Ousmane Sonko a effectué une tournée africaine qui l’a vu assister à l’investiture de Paul Kagamé pour un quatrième mandat avant de rallier Bamako. L’homme qui combattait un 3ème mandat au Sénégal est parti célébrer un 4ème mandat au Rwanda obtenu avec 99,18%… Au Mali, il a parasité la médiation de Diomaye. Le moins que l’on puisse dire est que cette première sortie est couronnée d’un échec patent.

A Kigali, Sonko a subi plusieurs humiliations ; il est renvoyé systématiquement à son statut de Premier ministre devant des Chefs d’État africains, dont certains dirigent les plus grandes économies du continent. A l’arrivée, lors d’une audience avec Paul Kagamé, le protocole d’État rwandais n’a pas jugé utile de placer le drapeau sénégalais à côté de celui du Rwanda.

En diplomatie, l’absence de drapeau dans une rencontre signifie qu’elle n’a aucun cachet officiel, et que dans le cas d’espèce le Sénégal n’était pas officiellement présent à Kigali.

Lors du moment solennel de l’investiture, Sonko recevait une autre douche froide. Il a été relégué aux chaises installées à l’arrière de la tribune présidentielle du stade Amahoro de Kigali. Ousmane Sonko a été snobé par le numéro un rwandais, qui n’a pas daigné lui serrer la main à son arrivée et avant son installation, contrairement aux autres chefs de délégation présents.

Cerise sur le gâteau du désintérêt affiché par les autorités rwandaises à l ‘égard du Premier ministre, la fin de son séjour.

En effet, à la volée derrière des portes closes d’un bureau sommaire et exigu, Kagamé a accordé une audience de quelques minutes à Sonko avant son départ. Visiblement impressionné par la stature et la prestance de Kagamé, Sonko a multiplié les courbettes d’obséquiosité à l’endroit du Président rwandais dont la mine ferme et le geste négligeant vis-à-vis de son hôte du jour étaient très éloquents.

Paul Kagamé, qui était très lié au Président Macky Sall et a même assisté à la cérémonie d’inauguration du Stade Me Abdoulaye Wade, connait aussi bien Karim Wade.

L’homme qui a donc reçu de nombreux chefs d’État dont Faure Gnassingbé du Togo, Nana Akufo­Addo du Ghana ou Salva Kiir du Soudan du Sud, n’a surement pas apprécié que Bassirou Diomaye Faye lui envoie son collaborateur, accompagné dans sa délégation, entre autres, par Abdoulaye Bathily…

Après la douche froide de Kigali, Sonko s’est rendu à Bamako, flingué de son oncle Djiby Ndiaye Gueye.

Reçu furtivement par Assimi Goïta, Président de la Transition, il a échangé les amabilités avec Choguel Maïga qui, dans un passé récent, a tenu des propos vulgaires et insultants contre le Sénégal.

Durant sa prise de parole, Sonko est comme à l’accoutumée revenu sur ses propos d’hier.

Il avait fustigé le choix des États de l’AES de quitter la CEDEAO en déclarant son refus d’« encourager une nouvelle scission ». A Bamako, il a à nouveau produit un discours inconsistant, touffu, truffé d’incohérences, d’inconstances et de salmigondis divers.

Il est difficile d’y trouver une cohérence sur la politique étrangère du Sénégal à l’égard du Mali et des pays ayant fait scission de la CEDEAO.

Là où la position du Sénégal, conformément aux instances officielles de la CEDEAO, notamment la Conférence des Chefs d’État, a été le rejet de toute scission, considérée comme un geste attentatoire à l’intégration régionale et à l’unité africaine.

Le Sénégal est un pilier de la CEDEAO et ne saurait tenir un double discours qui déroute nos partenaires régionaux. Un jour avec la CEDEAO et le jour suivant, faire les yeux doux à des putschistes dont le seul mérite est d’avoir arraché le pouvoir par les armes.

Dans les pays de l’AES, que semble admirer Sonko, les libertés sont confisquées et les droits de l’homme menacés au quotidien par des régimes militaires.

Il se pose enfin un sérieux problème : qui définit la politique étrangère du Sénégal ? La Diplomatie est le domaine réservé du Président de la République.

Diomaye est chargé par la CEDEAO de négocier en son nom pour ramener les frères égarés, comment alors Sonko peut-­il aller à Bamako et rivaliser d’ardeur dans le soutien à un pays moteur de l’AES qui ne cesse de flétrir au quotidien les démocraties de la CEDEAO ?

liiquotidien

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