de la déclaration de s’interroger : «Quel sort leur réserverait-on ?
Faudra-t-il rappeler que l’actuel Premier ministre avait refusé de se présenter à la convocation d’un juge ?»
Dans la même dynamique, ils rappellent : «Notre Nation n’a jamais connu l’abrogation d’une loi d’amnistie juridiquement complexe car touchant aux principes de l’Etat de Droit, à la sécurité juridique et à la stabilité des actes législatifs.» Et de demander : «Ne risquerions-nous pas d’ouvrir la boîte de Pandore ?»
Le Pit, qui dit être «pour la reprise des enquêtes et des auditions liées aux violences, afin que chaque Sénégalais soit clairement informé des responsabilités de chacun».
Il informe toutefois ne pas militer «pour la réouverture du cycle de tensions ayant conduit notre pays au bord du précipice». «Il y va de la responsabilité de tous, des acteurs politiques en tout premier lieu», avertit le Pit.
lequotidien
Un commentaire
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