Actrice, réalisatrice et productrice, Amélie Mbaye vit bien sa passion pour le cinéma. Dans le long métrage « Une si longue lettre » d’Angèle Diabang, une adaptation du roman éponyme de Mariama Ba, elle interprète le rôle de Ramatoulaye Fall. Un challenge qu’elle a relevé avec brio.
Le film a été présenté la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), véritable vitrine du cinéma panafricain.
Elle en a rêvé pendant longtemps, trop longtemps même. Et il lui a fallu attendre trente-cinq longues années pour enfin voir son rêve d’interpréter le rôle de Ramatoulaye Fall se concrétiser. La réalisatrice Angèle Diabang a donné à Amélie Mbaye cette opportunité.
« Angèle m’a dit que ça faisait 12 ans (Ndlr : c’était en 2022) qu’elle attendait de réaliser son rêve d’adapter ‘’Une si longue lettre’’, or moi j’attendais depuis 35 ans d’obtenir le rôle de Ramatoulaye », raconte Amélie Mbaye toute radieuse. À l’époque, quand elle était téléspeakerine à l’Orts (devenue la Rts), se remémore-t-elle, elle présentait Reine Marie Faye qui lisait « Une si longue lettre » à l’écran pendant que la troupe Daaray Kocc la jouait.
« À chaque fois, je rêvais et me disais qu’un jour, je pourrais être Ramatoulaye Fall.
C’est pourquoi quand Angèle est venue me trouver pour me dire qu’elle voulait que je sois l’actrice principale, je lui ai demandé de mettre aussitôt fin au casting, de ne plus continuer à chercher parce que j’étais Ramatoulaye Fall », se souvient-elle.

Après cet épisode, Angèle lui a trouvé le mari, Modou Fall, interprété par Serge Abessolo, la famille, les enfants…
« C’était un casting génial. Nous étions tous de teint noir, avions les mêmes yeux. Nous nous sommes donc retrouvés pendant un mois et demi à Thiès, pour tourner le film, qu’elle a adapté.
C’était vraiment génial », avoue Amélie qui remercie au passage la réalisatrice d’avoir misé sur elle.
Cependant, être dans la peau de Ramatoulaye Fall n’a pas été chose aisée. Simplement parce que Ramatoulaye est d’un calme olympien, tout le contraire d’Amélie. « Elle a accepté cette condition de coépouse. Elle intériorise et est résiliente.
Elle n’est pas comme Amélie Mbaye, qui a un problème et qui va le hurler tout de suite avant de se calmer.
Donc, il est arrivé plusieurs fois où Ramatoulaye m’énervait. Il y a des fois où je me disais qu’elle pouvait être un peu plus dure, un peu plus agressive. Bref, Ramatoulaye est calme et je luttais pour ne pas exploser de temps en temps », narre Amélie Mbaye.
Le film « Une si longue lettre » est différent de la pièce théâtrale interprétée avec brio par la mythique troupe Daaray Kocc.
Et pour Amélie Mbaye, c’était un challenge parce que les Sénégalais étaient habitués à voir l’artiste Dié Astou interpréter, avec brio et résilience, ce rôle. Là, c’est Amélie, chaude bouillante et tout. « C’était un challenge parce que ce n’était pas mon caractère. Dié Astou ressemblait beaucoup plus à Ramatoulaye Fall.
C’était un challenge aussi parce qu’il y avait quelquefois des mots qu’il fallait donner en wolof et c’était un peu difficile pour moi, parce que n’étant pas habituée à tourner en wolof. ‘’Golden’’ était ma première expérience. Mais j’ai vraiment adoré être Ramatoulaye Fall. Dès que nous sommes rentrés à Thiès, j’ai été Ramatoulaye Fall jusqu’au clap de fin.
C’était une très belle expérience », souligne Amélie Mbaye.
La joie de l’actrice a été immense quand elle a vu la forte mobilisation des élèves lors de la projection du film.
« Donc, ça m’a fait plaisir de voir tous ces enfants, tous ces élèves et puis des gens qui venaient et qui donnaient des phrases par cœur du texte, du livre même.
Quand bien même, je le dis bien encore une fois, le film est une adaptation du roman ; donc, il est assez moderne », apprécie-t-elle. Au Fespaco également, il y a eu foule lors du deuxième jour de projection. « Angèle et moi avons été agréablement surprises.
Quand les lumières ont été éteintes, il y avait une marée humaine, tellement de monde au fond de la salle.
C’était extraordinaire », assure-t-elle. Et même si « Une si longue lettre » n’a pas reçu de prix, Amélie Mbaye était fière de la belle reconnaissance du public venu nombreux pour apprécier la qualité du film, de leur prestation.
Maintenant, prévient l’actrice, il faudra que, pendant les débats, que les gens ne centralisent pas trop le livre sur la polygamie.
« Ce n’est pas que la polygamie. Il y a plusieurs thématiques qui ont été abordées. Le film parle aussi de l’amitié sincère, du courage, de la résilience, de la vie de famille, de l’amour… », précise l’actrice.
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