Les mesures de digitalisation totale et de gratuité de l’état civil annoncées par le gouvernement sont bien appréciées par le Comité départemental de la protection de l’enfant (Cdpe) du département de Goudomp. Le Point focal du Cdpe assure que plus de 300 dossiers d’enfants sans extrait de naissance sont en souffrance, ajouté au problème de moyens qui retarde l’acheminement de ces documents au Tribunal de Sédhiou.
Le maire de la commune de Kaour rejette la gratuité annoncée par le Premier ministre, rappelant que les communes rurales ne comptent que sur ces petites recettes pour avoir quelques revenus nécessaires à leur fonctionnement.
La région de Sédhiou fait partie des contrées du pays les plus confrontées aux problèmes d’état civil.
L’annonce de la digitalisation intégrale et de la gratuité de l’état civil est bien accueillie par les populations. Ibrahima Sané, Point focal du Cdpe du département de Goudomp, interpellé sur la question, affiche un sentiment de satisfaction. «Ce sont des mesures que nous apprécions à leur juste valeur parce que nous savons que l’état civil est un problème réel, surtout dans la zone où nous sommes.
Quand ils parlent aujourd’hui de la gratuité totale, je pense plutôt que ça prendra en compte ces cas mêmes où il y avait des déclarations qui ont dépassé le temps et qui devraient avoir un jugement.
Donc, cela va beaucoup soulager les populations en ce sens que certaines familles qui n’ont pas déclaré leurs enfants au moment où ces derniers doivent faire l’entrée en sixième, sont toujours confrontées à des problèmes de dossier.»
Il ajoute : «Pour ces enfants-là, les parents ne parviennent pas à faire des pièces d’état civil. D’autant plus que parfois, ce sont des familles qui ne peuvent pas joindre les deux bouts. Et je rappelle qu’à Goudomp, nous n’avons pas encore de tribunal. C’est à Sédhiou que les familles se rendent pour rencontrer le juge, avec toutes les péripéties et toutes les dépenses que cela nécessite.
Souvent, ils ne parviennent pas à assurer toutes ces dépenses-là, c’est ce qui fait que la plupart des enfants restent sans pièces d’état civil.»
Autant de problèmes qui ont poussé le Cdpe à instaurer des audiences foraines pour faciliter l’obtention des papiers d’état civil, en collaboration avec l’Unicef et le Tribunal de Sédhiou. «C’est ce qui nous a poussés à organiser les audiences foraines que nous faisons en rapport avec le président du Tribunal, avec l’appui de l’Unicef.
Donc, aujourd’hui, si le gouvernement prend cette initiative, je pense que ça nous soulage, nous, et les parents aussi.
Parce qu’au moment où je vous parle, nous avons plus de 300 dossiers qui sont dans nos bureaux, en attente d’un financement pour les régulariser au niveau du Tribunal. Maintenant, la digitalisation totale viendra peut-être régler cette situation», enchaîne Ibrahima Sané, Point focal du Cdpe du département de Goudomp.
Par contre, l’annonce de ces mesures n’est pas très appréciée par les communes rurales qui ne comptent que sur les recettes des pièces d’état civil pour assurer certaines dépenses nécessaires.
Yancouba Sonko, 2ème adjoint au maire de la commune de Kaour, ne cache pas ses réserves : «En tant qu’officier à l’état civil de la commune de Kaour, je ne suis pas pour la gratuité. Les communes de Kaour, Djibanar, Kolibantang, Karantaba, etc., n’ont pas beaucoup de ressources.
Par exemple, quand l’enfant nait, quand on vient le déclarer, le volet 1 c’est gratuit.
On peut encore faire deux volets gratuits, mais quand on continue dans cette gratuité, les collectivités locales vont avoir beaucoup de problèmes. La réalité de la commune de Ziguinchor n’est pas la même que celle dans les communes de Kaour, Kolibantang ou Karantaba.»
Dans le même sillage, le maire de la commune de Kaour pense que le problème de l’état civil est dû à la négligence des parents.
«Nous avons mis en place des cahiers de village pour faciliter l’enregistrement, organisé beaucoup de rencontres de sensibilisation avec les sous-préfets, l’Unicef. Chaque chef de village est doté d’un cahier», insiste-t-il, en demandant «à l’Etat d’associer les élus dans la prise de décision».
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