Le journaliste et chercheur en communication, Layiré Diop, considère l’éducation aux médias comme une “stratégie proactive”, permettant d’aider à freiner la dissémination de la désinformation en Afrique, où il fait le constat que les fausses nouvelles (fake news) les plus répandues ont trait à la politique et à la santé.
Il a souligné la nécessité de faire des consommateurs des médias, “des usagers critiques”, disposant d’une “bonne compréhension des techniques de vérification des faits”.
“La diffusion de la désinformation n’est pas une nouveauté en Afrique, mais ces dernières années, le rythme et le volume des fausses nouvelles lancées en connaissance de cause dans le champ médiatique, ont pris des proportions plus larges et plus inquiétantes’’, a rappelé le journaliste, dans une tribune publiée sur le site francophone de ”The Conversation”.
Les Africains “sont exposés à la désinformation de façon régulière”, note l’ancien journaliste de la Radiotélévision publique sénégalaise (RTS, publique).
Il a aussi déploré le fait que, sur le continent, “déterminer la véracité des informations accessibles, revient à chercher une aiguille dans une botte de foin”.
Dans son étude consacrée à l’évaluation de l’efficacité des stratégies de lutte contre la désinformation, l’enseignant à l’Université Francis Marion, en Caroline du Sud (Etats-Unis), dit s’être appuyé sur 42 entretiens réalisés en 2021, avec des professionnels des médias au Kenya et au Sénégal.
Les résultats de son enquête ont montré qu”‘en Afrique, les fake news les plus répandus ont trait à la politique et aux sujets d’ordre sanitaire”.
Aussi, pour lutter efficacement contre ce fléau, Layiré Diop appelle à “former le public sur comment vérifier les contenus”.
“L’éducation aux médias est perçue par les personnes interrogées, comme une stratégie proactive qui peut donner au public une certaine autonomie, lui permettant d’exercer lui-même son esprit critique et de vérifier lui-même les faits”, a expliqué l’universitaire.
De son point de vue, promouvoir l’éducation aux médias pourrait “renforcer la perspicacité du public, lui permettre de vérifier des contenus, et corriger de fausses informations s’il est motivé à le faire”.
Il note également que les professionnels des médias ont besoin aussi de formation, pour “rester au fait des changements technologiques et des stratégies et techniques utilisées par les propagandistes de la désinformation”.
Le docteur en communication n’a pas manqué de relever le fait que dans beaucoup de pays africains, “l’éducation aux médias n’est pas encore inscrite dans les programmes d’enseignement”.
A défaut d’en faire un programme en bonne et due forme dans le système éducatif, “l’organisation de semaines des médias à l’école, comme c’est le cas dans des pays comme la France, pourrait constituer un pas décisif dans cette direction”, a indiqué Layiré Diop.
Le spécialiste des médias et de la communication de masse, a toutefois évoqué certains obstacles, dont “la réticence des responsables gouvernementaux à répondre aux demandes d’information”.
Cette situation s’explique souvent par “la crainte d’une vérification critique de leurs déclarations”, observe-t-il.
À l’en croire, la récente décision du groupe Méta de mettre fin à son programme de fact-checkeurs et de le remplacer par des notes de la communauté, pourrait conduire à une “nouvelle prolifération des fausses informations” sur les plateformes de ce groupe, dont les plus populaires sont Facebook, Instagram, Threads, WhatsApp.
APS