Depuis l’intention affichée de la Société générale de se retirer de l’Afrique, notamment du Sénégal, beaucoup de bruits circulent dans les milieux des affaires et les cercles politiques au Sénégal.
Depuis l’intention affichée de la Société générale de se retirer de l’Afrique, notamment du Sénégal, beaucoup de bruits circulent dans les milieux des affaires et les cercles politiques au Sénégal.
Si pour beaucoup d’observateurs, cette annonce était juste une question de temps, les spécialistes estiment que c’est une opportunité que l’Etat du Sénégal devrait saisir pour enfin avoir à sa disposition un instrument financier en mesure de lui permettre de réaliser ses ambitions économiques et même politiques.
Pour beaucoup, les pouvoirs publics devraient tout faire pour ne pas rater le coche, et éviter que la banque échappe au contrôle de l’Etat, comme cela a été le cas avec le rachat des actifs de la Bnp Paribas, à travers la Bicis, par Sunu Bank du Sénégalais Pathé Dione. Si elle est bien sénégalaise par ses capitaux, cette banque n’est pour autant pas un instrument de politique nationale de l’Etat.
De plus, si les Français se sont retirés de la banque, cette dernière n’est pas demeurée un géant sur le marché financier dakarois, et continue, plus d’un an après, à chercher à se repositionner encore sur un marché qui compte plus de 30 établissements financiers.
Des spécialistes des questions bancaires estiment que l’Etat du Sénégal aurait tout intérêt à faciliter un rachat de la Société générale du Sénégal par la Banque nationale de développement économique (Bnde) afin de créer un grand groupe financier, qui pourrait piloter les intérêts de l’Etat.
Le Sénégal, qui cherche plus de 18 mille milliards 493 millions de francs Cfa pour le financement de la première phase de son «Agenda national de transformation, Sénégal 2050», a plus que jamais besoin d’un puissant instrument financier en mesure de lui permettre de mobiliser plus facilement les ressources dont il a besoin pour mettre en œuvre sa politique économique.
Cela, d’autant plus que les actuels dirigeants du pays font montre de frilosité pour se tourner vers le capital étranger. Le motif serait de ne pas creuser encore plus que nécessaire le trou de l’endettement du pays.
Un banquier nous faisait remarquer que, si l’Etat du Sénégal avait pu s’appuyer sur un groupe bancaire de grande envergure, à l’image de ce que pourrait devenir l’institution que la Bnde devrait former avec une Sgs acquise par des intérêts nationaux, il n’aurait pas connu de revers comme celui essuyé en début de ce mois sur le marché de la Brvm, quand il cherchait 30 milliards en bons du Trésor.
L’Etat du Sénégal possède déjà la Banque de l’habitat (Bhs), qui est destinée à faciliter la politique de logement dans le pays.
La Banque agricole (Lba) est l’instrument de financement de l’Agriculture, tandis que la Bnde est censée se positionner sur le financement des Pme. A côté de tous ces instruments, l’Etat a mis en place la Délégation générale à l’entreprenariat des jeunes et des femmes (Der/Fj) dont beaucoup pensent qu’elle serait plus efficace dans son rôle si elle se transformait en banque.
Si la Société général venait s’ajouter à cet échafaudage, l’architecture financière pour le financement des projets de l’Etat et des nationaux aurait des assises bien solides.
Avec une capacité de mobiliser plus de 40 milliards de Cfa par an, la Sgs alliée à la Bnde retrouverait rapidement sa place de leader sur le marché du Sénégal.
Il est évident que dans le contexte de morosité dans lequel se meut l’Etat, le Sénégal pourrait difficilement mobiliser près de 200 milliards pour racheter les parts des Français.
Mais il pourrait néanmoins offrir sa garantie à la Bnde pour que cette dernière puisse lever les montants nécessaires sur le marché financier sous-régional.
Le remboursement du crédit serait assuré par les recettes de la banque. D’autres structures financières dans la sous-région ont usé de ce moyen pour acquérir des banques, et elles ont pu rentabiliser leurs acquisitions, sans avoir besoin d’ouvrir leurs capitaux plus que de besoin.
Il est vrai que l’Etat du Sénégal devrait veiller, si cette acquisition devait se faire, à ne pas acheter une coquille vide.
La Société générale du Sénégal dispose d’un important portefeuille de clientèle. Une bonne partie d’entreprises françaises implantées au Sénégal a des comptes dans la Sgs, comme la majorité d’entreprises marocaines au Sénégal, sont des clientes de la Cbao Attijariwafa Bank.
Il faudrait éviter que, en partant, les intérêts français n’emportent leur portefeuille client.
Leurs chaînes de correspondants à travers le monde, qui permettent de faciliter les opérations de leur clientèle, ne devrait pas non plus être rompue du jour au lendemain, si la banque veut garder son prestige et sa puissance.
Le jour où l’opération se fera, devra être précédé par ces préalables, seuls en mesure d’éviter que l’Etat n’acquière que des bâtiments et du personnel, à travers lesquels il devra tout reconstruire
Une banque comme celle qui se dessine, faciliterait au duo au pouvoir, la levée de leurs fameuses «Diaspora bonds», si tant est qu’elles parviennent à accrocher les Sénégalais de l’extérieur dont on tend à oublier que ce sont pour une très grande majorité d’entre eux, de petits épargnants pour lesquels les ressources qu’ils dégagent, servent à acquérir des biens périssables comme des maisons pour loger leurs familles, ou des véhicules de transport de nature commerciale.
Le reste de leurs ressources sert à nourrir ladite famille restée au pays.
Ces personnes ont-elles les moyens de chercher à thésauriser dans l’achat de bons du Trésor ? Il ne faut pas oublier que la mentalité anglo-saxonne d’achat de produits boursiers, ne fait pas encore partie des coutumes sénégalaises. Mais tout peut bien changer.
sudquotidien