Fournir aux particuliers et entreprises des couvertures d’assurances personnalisées, abordables et accessibles en tout temps et en quelques minutes via une infrastructure technologique de distribution et de gestion. C’est la solution que propose Assuraf. Son Directeur général, Souleymane Gning s’est entretenu avec le « Journal de l’économie sénégalaise », Lejecos, sur le business model de Assuraf, sa différence avec les autres structures existantes.
Assuraf, a expliqué M. Gning, se définit plutôt comme une AssurTech ou InsurTech; un tout nouveau type d’acteur dans la chaine de valeur de l’assurance.
Vous avez décidé de fédérer au sein de Assuraf les compétences technologiques et le cœur de métier de l’assurance à travers le premier courtier digital Made in Africa, Assuraf. Pouvez-vous revenir sur la raison qui a justifié cette approche et votre business model ? Quels sont les services à valeur ajoutée proposés par Assuraf?
Assuraf est littéralement née au gré de rencontres et d’échanges occasionnels entre la Tech (eConnect) et des acteurs de divers secteurs de l’économie au Sénégal, notamment ceux de l’Assurance.
Rapidement il s’est imposé comme une évidence, un intérêt grandissant pour l’assurance, qui est en même temps si peu réellement démocratisée dans nos pays, quoiqu’étant un pilier crucial de toute économie.
Il est indéniable que l’assurance joue un rôle de stabilisateur social et économique important, que ce soit pour les individus ou collectivement, ainsi que pour les entreprises, dont elle peut aussi servir de catalyseur.
C’est ce qu’a pu souligner Henri Ford : « New York n’est pas la création des hommes, mais celle des assureurs. Sans les assurances, il n’y aurait pas de gratte-ciel car aucun ouvrier n’accepterait de travailler à une pareille hauteur, en risquant de faire une chute mortelle et de laisser sa famille dans la misère ».
La solution d’Assuraf est de fournir aux particuliers et aux entreprises des couvertures d’assurances personnalisées, abordables et accessibles en tout temps et en quelques minutes via une infrastructure technologique de distribution et de gestion.
L’objectif de notre modèle est de permettre la souscription et la gestion de polices d’assurance, que ce soit en direct ou via des partenaires, et de générer un revenu sur chaque contrat.
Qu’est-ce qu’un courtier digital et en quoi le modèle Assuraf est différent des autres expériences existantes ?
Un courtier en assurance est un intermédiaire, administrativement autorisé par le régulateur des assurances (Direction des Assurances), qui propose des produits d’assurances adaptés aux besoins des clients et usagers. Un courtier digital est donc, en termes simples, un intermédiaire d’assurance qui utilise principalement le numérique pour ses opérations.
La liste officielle des courtiers 2024 compte 90 courtiers officiels au Sénégal qui se partagent approximativement 44% du marché non-vie en 2021 (et 17% du marché vie en 2021). Pour rappel le marché des assurances au Sénégal a généré en cumul toutes branches un total de 274,463 milliards de FCFA en 2023, en hausse de 10.13%.
Assuraf se définit plutôt comme une AssurTech ou InsurTech; un tout nouveau type d’acteur dans la chaine de valeur de l’assurance, qui s’appuie sur les nouvelles technologies pour introduire des innovations conduisant à l’éclosion de nouveaux modèles économiques, de nouveaux processus, de nouveaux produits. Notre champ d’action va bien au-delà de la distribution, du courtage ou du comparateur de prix : nous ambitionnons de réinventer l’assurance (toutes branches) grâce au digital et dans tous ses aspects. Le modèle Assuraf se démarque des autres initiatives dans la région en ce sens.
Une question cruciale qui subsiste c’est pourquoi à l’ère digitale est-il encore impossible d’acheter rapidement et simplement de chez soi une assurance ? Quelles sont les réponses appropriées apportées par ASSURAF pour pouvoir relever ce défi ?
Initialement, il y avait très peu d’offres d’assurance en ligne, voire pas du tout. En raison de l’indisponibilité de l’offre, il était donc impossible d’obtenir son assurance depuis son canapé. Maintenant, c’est possible grâce à Assuraf et à d’autres acteurs. De la même façon qu’on peut réserver un taxi, une pizza ou faire ses courses sans bouger de chez soi.
Assuraf offre déjà de nombreuses assurances et intègre régulièrement de nouvelles innovations et produits. L’objectif est de fournir finalement toutes les assurances en ligne.
Il demeure que beaucoup, sans aller eux-mêmes sur les plateformes proposées, sont attachées à l’aspect contact humain ou à la facilité de faire par un autre. On arrivera un jour (bientôt) où prendre son assurance tout seul de son téléphone ou dans un parcours digital sera chose aisée pour tous.
La transformation numérique et technologique en assurances s’accompagne également d’un autre défi, qui est la gestion des risques liés à l’innovation (risques émergents). Existe-t-il des contraintes d’ordre réglementaire ou juridique dans le développement des activités de Assuraf?
Plusieurs contraintes se posaient dans un secteur aussi règlementé que l’assurance, à savoir essentiellement la nécessité de la signature du souscripteur et l’obligation de la preuve d’assurance ou de contrat physique.
Dans le contexte de la digitalisation du secteur, ces contraintes font l’objet de quelques ajustements réglementaires. Comme je dis souvent, l’assurance « à grande échelle » sera digitale ou ne sera pas. Pour évoluer et prospérer, il est impératif que le secteur se modernise et se digitalise.
En ce qui concerne les nouveaux risques potentiels que cela impliquerait, il faut reconnaitre que le risque est intrinsèque à toute activité. Il ya là une opportunité pour le secteur d’innover dans la gestion de ces éventuels nouveaux risques.
Le marché de l’assurance se digitalise, avez-vous été associé dans le processus en tant qu’acteur clé de l’écosystème digital ?
En réalité, pas vraiment.
Pour l’instant, le projet semble n’impliquer que l’association des assureurs, des compagnies et le prestataire sélectionné pour l’intégration du talon digital.
Les courtiers et d’autres acteurs ont été peu ou pas inclus, ce qui ne favorise pas une plus grande inclusion et une adoption plus rapide par le marché. Il faut noter que sur l’automobile les courtiers représentent une forte part du marché, et ne pas les inclure dans la démarche initiale me semble pour le moins questionnable.
Certainement, nous en arriverons à être inclus le moment venu, en espérant que le retard dans cette inclusion, entre autres choses, ne soit pas néfaste, au projet de talon digital et au projet plus global de digitalisation de l’assurance au Sénégal.
Quels sont vos projets respectifs à court et moyen terme ?
Nos projets ? – sans en dire trop – C’est développer de nouveaux produits (pour particuliers et entreprises) et des partenariats de distribution, d’une part, et d’autre part gérer et d’exporter nos plateformes dans la sous-région (Cima) pour nous imposer comme un acteur majeur de l’assurance digitale en Afrique. Le meilleur est à venir, c’est certain !
Lejecos Magazine