L’année 2023 qui s’achève, est un bon prétexte pour analyser la trajectoire économique de notre pays à l’aune des soubresauts, pour dire moins, de la crise sanitaire Covid 19 et ses conséquences, exacerbées par la crise Russo-Ukrainienne.
Le Sénégal a, il est vrai, traversé ces chocs exogènes, en faisant preuve de beaucoup de résilience et de pari hardi afin de préserver les fondamentaux de notre économie, au moment où des pays comparateurs ou même développés étaient sous l’escarcelle de la récession économique sans précédent.
On en a pour preuve, la richesse générée par les entreprises sénégalaises qui a connu une croissance moyenne de 3,96% entre 2018 et 2021.
C’est sans doute, l’une des explications de l’efficacité des politiques de relance et de résilience initiées par l’Etat du Sénégal à travers le Programme de Résilience Economique et Sociale (PRES) et le Plan d’Actions Prioritaires Ajusté et Accéléré (PAP2A).
Après dix ans de mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE), il est indéniable que la structure de l’économie sénégalaise s’en est retrouvée fondamentalement modifiée, avec une migration des secteurs à faible productivité, comme l’agriculture, au profit d’activités plus rentables tels que l’industrie ou les services.
On note en effet, une forte concentration des activités industrielles et celles relevant des Services (82,41%), quoique fortement polarisées entre Dakar, Thiès et Diourbel.
Ce résultat pourrait être interprété comme le signe précurseur d’un virage stratégique vers la transformation structurelle de notre économie, telle que consignée dans l’Axe 1 du PSE. Mais la réalisation d’une telle ambition devrait être corrélée avec des taux de croissance élevés, pour atteindre un développement durable, inclusif, équitable et endogène.
Les secteurs de l’agroalimentaire, de la construction, de l’électronique, des ressources minières, des industries manufacturières, pétrolières et énergétiques entre autres, pourraient être des niches d’opportunités pour accroitre le niveau d’émergence.
Au demeurant, la performance économique notée durant la phase décennale avec un taux de croissance moyen de 5%, a été réalisée en combinaison avec le développement d’un ensemble de marqueurs sociaux ainsi que de politiques d’inclusion et d’équité.
Tout au plus, un bref bilan nous amène à relever que notre économie doit se débattre d’un certain nombre de défis structurels pour mieux réamorcer l’offre et rééquilibrer la demande : la création optimale d’emplois face à un niveau de chômage de plus en plus pressant chez les jeunes, l’accumulation des investissements privés dans un cadre de gouvernance propice aux affaires, le financement adapté aux unités agricoles, commerciales et industrielles, etc. .
Il est clair que l’ouverture de la seconde phase de la plateforme industrielle de Diamniadio, avec tous les effets escomptés, devrait, à terme, outre la génération massive d’emplois, favoriser la promotion de clusters d’entreprises, améliorer la diversification sectorielle de notre tissu économique mais également et aussi renforcer la productivité industrielle dans un contexte de mise en exploitation prochaine du pétrole et du gaz, et du développement de la plateforme de l’AIBD.
Ceci pourrait effectivement apporter un gain d’attractivité, créateur d’emplois.
La mise en œuvre effective des zones économiques spéciales (ZES) peut ainsi s’inscrire dans le train de réformes souhaitables, pour accroitre la compétitivité commerciale et industrielle du Sénégal face à la concurrence extérieure qui ne sera pas aisée dans un espace comme laZone de libre-échange continental africaine (ZLECAF).
Cette recherche d’attractivité du fait de la mise en œuvre des politiques publiques, inscrivent résolument le Sénégal dans la voie de la souveraineté économique et budgétaire avec l’accroissement continu de ses recettes internes.
Toutefois, il est à souligner que les entreprises les plus affectées par la lourdeur des charges fiscales, c’est-à-dire les taux de pression fiscale les plus élevés, sont celles exerçant dans le Commerce (27,95%) et les BTP et annexes (26,43%).
Paradoxalement, ce sont ces mêmes secteurs qui sont les moins collecteurs d’impôts avec des taux respectifs de collecte s’établissant à (15,59%) et (8,68%, ce qui ne manque pas de soulever quelques interrogations.
Enfin, le PAP3 qui accorde une place de choix aux secteurs émergents et moteurs de croissance, devrait permettre de booster la transformation structurelle de l’économie et d’installer notre pays sur la rampe de l’émergence en 2035.
Lejecos Magazine