Le mois de Mai a été, a vrai dire, un moment d’intense activité diplomatique pour le président nouvellement élu du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye.

Quoiqu’on puisse dire sur le chronogramme de ses déplacements, et les pays qu’il a visité, il ya quand même quelque chose d’incontestable pour un président qui vient fraichement d’accéder à la magistrature suprême, à qui on ne connait pas un antécédent à des hautes responsabilités.

Le premier signe à relever est sans doute celui d’une certaine maturité diplomatique, qui se reflète dans l’ordre de priorité des choix de ses premières étapes, qui rompent avec ce qu’on avait l’habitude de voir.

Il est clair que la diplomatie sénégalaise qui pendant longtemps a rayonné à travers le monde à travers des hommes et des femmes toujours en service, n’est pas étrangère à la pertinence de ces options diplomatiques.

Toutefois, le mérite du président sénégalais, c’est d’avoir donné la priorité aux intérêts du Sénégal et des sénégalais qui l’ont élu.

C’est dans ce sens qu’il faut lire son premier déplacement à Nouakchott triplement. Le pétrole qui est apparu dans le zone frontalière entre les deux pays dont l’exploitation est imminente et sur lequel un accord avait été signé par son prédécesseur.

Ensuite la lancinante question des licences de pêche à l’origine de conflit souvent sanglants entre pêcheurs de St louis et les gardes côte mauritaniens.

C’est donc la coopération bilatérale sur des questions majeures qui mobilisent le président sénégalais.

A cela bien sûr s’ajoute le fait que le président EL Ghazouani de Mauritanie est président en exercice de l’Union Africaine et très intéressé, bien que n’étant pas membre de la Cedeao, à une solution de la crise qui sévit, et perdure au sein de cette organisation, dont le Sénégal est membre.

Les étapes qui ont suivi, notamment au Nigéria et en Côte d’ivoire, s’inscrivent pratiquement dans la stratégie du président sénégalais de s’accorder avec les deux « géants » économiques respectivement en Afrique de l’Ouest et au sein de l’UEMOA.

Le Sénégal y a tout intérêt, d’autant que l’ancien régime sénégalais, engagé au sein de la CEDEAO, avait pris des positions qui lui ont valu une certaine « tièdeur » de la part des pays qui avaient fait l’objet d’un embargo de la part de l’organisation communautaire.

La question de la monnaie régionale a été certainement au menu des échanges, si on analyse bien la position du président Faye sur cette question aujourd’hui.

Il l’a précisée en disant que sa démarche était dans la perspective d’avoir une monnaie commune, faute de quoi, il envisageait de doter son pays de sa propre monnaie.

Le bilatéral est en effet au cœur de ce positionnement diplomatique, qui est d’autant plus légitime, qu’il vient d’être élu à 54,28% au premier tour de la présidentielle du 24 Mars 2024, donc apte à prendre de nouvelles orientations, qui le moins qu’on puisse dire ne corroborent pas l’attitude belliqueuse de son prédécesseur vis des pays de l’AES.

Certains, lui reprochent d’être allé à la rencontre des présidents des 3 pays de l’AES qui sont tous des régimes de transition issus de coups d’état militaires.

C’est me semble être une lecture très étriquée, qui ne prend pas en compte les intérêts vitaux du Sénégal, notamment vis-à-vis du Mali avec qui il entretient près de 70 % de ses exportations. Le Burkina et le Niger également participent à l’approvisionnement du Sénégal en Moutons de tabaski au même titre que le Mali et la Mauritanie.

Si on veut analyser froidement cette démarche, on ne peut pas éluder les éléments de langage bien choisi par le Président Bassirou Diomaye Faye.

Au Mali, au Niger comme au Burkina Faso il a parlé de « positions figés » côté AES et de « flexibilité » à promouvoir, non sans préciser qu’il s’agissait d’avoir des échanges bilatéraux.

Bref la diplomatie du bon voisinage est surtout un gage de la sécurité, car il ne faut pas l’oublier, au mois d’avril déjà il était en voyage en Gambie, en Guinée, et en Guinée Bissau pour un prétexte tout à fait compréhensible, qui au-delà du voisinage vise à poser les jalons d’une coopération en matière de sécurité collective, car disposant d’une frontière commune.

On le voit, le nouveau président sénégalais est en train petit à petit de tracer sa carte diplomatique, qui pourrait à terme faire de lui un acteur incontournable sur l’échiquier politique sous régional, auréolé qu’il est de son élection éclatante à la tête du pays au moment ou presque tout le monde craignait le pire.

Ceci ne manque pas de soulever certaines interrogations sur le tempo qu’il entend imprimer aux relations complexes entre la France et le Sénégal, dans un contexte ou la contestation de la politique française, notamment sa coopération économique avec les pays de l’espace francophone ouest africain est de plus en plus véhémente.

Nul doute que sa visite programmée en France dans le courant du mois de juin permettra d’y voir un peu plus clair.

allafrica

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