Le premier ministre suit un chemin qui ne sera pas sans conséquence s’il ne maîtrise pas sa fougue. Ousmane Sonko, leader du parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF), est en train de suivre le chemin sinueux pris par Macky Sall.
L’ancien président s’est perdu en arpentant cette voie. L’ancien maire de Ziguinchor ne le sait sûrement pas, mais ses erreurs risquent de porter préjudice au chef de l’Etat qui doit matérialiser le «PROJET».
Ousmane Sonko reprend le micro. Comme à ses habitudes, il a tenu un discours qui fait grincer des dents.
Dans sa déclaration en marge de la journée du nettoiement, ce samedi, il a lancé des piques à la presse. Le Premier ministre estime qu’il n’a pas «à rendre compte ni aux journalistes, ni aux politiques», mais seulement au peuple. Sûrement que le patron de Pastef oublie que les acteurs de la presse et les politiciens font partie du peuple.
Loin de s’en arrêter, il a mis en garde les fauteurs de troubles.
«A ce peuple, je veux dire simplement qu’il peut dormir tranquille. Je veux rassurer ce peuple, qu’il n’y aura que la paix au Sénégal. Rien ni personne ne peut déstabiliser le Sénégal», a-t-il lancé.
Bizarrement ce discours du Premier ministre ressemble à celui tenu par Macky Sall dans son discours guerrier en 2023.
« Je ne laisserai personne détruire ce pays », avait-il lancé. Une sortie qui se comprend aisément vu qu’on était en pleine crise. Alors pourquoi Ousmane Sonko a-t-il tenu de tels propos alors qu’il n’y a pas le moindre acte de violence depuis que le président Bassirou Diomaye Faye est au pouvoir ? Contrairement au Pastef, la nouvelle opposition dort encore et elle semble ne pas opter pour la force. Rares sont même les hommes politiques qui dénoncent le nouveau régime.
Les seules personnes qui s’opposent au nouveau régime sont à chercher dans la presse.
Il ne se passe plus un seul jour sans que des journalistes ne rappellent aux autorités les priorités. Mais aussi leurs promesses de campagne. Malheureusement, il semble que les successeurs de Macky n’acceptent pas trop la critique comme lui. En l’espace de deux (2) mois, deux (2) journalistes ont été convoqués. Un lanceur d’alerte et un imam envoyés en prison pour des propos sur le premier ministre.
Et les des soutiens de Macky Sall commencent à avoir des problèmes avec la justice
Tout ce beau monde peut s’agiter.
Mais c’est au président de ne pas tomber dans le piège qu’on veut lui tendre. Ousmane Sonko n’a pas été élu. C’est Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Le chef de l’Etat ne veut pas d’une république des juges. Mais ce qu’il doit éviter, c’est que le Sénégal redevienne un pays où les habitants sont envoyés en prison pour délits d’opinion.
Si Macky Sall est devenu la personne la plus détestée c’est parce que sous régime, les gens allaient en prison pour des broutilles. Les journalistes ont été muselés.
Alors ressusciter le monstre uniquement pour ne pas que le premier ministre soit critiqué n’est pas très malin pour un Etat qui appelle à la rupture.
Le Pastef de Sonko devrait être le dernier parti à vouloir s’imposer comme l’a fait Macky Sall.
Lorsqu’ils étaient dans l’opposition, des personnes qui se faisaient appeler patriotes en ont fait voir de toutes les couleurs à leurs adversaires. Ils avaient réussi à développer une véritable culture de la peur.
Maintenant qu’ils sont au pouvoir, ils ne devraient pas se plaindre que les mêmes procédés soient utilisés contre eux.
D’ailleurs faut le rappeler, la première personne à avoir insulté publiquement le président élu est membre du parti au pouvoir. Pourtant ce monsieur n’est pas tombé sous le coup de l’article 80. Alors, les nouvelles autorités doivent se concentrer sur leur mission.
Et éviter de se renfermer dans le radicalisme.
Quoiqu’il en soit, aucun sénégalais ne souhaite que le président Diomaye échoue dans sa mission. Mais pour arriver à concrétiser le projet, le chef de l’Etat doit faire attention à son entourage.
La cause de son échec est au sein de son parti. Les sénégalais ont commencé à vivre en paix. Ils ont oublié l’ère Macky Sall alors une vengeance ne fera que précipiter la chute du tandem Sonko-Diomaye.
Xibaaru