Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, depuis le mois de février 2022, la Sen’Eau, chargée de la distribution, et la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones), chargée de la production ne sont pas en mesure de fournir de l’eau à la plupart des habitants de Saint-Louis. Une situation qui risque de perdurer encore des mois. Pour cause, l’Usine de traitement de l’eau du fleuve ne parvient plus à fournir la capacité nécessaire pour alimenter toute la population. Et la deuxième Usine de traitement d’eau supplémentaire et le château d’eau de grande capacité, en construction depuis mi-2021, ne seront opérationnels qu’en 2023.
Dans les zones reculées comme Gokhou Mbacc, Sanaar, Pikine, l’eau de robinet ne coule plus convenablement depuis plusieurs mois. Pour les familles qui ont un peu de chance, il faut se réveiller à 3 heures du matin pour espérer remplir des fûts avec une très faible pression. « Nous qui habitons les zones reculées comme Sanaar, n’avons pas d’eau depuis la Korité (Eid el-Fitr a été célébrée au Sénégal le 02 mai 2022). Ces derniers temps, avec la fermeture du campus universitaire de l’GB et le départ des étudiants, la situation s’est un peu améliorée. Parce que l’université est un grand consommateur d’eau. Donc, à partir de 3 heures du matin, certains ont de l’eau jusqu’à 5 heures du matin. Donc, nous avons une intervalle de 3 heures pour faire le plein. Sinon, tout le reste de la journée, nous n’avons pas d’eau », confie un habitant de Sanaar à PressAfrik.
Un déficit de 5000 m3 d’eau par jour
La ville de Saint-Louis tire ses ressources en eau du traitement de celui du fleuve par l’usine dont la capacité est de 1,5 million de litres par jour. Selon Ibrahima Maréna Sall, Directeur du service régional de Sen’Eau, la localité connaît un déficit de 5000 m3/jour, car ne disposant pour le moment que de cette usine qui produit 18 600 m3 /j. Les extensions de la vieille ville et son explosion démographique sont passées par là.
En mai dernier, après de vives protestations, le Directeur général de la Sones a fait le déplacement, avec ses équipes, dans les localités impactées par la pénurie, pour annoncer une batterie de mesures dont la construction de deux infrastructures que sont la nouvelle usine de traitement et le château d’eau respectivement d’une capacité de 15 et 3,2 millions de litres par jour. « En 2017, l’Etat avait fait des investissements qui devaient permettre un approvisionnement en eau de Saint-Louis et son département jusqu’en 2023, voire 2025, mais qu’avec la forte urbanisation, il y a eu une saturation des ouvrages de production. Pour mettre fin à cette situation, plusieurs solutions vont être mises en œuvre. Parmi celles-ci, usine d’une capacité de 15 millions de litres/jour déjà en construction dans la zone de Ngalel et un château d’eau d’une plus grande capacité que celui de Leybar dont la capacité est estimée à 1,5 million de litres/jour. Ce château d’eau d’une capacité de 3,2 millions de litres/jour sera le troisième plus grand château d’eau du Sénégal », promettait Charles Fall, Dg de la Sones, le 21 mai dernier aux populations dans le désarroi.
Ces différentes installations vont permettre, selon monsieur Fall, de régler les problèmes d’approvisionnement en eau dans la commune de Saint-Louis et ses environs jusqu’en 2030 au moins.
Un système de rotation de citernes pour soulager les populations
Saint-Louis: sans eau depuis mai, plusieurs communes obligées d’endurer jusqu’à mi-2023
Mais en attendant la réalisation aboutie desdites infrastructures, la Sones et la Sen’Eau ont trouvé des solutions intermédiaires pour atténuer les problèmes d’approvisionnement dans les localités concernées. « Au début de la pénurie, Charles Fall s’est quand même personnellement déplacé dans tous quartiers impactés avec toutes ses équipes pour expliquer la situation aux populations. Et pour dire aussi qu’actuellement, Sen’Eau et Sones n’ont pas la capacité pour résorber le gap. Que tout ce qu’on peut faire, c’est attendre la finition des installations pour que la situation puisse revenir à la normale. Entre temps, ils ont mis à la disposition des populations des citernes qui font des rotations deux à trois fois par jour. Ces citernes desservent les différentes zones pour que les gens puissent s’approvisionner en eau. Par exemple à Sanaar, un camion citerne passe chaque jour, deux fois, pour permettre aux populations de faire le plein d’eau », raconte notre interlocuteur.
Le business des charretiers
Sous cette pénurie que subissent les populations de plusieurs communes de Saint-Louis, a germé un business florissant de fourniture d’eau entretenu par de jeunes charretiers. Un père de famille qui vit à Sanaar Peulh, près de l’Université Gaston Berger, débourse un budget quotidien de 1500 frs pour acheter 10 bouteilles de 10 litres. Il se fait livrer par deux jeunes charretiers, selon la disponibilité de l’un o de l’autre.
L’un d’entre ces « vendeurs » d’eau avec nous avons échangé révèle qu’ils ont beaucoup de commandes à honorer par jour. Entre les chantiers et les besoins domestiques en eau, ils se retrouvent facilement débordés. « Notre principale source, c’est le fleuve pour ceux qui nous sollicitent pour la fourniture d’une grande quantité d’eau destinée à leurs chantiers de construction. Pour les autres chefs de famille qui ont besoin d’eau potable, nous sommes obligés d’aller chercher ça dans les communes où la pénurie ne sévit pas. Si l’on se concentre bien sur le travail, c’est un créneau qui peut rapporte beaucoup d’argent », dit-il, tout en refusant de révéler son gain quotidien avec cette activité.
pressafrik
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