Tivaouane, 25 fév– Les forêts du département de Tivaouane (ouest) subissent une forte pression foncière, due à l’urbanisation galopante et à une nouvelle forme de spéculation pratiquée par des individus qui convoitent de nouvelles terres, pour espérer les monnayer contre des remboursements d’impenses.

‘’A Tivaouane, plusieurs facteurs sont à l’origine d’un rétrécissement des surfaces boisées du département, où les populations sont toujours à la recherche de nouvelles terres’’, a dit à l’APS, le capitaine Younouss Diédhiou, chef du secteur départemental des eaux et forêts.

Si certains sont intéressés par des espaces pour exercer leurs activités agricoles, beaucoup d’autres comme les spéculateurs fonciers, conscients de l’intérêt des industries extractives pour la zone, occupent ces terres dans l’espoir de pouvoir prétendre à des impenses, devenues un filon juteux.

Plusieurs sociétés extractives sont en activité dans le département de Tivaouane dont le riche sous-sol est très convoité. Les Industries chimiques du Sénégal (ICS), Grande côte opération (GCO), GPHOS ont toutes besoin de terres.

Sachant qu’en ayant un lopin de terre quelque part, ces derniers pourraient ultérieurement bénéficier du paiement d’impenses, quand ils devront être déplacés pour les besoins d’exploitation.

Suscitant autant de convoitises, les populations et spéculateurs fonciers se ruent de plus en plus vers de nouveaux espaces inoccupés.

Cette nouvelle forme de spéculation foncière adossée à la recherche de retombées issues des impenses, a tendance à se généraliser à travers tout le territoire du département de Tivaouane dont le riche sous-sol est très convoité.

Le périmètre de restauration des Niayes, une zone classée, est la plus menacée par ces spéculateurs souvent venus d’autres contrées.

Les populations des villages riverains du périmètre de restauration s’adonnent aussi à cette pratique, profitant de l’expansion de leur hameau.

Au-delà de ce phénomène, l’autre menace qui plane sur certaines forêts du département de Tivaouane, émane de l’urbanisation galopante avec l’expansion du front urbain.

Selon le capitaine Diédhiou, certaines forêts comme celle de Pire, n’existent plus que de nom. ‘’Il ne reste qu’une petite partie de la forêt (…) jadis bien luxuriante et diversifiée (où), le front urbain a tellement pris de la place qu’il ne reste plus que des rôniers’’, dit-il.

Si cette bande de terre située à quelques heures de route de Dakar, subit l’empiètement d’établissements humains, c’est aussi à cause de sa position géographique qui la rend d’autant plus attractive.

Selon Younouss Diédhiou, le périmètre de restauration des Niayes est la plus grande forêt classée dans le département de Tivaouane, avec 44.244 ha.

Elle abrite la bande de filaos reboisée pour freiner et fixer l’avancée des dunes de sable afin d’amener les populations à se sédentariser et les producteurs maraîchers à préserver leur activité.

‘’Ce périmètre de restauration des Niayes est notre plus grand problème. Les gens viennent de partout pour y faire des spéculations’’, déplore le capitaine Diédhiou.

Comme son nom l’indique, une forêt classée ne doit être occupée qu’après avoir été déclassée et seul le président de la République peut prendre une telle décision par décret, selon la législation sénégalaise.

Le département de Tivaouane abrite au total 57.894 ha de forêt. Il s’agit de la forêt classée de Pire, vaste de 2.500 ha, de la forêt de Pout dont la partie qui bascule vers la zone de Mont-Rolland, couvre 3.500 ha.

S’y ajoutent la forêt de Ndéméne, localisée dans l’arrondissement de Niakhène, et large de 700 ha, ainsi que les 200 ha boisés de Diacksao.

Le chef du secteur des eaux et forêts de Tivaouane, a salué l’appui des autorités nationales et le professionnalisme des brigades des eaux et forêts, ainsi que des agents techniques qui multiplient les formations pour une bonne gestion de toutes ces forêts.

aps

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