Au-delà des journées de concertations nationales axées sur l’eau et l’assainissement tenues les 21, 22 et 23 novembre 2024 à Kaolack, sous la présidence du Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement Cheikh Tidiane Dièye, l’année 2024 est aussi marquée par les intempéries sans précédent qui ont secoué la région et enfermé les populations pendant plusieurs semaines.
Naturellement attribué aux changements climatiques, ce phénomène n’est pas du tout nouveau dans la région centre. Car pendant de nombreuses années, ces inondations reviennent à chaque hivernage même si elles sont parfois à moindre impact.
Pendant cette dernière saison, les fortes précipitations qui se sont abattues dans la ville de Kaolack et sur le reste de la région ont encore une fois réveillé le mal.
Cette nuit-là, la ville de Kaolack à elle seule a accueilli 181 mm de pluie durant la nuit et 140 autres mm d’eau entre 6 h du matin et 11 h juste avant midi. Une situation qui, du coup avait déboussolé toute la population et plongé une bonne partie des citoyens dans la panique et l’émotion.
Partout dans les 48 quartiers, l’inquiétude grandissait et regagnait de plus en plus les habitants dont la majorité pataugeait.
Un petit tour en ville suffit pour constater l’ampleur de la situation au moment où Kaolack perdait son décor habituel et présentait un visage indescriptible. L’eau coulait de partout. Sur la chaussée, les différentes artères du centre et dans tous les quartiers.
Sur la nationale 1, les longues files de véhicules qui roulaient à faible allure, laissaient éclabousser les jets d’eau coulant et libéraient un gaz suffocant dans certaines intersections où il y avait embouteillages. Dans les rues, les nombreux piétons pressés d’aller faire leurs courses quelque part effectuaient plusieurs détours pour arriver à destination.
Et sur leurs chemins se retrouvaient dans l’obligation de relever pantalons, pagnes et tout ce qu’ils portaient par devers eux pour éviter les éclaboussures de boue soulevées par les automobilistes qui passaient ou parfois par les flaques d’eau en stagnation sur leurs passages.
Dans cette ambiance où tout le monde se précipitait vers le centre-ville pour ensuite retourner le plus vite possible à la maison, la pluie avait certes diminué d’intensité mais se poursuivait encore sans arrêt. Et il fallait encore attendre deux ou trois heures de temps pour voir les énormes quantités d’eau fuyantes s’évacuer.
La situation était très confuse à ces moments -là, mais se trouvait plus alarmante au niveau périphérique où il y avait plus d’ampleur au point de vue des dégâts.
Les quartiers des Abattoirs Ndangane, Médina Mbaba, Médina Baye, Parcelles assainies, Passoire Ndorong, Thoiffac, Fasse Cheikh Tidiane, Bas Léona gisaient encore dans les eaux.
Et beaucoup étaient déjà envahis dès les premières averses de la nuit.
Les populations en détresse pataugeaient et étaient alors obligées d’évacuer tout le matériel qu’elles pouvaient transporter pendant qu’il pleuvait encore pour les confier à un ami ou un parent proche résidant dans les quartiers les moins touchés.
Ces opérations se sont poursuivies jusqu’au petit matin alors que les riverains qui étaient coincés dans leurs concessions, ont perdu une grande quantité de matériel dont les appareils électroménagers qu’ils possédaient.
D’autres ont vu leurs toitures de maison s’envoler, leurs mûrs de clôture s’écrouler sur les énormes lacs tourbillonnant.
A l’intérieur des chambres, tout flottait, lits, armoires, valises, tables à télé, tables de chevet et les propriétaires visiblement désespérés gardaient encore un œil sur le désastre. Sur le reste de la région beaucoup de villages ont été aussi frappés par ces intempéries sauf que là, ce sont les périmètres champêtres qui ont été les plus touchés avec des milliers d’hectares engloutis.
