L’avenir de l’agriculture de manière générale préoccupe fortement les producteurs et importateurs d’intrants de la zone des Niayes, qui se sont retrouvés à Cayar pour recommander aux nouvelles autorités du pays de «cesser de subventionner des intentions de production», et réfléchir à «la tenue d’Assises de l’agriculture sénégalaise».
Les producteurs de la zone des Niayes ont mis le doigt sur «la nécessité de tenir les Assises de l’agriculture sénégalaise en tant que socle sur lequel le pays peut compter pour booster l’économie nationale. Les emplois projetés ne peuvent être réalisés qu’avec l’agriculture.
Si nous parvenons à beaucoup produire, à construire des infrastructures de conservation et de stockage, et avoir des réserves de sécurité, notre pays sera un exportateur. Le Sénégal doit se positionner dans la sous-région comme pays exportateur et après cette étape, pointera l’ère de l’industrialisation, ce qui ne sera possible tant qu’il n’y aura pas assez de production».
Une rencontre au cours de laquelle ces organisations de producteurs de la zone des Niayes ont mis en place, à Cayar, une structure dénommée Coordination des producteurs et fournisseurs des Niayes (Coprof/Niayes) pour mutualiser leurs efforts, afin de mieux peser sur le développement de l’agriculture au Sénégal.
Le sous-secteur horticole a le plus capté l’attention.
Selon Serigne Mansour Guèye, producteur-importateur de semences, «c’est la partie la plus importante, et c’est pourquoi les acteurs doivent être écoutés davantage».
Les producteurs des Niayes remarquent que «sur le plan de l’agriculture en général, tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ont décliné chacun une politique agricole très ambitieuse, mais ils n’ont jamais réussi, avec des programmes mort-nés, comme le plan Retour vers l’agriculture (Reva), la Grande offensive pour la nourriture et l’abondance (Goana), l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida), etc.».
Ils pensent que «c’est au niveau de l’écoute que se trouvent les raisons des échecs successifs, car tout le processus d’élaboration d’une politique agricole ne doit pas se dérouler dans des bureaux climatisés».
Sur la récente décision du gouvernement allant dans le sens de refaire la méthode de distribution des semences, pour que les subventions puissent aller directement aux producteurs, les producteurs et importateurs d’intrants de la zone des Niayes se veulent catégoriques. «L’intention est bonne, mais la réussite n’est pas garantie.
On peut bien mettre l’Armée, redynamiser les commissions de distribution, mais si l’on ne parvient pas à savoir qui est producteur et qui ne l’est pas, il n’est pas sûr que ces subventions aillent aux producteurs», indiquent Serigne Mansour Guèye et ses collègues.
Aussi de rappeler : «Depuis l’indépendance, de Léopold Sédar Senghor à nos jours, le gouvernement a toujours subventionné des intentions de production, mais n’a jamais subventionné du réel. Pour subventionner du réel, il faut être sûr que ceux qui sont sur les listes, et qui vont bénéficier de x tonnes de semences, vont produire x tonnes à l’hectare.
Donc, il faut avoir une bonne cartographie agricole, savoir dans chaque zone qui fait quoi et sur combien d’hectares.
C’est possible avec les Drdr aux niveaux départemental et régional, les commissions de distribution, des organisations de producteurs fortes.» Serigne Mansour Guèye insiste également sur le fait que la stratégie déroulée cette année par le nouveau pouvoir doit être acceptée, «car les délais sont trop courts et il faut laisser un temps de latence au nouveau gouvernement».
Lequotidien