Le festival « Ecrans noirs » a rendu hommage au cinéaste et écrivain sénégalais Sembène Ousmane, mercredi, à l’occasion de la journée dédiée au Sénégal, pays invité d’honneur de la 27e édition de cette manifestation qui se tient depuis samedi à Yaoundé, la capitale camerounaise.

« Sembène Ousmane est une des prestigieuses icônes de la plume et du cinéma. Patiemment, il a escaladé les voies escarpées du succès. Progressivement, il a gravi les pentes sinueuses de la gloire avec une bibliographie et une filmographie impressionnante et foisonnante », a souligné le ministre camerounais des Arts et de la Culture, Ismaël Bidoung Kpwatt.

« Auteur de plusieurs films à succès, s’il vivait encore, il aurait célébré cette année son centenaire de vie d’homme de créativité et de professionnel pragmatique », a-t-il dit au sujet de Sembène Ousmane, mort le 9 juin 2007 à Dakar.

Il était considéré comme l’un des précurseurs du cinéma africain, sans compter qu’il fut « un auteur prolifique, pragmatique et généreux, éminemment talentueux et évidemment génial », selon Ismaël Bidoung Kpwatt.

Selon le ministre camerounais des Arts et de la Culture, les œuvres de Sembène Ousmane, « originales et saisissantes de singularité », sont axées sur l’amour et la tolérance, en même temps qu’elles « décrivent la géographie de la fraternité et de la concorde.

« Il a su donner force au scénario, vivacité et vitalité aux couleurs […] », a conclu Ismaël Bidoung Kpwatt.

Sembène Ousmane était une « immense bibliothèque », mais malgré ce qu’il représentait, « il n’aimait pas donner des leçons », bien que « sa vie, son œuvre et son génie créateur ont enseigné et continueront encore longtemps à enseigner le sens de l’Afrique avec la passion qui le caractérisait », a souligné l’ancienne ministre de la Culture du Burkina Faso, Alimata Salambéré.

« Je rends ici avec vous un hommage à un panafricaniste, à un visionnaire, à un baobab du cinéma et des cultures africaines », a dit Alimata Salambéré, première présidente du comité d’organisation du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) à sa création en 1969.

Sembène Ousmane « a réalisé près d’une quinzaine de films, il a écrit plusieurs livres, mais son plus grand regret est celui de n’avoir pas pu réaliser le film de ses rêves, le film sur Samory Touré, le résistant africain, faute de financement », a révélé Mme Salambéré.

Elle dit regretter que le cinéaste n’ait pas pu obtenir le financement qu’il espérait auprès des chefs d’Etat africains, « car pour lui, aller chercher l’argent ailleurs pour faire un tel film, cela était proprement inconcevable dans son esprit panafricaniste ».

Sembène Ousmane est rassembleur et panafricaniste « dans tous ces actes », note Mme Salambéré, signalant qu’à l’initiative de l’auteur de « Borom Sarret », une cérémonie de libation est encore aujourd’hui organisée à la place des cinéastes de Ouagadougou, le lendemain de l’ouverture de chaque section du festival, « pour que la mémoire des devanciers et les empreintes de leur combat ne soient jamais oubliées ».

Pour l’ambassadeur du Sénégal au Cameroun, Khare Diouf, Sembène Ousmane « était un homme éblouissant d’énergie dont la vie a été vouée à la défense des causes justes ».

« Ces livres se présentent comme une caméra qui se promène et ses films, des livres ouverts. Pas à pas, il a suivi l’évolution de son continent et de sa communauté dans l’histoire en construction », a conclu le diplomate sénégalais au sujet de celui que ses pairs appelaient affectueusement « l’aîné des anciens ».

Sembène Ousmane a été ouvrier, soldat dans le corps des Tirailleurs sénégalais, puis docker à Marseille, en France, avant d’embrasser le cinéma à l’âge de 40 ans après avoir fait des études à Moscou, du temps de l’Union soviétique.

aps

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