Malgré la criminalisation du vol de bétail en 2017, les éleveurs de la région de Diourbel, dans le centre du Sénégal, soulignent la persistance de ce fléau qui continue d’entraver le développement de l’élevage familial.
À la veille de la Journée nationale de l’élevage, prévue à Kaolack sous la présidence du chef de l’État, des éleveurs interrogés ont unanimement évoqué l’impact dévastateur du vol de bétail sur le secteur. Ils insistent sur la nécessité d’adopter une approche globale pour lutter efficacement contre ce phénomène.
« Nous avons besoin de solutions durables face au vol de bétail. Malgré tous les efforts déployés, le phénomène persiste et a des conséquences désastreuses », a déclaré Ilô Ba, président de l’Association des éleveurs de Touba, faisant allusion à la perte de richesse des ménages ruraux et aux tensions sociales croissantes. Il a particulièrement déploré le manque de surveillance, l’insuffisance des effectifs des forces de l’ordre, ainsi que la complicité de certains acteurs locaux qui facilitent ces vols.
Un fléau croissant : enjeux et impacts
Bassirou Ba, chef du service départemental de l’élevage de Bambey, a confirmé l’ampleur du problème. « Dans le département de Bambey, nous enregistrons en moyenne un vol de dix petits ruminants tous les deux jours.
En janvier dernier, nous avons recensé 15 cas, et déjà 12 depuis le début du mois de février », a-t-il expliqué.
Selon lui, les communes les plus touchées par ces vols sont Réfane, Gawane, Thiakhar, Ngogom, et Ngoye, où le vol de bétail est devenu un phénomène récurrent.
Les conséquences sont également visibles chez les entrepreneurs du secteur, en particulier ceux souhaitant se lancer dans l’embouche bovine et ovine. Elimane Diouf, un éleveur local, a relaté une expérience personnelle.
« On m’a volé un taureau que j’aurais pu vendre à 600 000 FCFA.
Depuis cet incident, j’ai perdu toute motivation à investir dans l’élevage ». Cette insécurité croissante a également conduit certains éleveurs à abandonner leurs activités et à migrer vers les centres urbains à la recherche de meilleures opportunités économiques.
Propositions de solutions : Identification électronique et renforcement des mesures de sécurité
Pour faire face à cette situation, Ilô Ba, président de l’Association des éleveurs de Touba, a préconisé une approche globale pour éradiquer le vol de bétail. Parmi les solutions proposées, il a suggéré un renforcement des mesures de sécurité et la création de brigades spécialisées pour lutter contre ce phénomène.
« Nous proposons également l’identification systématique du bétail par des puces électroniques et un marquage des animaux pour faciliter la traçabilité en cas de vol », a-t-il ajouté.
D’après lui, une « synergie » entre l’État, les forces de sécurité, les éleveurs et la société civile est indispensable pour une lutte efficace contre le vol de bétail. Il a insisté sur la nécessité de prendre des mesures urgentes pour protéger cette activité économique essentielle en milieu rural, qui est au cœur de la vie socio-économique des communautés.
Renforcement des sanctions et initiatives locales pour la sécurité des troupeaux
Le secrétaire général de la maison des éleveurs de Diourbel, Mbare Fogui Fall, a quant à lui plaidé pour une application stricte des sanctions prévues par la loi criminalisant le vol de bétail depuis 2017 au Sénégal.
« La loi existe, mais son application reste insuffisante. Il est urgent d’imposer des peines dissuasives pour lutter contre ce fléau », a-t-il déclaré.
Bassirou Ba, chef du service départemental de l’élevage de Bambey, a encouragé les éleveurs à mettre en place des « comités de surveillance » pour assurer la sécurité de leurs troupeaux. Il a également suggéré la construction de ranchs sécurisés afin de réduire les risques de vol.
Une action urgente pour la préservation de l’élevage familial
Le vol de bétail reste une menace sérieuse pour le développement de l’élevage familial à Diourbel, avec des conséquences économiques et sociales notables.
Les éleveurs de la région appellent à une approche intégrée pour résoudre ce problème, en renforçant les mesures de sécurité, en investissant dans des technologies modernes comme l’identification électronique, et en veillant à l’application stricte des lois pour protéger cette activité essentielle à l’économie rurale.
VivAfrik