Depuis quelques temps, la gestion des urgences dans les structures sanitaires constitue un véritable problème pour les populations, les praticiens mais aussi les autorités. C’est pour résoudre cette équation que le ministère de la Santé et de l’Action sociale, a lancé hier, le Plan stratégique national d’Amélioration de la Gestion des urgences au Sénégal 2022-2026.
Un mois après sa nomination à la tête du ministère de la Santé et de l’Action Sociale, Dr. Marie Khémesse Ngom Ndiaye a convoqué une réunion avec les acteurs concernés sur la gestion des urgences. Pour la ministre de la Santé, depuis les assises sur les urgences, organisées en 2019, de nombreuses actions ont été menées, d’importantes mesures prises et d’immenses efforts consentis afin d’améliorer la gestion des urgences.
«Cependant, les urgences pré-hospitalières et hospitalières continuent encore de nous préoccuper et sont presque quotidiennement la source d’interpellations, surtout de la part des usagers du service public de la santé. Il ne se passe pas un jour sans que le ministère ne soit alerté sur une situation relative aux urgences», indique Dr. Marie Khémesse Ngom Ndiaye, qui se demande si de pareilles situations traduisent de simples dysfonctionnements ou révèlent des insuffisances dans la gestion des urgences au Sénégal.
A en croire la remplaçante d’Abdoulaye Diouf Sarr, la gestion des urgences présente de réels gaps et des défis importants à relever. «C’est donc un vaste chantier», souligne-t-elle. Par conséquent, elle demande aux travailleurs de la santé de redoubler de vigilance et d’être très attentifs à la qualité qu’ils rendent aux populations.
40 milliards FCfa pour améliorer la gestion des urgences
Pour améliorer la gestion des urgences, un plan stratégique qui va s’étendre sur cinq ans a été mis en place. «C’est un plan qui va nécessiter un budget de 40 milliards FCfa sur les 5 ans. Nous avons commencé en termes d’équipements et d’infrastructures, mais il y aura toujours des gaps», affirme Dr. Marie Khémesse Ngom Ndiaye.
Au-delà du manque d’équipements et d’infrastructures, la ministre de la Santé relève des problèmes de coordination. «Avec ce plan, il faut une organisation du travail, une méthodologie dans la coordination. Ce plan va nous permettre d’identifier les gaps et d’aller vers la résolution des problèmes», assure-t-elle.
La formation, un pilier important dans la gestion des urgences
En dehors des obstacles rencontrés sur le terrain, la formation aussi pose problème dans la gestion des urgences. De l’avis du Dr. Marie Khemesse Ngom Ndiaye, l’étude de la déontologie est importante dans les instituts de formation. «Un travail a été fait sur ces écoles de formation et nous avons donné des instructions pour qu’elles soient en règle, car 48% de ces écoles ne sont pas aux normes», renseigne-telle avant d’ajouter : « Si elles ne répondent pas aux normes, elles sont appelées à disparaitre, parce que la formation constitue un pilier important. C’est la fondation même de tout ce que nous sommes en train de faire, parce que si la formation est ratée dès le départ, il sera difficile de reconstituer un bâtiment ».
Ces goulots d’étranglement qui plombent les urgences
Déficit en ressources humaines de qualité, mauvais accueil, infrastructures obsolètes, déficit de formation…, ce sont là autant de points qui perturbent la gestion des urgences au Sénégal. Selon la directrice des établissements publics de santé, Dr. Fatou Mbaye Sylla, les structures ne répondent plus aux normes, il y en a qui sont âgées de plus de 40 ans.
Selon le rapport de supervision sur les directives d’accueil et de prise en charge des urgences, 96% des structures hospitalières qui disposent d’un service d’accueil et d’urgences ne sont pas aux normes, de même que 61% des unités d’accueil et de prise en charge des urgences.
« Les urgences sont devenues un problème de sécurité nationale. Il ne se passe pas un jour sans que les populations ne fassent des récriminations par rapport à la prise en charge, à l’accueil et la disponibilité des lits, alors que cela a abouti à l’organisation de concertations en 2019 qui nous ont permis d’élaborer de fortes recommandations», souligne Dr. Fatou Mbaye Sylla.
Poursuivant, elle estime que des gaps ont été constatés sur toute la chaîne de prise en charge, depuis la régulation jusqu’à l’hospitalisation du malade. «On ne peut pas dire que l’on va régler à 100%, mais il faut faire en sorte d’améliorer la gestion des urgences d’ici les 5 prochaines années. Cela veut dire que d’ici 2026, on ne veut plus entendre parler de situation comme : «n’avons pas de lit», «l’on a fait le tour des hôpitaux sans avoir de place», a averti la directrice des établissements publics de santé.
L’As