Le président Diomaye Faye devra apprendre à n’être plus Sonko, mais le président de tous les Sénégalais. Il devra se faire violence et comprendre que « président dou Rakou kenn ».
« Un vote est une sorte de prière sur le genre de monde dans lequel vous voulez vivre. » George Orwell
Les Sénégalais ont compris, et l’ont fait savoir à leur classe politique devenue sourde à tous leurs énervements sporadiques, que l’une des sanctions pour avoir refusé de participer à la politique était que vous finissiez par être gouvernés par vos inférieurs.
Lassés d’un système qui se mordait la queue, ils ont patiemment attendu que leurs cartes soient devenues l’expression de leurs voix et non destinées à servir juste d’expression partisane et sponsorisée par des politiciens qui les oubliaient dès les scrutins révolus.
Ce 24 mars 2024, le Sénégal a connu plus qu’un tremblement de terre, il a vécu un puissant tremblement d’hommes et de femmes, tranquilles mais résolus à faire comprendre aux hommes qui nous gouvernent que c’est le peuple qui détenait le pouvoir et qu’il faisait juste par le vote, acte de le déléguer aux hommes susceptibles de rendre leurs rêves possibles.
Et ils ont choisi le projet qui portait les exigences de la rupture, pas celle clamée comme une ritournelle par les républicains de Macky Sall en 2012, mais celle porteuse d’une véritable alternative, et l’homme qui avait été désigné pour l’incarner, Bassirou Diomaye Faye (BDF).
Au-delà de ce qui semble être une alternance, ce qui s’est passé ce 24 mars au Sénégal, est une révolution, menée par un peuple qui ne pouvait plus supporter ce régime, qui malgré les indéniables réalisations posées, et déroulées par le si galvaudé PSE, aura surtout manqué d’humanité, d’empathie, de compassion et… d’humilité…
BDF a bénéficié d’un exceptionnel alignement des planètes politiques pour devenir le plus jeune et le mieux élu des présidents Sénégalais, même une pluie fine au moment où le raz-de-marée se précisait est venue bénir son avènement, lui qui 10 jours avant était encore en prison.
Une telle victoire pour quoi faire ?
L’attente est grande, les défis très relevés et l’impatience privera le nouveau président de tout état de grâce, même si les Sénégalais sont prêts à le laisser travailler à dérouler le programme qui les a tant séduits.
Il ne suffira pas de débaptiser l’avenue Pompidou pour l’appeler Avenue Samba Ndiaye pour emporter les adhésions de jeunes qui n’en peuvent plus des « entreprises jakarta », mais auxquels il faudra dire sans faiblesse, qu’il faut travailler, se former et cesser d’avoir les baskets à Dakar et la tête à Barcelone.
Le premier discours du président Diomaye Faye a été incontestablement fondateur d’une nouvelle politique, et sa démission de toutes les instances de son parti fleure bon le changement, mais cette déclaration que le monde entier attendait aurait dû être traitée avec moins de bricolages scénographiques, ne serait-ce que de bien l’éclairer et lui donner un bon micro, n’était pas mission impossible et pourtant… Restons dans le fond.
La date de passation des pouvoirs est certes importante, mais la composition de son premier gouvernement est très attendue, ne serait-ce que pour savoir, quelle place y occupera le leader de Pastef, Ousmane Sonko, que les milliers de citoyens sont allés congratuler, ne sachant même pas où habitait notre nouveau chef d’état, cela faisait bizarre…
Le président n’est le petit frère de personne
Lors d’un reportage, un témoin soutenait que «Diomaye est un président qui a un président. Ce n’est pas une insulte. Mais c’est la triste réalité ».
Le président Diomaye Faye devra apprendre à n’être plus Sonko, mais le président de tous les Sénégalais, ses premiers actes le laissent présager, le protocole d’État va corseter quelques-uns de ses élans, mais il devra se faire violence et comprendre que « président dou Rakou kenn ».
Bonne chance monsieur le président Bassirou Diomaye Faye. Le monde entier vous observe. Et vos compatriotes sont pleins d’espoirs…en vos « Solutions ».
Seneplus