L’annonce récente du retrait progressif des forces françaises du Sénégal marque un tournant dans la coopération en matière de défense entre les deux pays. Après plusieurs décennies de présence militaire française à Dakar, cette décision ouvre la voie à un nouveau type de partenariat stratégique, basé sur une collaboration plus équilibrée et adaptée aux enjeux contemporains.
Le communiqué conjoint du 12 février 2025, signé par le ministère sénégalais des Affaires étrangères et l’Ambassade de France, souligne l’intention des deux nations de redéfinir les termes de leur coopération militaire.
L’objectif est désormais de créer un partenariat « prenant en compte les priorités stratégiques » des deux pays, dans un contexte où les défis de sécurité se diversifient. Le retrait des troupes françaises, entamé avec la fermeture de trois bases militaires en décembre 2023, ne signifie pas une rupture des liens, mais une réorientation vers une coopération plus ciblée.
Ce partenariat ne repose plus sur une présence militaire permanente, mais sur des échanges renforcés dans des domaines clés tels que le renseignement militaire et les exercices conjoints.
Par exemple, l’exercice « Kharito », qui réunit chaque année ou tous les deux ans des soldats français et sénégalais, continue de symboliser cette collaboration.
Le dernier exercice, organisé en décembre 2023, a rassemblé 1000 militaires, avec une coordination étroite entre les deux armées. Ce type d’entraînement mutuel permettra de maintenir un haut niveau de préparation et de coopération dans la gestion des crises sécuritaires.
Le nouvel accord renforcera aussi la formation des militaires sénégalais, avec la formation d’officiers à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en France et la poursuite des formations en France pour plus de 400 militaires sénégalais chaque année. De plus, la mise en place de centres d’entraînement et de postes de commandement communs permet de renforcer l’autonomie des deux armées dans leurs opérations conjointes.
Le départ des bases françaises, inscrit dans le cadre de la commission conjointe mise en place pour organiser ce retrait, reflète une volonté de ne plus dépendre d’une présence militaire étrangère pour la sécurité du pays. Le Sénégal souhaite ainsi renforcer sa souveraineté tout en continuant de bénéficier d’un soutien stratégique essentiel face aux menaces régionales croissantes, notamment liées aux activités terroristes au Sahel et dans le Golfe de Guinée.
Ce nouveau modèle de coopération, plus flexible, repose sur des bases solides .
La confiance, l’échange d’expertise et la mutualisation des ressources. Par exemple, le renseignement partagé entre les deux nations est un élément essentiel pour anticiper et réagir aux menaces.
Le Sénégal, en tant que pilier de stabilité dans la région, bénéficiera également de l’expertise française dans des domaines spécifiques comme la lutte contre le terrorisme, les cybermenaces et la gestion des crises.
L’accord qui se profile entre la France et le Sénégal semble marquer une rupture avec un passé où la France exerçait une influence prépondérante dans la région.
Le Sénégal, en choisissant de réduire la présence militaire française tout en consolidant la coopération, prend en main son destin en matière de sécurité. La France, quant à elle, est consciente de la nécessité d’adapter ses relations diplomatiques et militaires en Afrique, en privilégiant des partenariats plus équilibrés, respectueux de la souveraineté des pays.
Ce nouveau modèle de partenariat pourrait inspirer d’autres pays de la région, notamment ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans leur approche de la coopération sécuritaire.
Les enjeux de sécurité étant de plus en plus globaux, cette nouvelle dynamique pourrait aussi servir de modèle à d’autres nations partenaires, en promouvant une coopération fondée sur le respect mutuel, l’égalité et la réciprocité.
Le futur de la coopération entre la France et le Sénégal semble donc prometteur.
En remplaçant une ancienne structure de bases militaires par un partenariat flexible et orienté vers des objectifs communs, les deux pays ouvrent la voie à un modèle de défense moderne, plus en phase avec les réalités géopolitiques actuelles.
Il ne s’agit pas simplement de réduire la présence étrangère, mais d’augmenter l’efficacité de la coopération dans des domaines essentiels à la stabilité régionale.
Ce partenariat redéfini entre le Sénégal et la France devrait permettre de consolider la position stratégique du Sénégal en Afrique de l’Ouest, tout en renforçant les capacités locales face aux défis sécuritaires.
C’est une évolution positive qui pourrait également renforcer les relations entre les deux pays, tout en offrant un exemple de coopération militaire plus souple et mieux adaptée aux enjeux contemporains.
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