Au Sénégal, des acteurs de la pêche à Saint-Louis disent attendre « d’énormes changements » dans la gestion du secteur, pour qu’il puisse repartir sur de « nouvelles bases » impliquant, s’il le faut, la renégociation des contrats de pêche liant le Sénégal à des pays tiers dont ceux de l’Union européenne.

Ces acteurs ont fait part de leur souhait de voir l’avènement de la nouvelle équipe gouvernementale se traduire par « des lendemains meilleurs » pour le secteur et son développement.

De l’avis de la secrétaire adjointe du Conseil local de la pêche artisanale (CLPA) de Saint-Louis, Fama Sarr, un mémorandum a été partagé dans ce sens avec tous les candidats bien avant l’élection présidentielle.

L’embouchure, un vrai casse-tête

Se prononçant sur cette question, elle a dit à qui veut l’entendre que « nous savons très bien que dans le secteur de la pêche, subsistent beaucoup de problèmes. Donc, nous croyons qu’il y aura d’énormes changements dans ce secteur ».

« Quand on parle de la région de Saint-Louis, on pense aussitôt à l’embouchure qui, vraiment, fait des dégâts immenses […] », a souligné Fama Sarr, dont les activités portent sur la transformation de produits halieutiques.

A l’en croire, les problèmes liés à cette brèche font partie des « plus grandes doléances formulées » par les pêcheurs de la région de Saint-Louis et du secteur en général.

Rappelons qu’en octobre 2003, la ville de Saint-Louis allait être engloutie par la montée des eaux du fleuve Sénégal, obligeant les autorités à trouver dans l’urgence une solution pour sauver la ville et des vies humaines.

C’est ainsi que les pouvoirs publics et les autorités communales ont pris la décision de créer un canal de délestage sur la Langue de Barbarie, une brèche de 4 m au départ, qui a atteint désormais plus de 5 km, changeant les caractéristiques biophysiques de la zone.

De l’avis de cette femme transformatrice de produits halieutiques, les contrats doivent être renégociés pour que de nouvelles bases soient établies.

Poursuivant son speech, Fama Sarr a indiqué que « ce qu’attendent les pêcheurs, c’est que de nouvelles bases soient établies en impliquant toutes les parties prenantes ». Elle a aussi estimé que « cela ne fera que renforcer ce secteur » et « régler beaucoup de problèmes ».

Un déficit d’infrastructures

Pour sa part, l’ex-coordonnateur du conseil local de la pêche artisanale et habitant de Guet-Ndar, quartier traditionnel de l’ancienne capitale du Sénégal a expliqué que la vérité, c’est que la ville de Saint-Louis se trouve aussi confrontée à un manque d’infrastructures de pêche.

« Saint-Louis manque d’infrastructures au niveau de la pêche. Il manque de quais de pêche, de chantiers de construction navale », a lancé Baye Diallo.

« Il nous faut [aussi] de la transparence dans la gestion des ressources parce que la ressource appartient au peuple », a ajouté Baye Diallo, par ailleurs secrétaire national du Syndicat des acteurs de la pêche artisanale affilié à la CNTS, la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal.

Baye Diallo, qui préside actuellement aux destinées de la plateforme « Aar Sunu Alal », est revenu sur « les priorités » d’un secteur dont l’importance sur la marche de l’économie sénégalaise n’est plus à démontrer.

A ce propos, il a laissé entendre que « les priorités, c’est d’abord une concertation large, inclusive et participative à laquelle tous les acteurs seront impliqués.

La pêche est une activité économique qui peut vraiment booster le développement de notre pays ».

La pêche et les problèmes de ce secteur étaient au cœur de la campagne pour la présidentielle du 24 mars 2024, dont les résultats provisoires, proclamés mercredi 27 mars 2024, donnent Bassirou Diomaye Faye vainqueur avec 54,28% des suffrages.

Au cours de la campagne électorale, les différents candidats à la magistrature suprême ont rivalisé de propositions pour sortir le secteur de la pêche des difficultés.

Si certains des 19 candidats en lice ont fait des promesses relativement à la nécessité de moderniser le secteur par la création d’un port et de quais de pêche notamment, d’autres ont insisté sur la nécessité de renégocier les licences de pêche.

L’impact de l’exploitation pétrolière et gazière sur la tenue du secteur a également occupé les discours de campagne de plusieurs candidats.

VivAfrik

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