Même si pour certains on craignait d’éventuels incidents provoqués par la furie des eaux, pour d’autres les inquiétudes étaient surtout allés aux prochains cas d’épidémies pouvant subvenir à n’importe quel moment de l’hivernage ou après car il était aussi constaté que pendant les fortes précipitations le mélange des eaux usées et pluviales.
LE MINISTRE DE L’HYDRAULIQUE ET DE L’ASSAINISSEMENT ÉCOURTE SA TOURNÉE DANS LE NORD ET SE REND D’URGENCE A KAOLACK
Face à la gravité de la situation, ce jour-là le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement Cheikh Tidiane Dièye ; alors en visite dans le Nord du pays notamment à Dagana, Lac de Guiers et NGith, a suspendu ses activités pour se rendre d’urgence dans la capitale du Saloum afin de constater de visu l’ampleur des dégâts et formuler les mesures à entreprendre pour maîtriser l’eau et apporter le secours d’urgence nécessaire aux sinistrés.
Un exercice pour lequel, il avait instruit les autorités locales et administratives de la région à se mobiliser, à démultiplier les équipes de pompage qui étaient déjà sur le terrain d’opérations partout où le besoin se présentait. Le ministère de son côté va s’occuper du reste du nécessaire, les équipements de secours en l’occurrence.
Dans les quartiers où le réseau d’assainissement fait défaut, il avait ordonné à l’armée de creuser des tranchées d’évacuation pour extraire l’eau des maisons et offrir le déplacement aux populations. Dans la même veine, le Ministre Cheikh Tidiane Dièye prenait la ferme décision de faire l’état des lieux sur l’ensemble du périmètre communal pour ajuster le programme le plus adapté.
KAOLACK, UNE RÉGION A FORTES POTENTIALITÉS AGRICOLES, MAIS SOUVENT TRAHIE PAR LA NATURE DE SES SOLS
La région de Kaolack couvre une superficie de 16.010 km2 pour une population de 1.339.000 habitants, d’après les chiffres de l’Agence nationale de statistique et de la démographie (ANSD).
Compte tenu des énormes potentialités agricoles qu’elle regorge surtout en matière de production arachidière, elle est détachée de son statut de capitale du bassin arachidier pour se reconvertir en capitale agricole vu la diversité des nouvelles spéculations agricoles qu’elle est en train de développer.
Ses espaces territoriaux cachent cependant d’autres réalités liées à la nature des sols dans certaines parties de son territoire.
Car, outre les cours d’eau qui la traversent çà et là au niveau de certaines villes et villages, Kaolack couvre aussi une bonne partie de terres salées et argileuses dans ses surfaces. C’est en effet le cas de sa capitale où la nature des sols constitue un facteur déterminant de provocation et même de fréquence des inondations.
Au-delà d’un manque criard d’infrastructures et réseaux d’assainissement, la plupart des sols de Kaolack sont de nature argileuse et ne permettent pas souvent une aspiration rapide des eaux en stagnation. A cela, s’ajoute un phénomène assez inquiétant produit ces trente dernières années sur une bonne partie de la commune.
Celui de l’occupation anarchique des anciens cours d’eau asséchés situés sur la périphérie Est et Nord Est de la ville.
A chaque hivernage, ces anciens marigots reprennent leurs cours et provoquent les premiers cas d’inondation comme celui observé cette année dès la première pluie. Malgré les 15 milliards de Frs CFA investis par l’État du Sénégal en 2019 /2020 dans le cadre du dernier programme d’assainissement attribué à dix (10) villes du pays, la problématique des inondations de Kaolack reste entière.
Car, en marge des nouvelles installations d’infrastructures hydrauliques effectuées au niveau de l’ancien marigot de “Khakhoum” et à la bande “d’Aouzou” un ancien lit d’eau bordant l’Est de la ville, les dégâts sont certes amortis, mais le problème est encore loin d’être résolu.
sudquotidien