Après l’audit de la Cour des comptes, l’endettement du Sénégal et le déficit du pays ont été recalculés. Les deux indicateurs ont finalement flambé. Avec le débat sulfureux qui entoure le scandale, la situation fait craindre le pire. Et le Pr. Cheikh Tidiane Ndiaye, agrégé des Sciences économiques, Directeur du Lares, qui s’est exprimé dans les colonnes de L’Obs, n’exclut pas un risque de récession de l’Économie sénégalaise.
«Cette situation très grave qui témoigne de la gestion financière très catastrophique du régime sortant doit pousser les nouvelles autorités à définir de nouvelles modalités de contrôle des mouvements de capitaux à court terme. Une absence de contrôle de ces mouvements de capitaux à court terme est toujours source d’instabilité pour le pays.
Du point de vue de la forme, il faut que les autorités évitent de faire certaines déclarations intempestives sur Ia gestion financière du pays, ce que l’on pourrait considérer en économie comme une cause circonstancielle du déclenchement d’une crise. En économie, certaines déclarations des hautes autorités pourraient déclencher une crise ou un retournement conjoncturel susceptible de faire basculer l’économie dans une profonde récession.»
Les effets néfastes
«Les effets de la publication de ce rapport vont se faire sentir sur la trajectoire de la croissance économique à travers différents canaux de transmission. D’abord, le défaut de lisibilité de la situation économique va entrainer une crise économique. La publication du rapport affectera la confiance, d’une part, des agents économiques (ménages, entreprises, etc.) et d’autre part, des bailleurs extérieurs comme le Fmi et la Banque mondiale.
Ainsi, le financement extérieur de l’économie sera affecté et par voie de conséquence, la croissance, il y aura enclenchement d’une spirale négative qui se traduira par une dégringolade de la notation financière du pays ainsi que les cours des actions et des obligations.
« De tels problèmes pourraient occasionner les sorties brutales de capitaux.»
Ensuite, la dégradation de la situation macroéconomique (déficits publics élevés, déficits extérieurs, tensions sociales, etc.) provoquera la non-soutenabilité du dispositif initial. Face aux multiples contraintes sur le financement extérieur et l’inefficacité des sources internes de financement (épargne, commerce extérieur, solde budgétaire), les autorités ne pourront maintenir la dynamique économique qu’au prix d’un fort relèvement de certaines catégories d’impôts, ce qui va déboucher sur une récession.
Il y a un grand risque de récession, c’est pourquoi les autorités ne devraient pas en faire une affaire publique.
Enfin, face à cette situation, le sentiment des investisseurs étrangers que le rythme d’endettement n’est pas soutenable peut les conduire à vendre massivement les bons du Trésor libellés en dollar ou en euro qu’ils avaient souscrits provoquant ainsi leur chute.
De même, cette situation macroéconomique catastrophique peut entraîner des sorties de capitaux à court terme susceptibles d’être « très désastreuses pour l’économie.
Les nouvelles autorités doivent désormais décourager les entrées de capitaux à court terme car de tels problèmes relatifs à la mauvaise gestion des Finances publiques pourraient occasionner les sorties brutales de capitaux.»
igfm