Trouvée chez elle, ce dimanche 2 juin, la présidente évincée de la Fédération nationale des femmes du Pds (Woré Sarr) a du mal à encaisser le coup.
Elle ressasse encore et encore tout le sacrifice consenti pour Abdoulaye Wade, pour son fils Karim et le pour Parti démocratique sénégalais (Pds) depuis près de cinq décennies, rudoyant des ministres à l’hémicycle ou poussant les adversaires politiques dans leurs derniers retranchements.
Les images passent en boucle et lui font un pincement au cœur à chaque fois qu’elle repense à sa douche froide de vendredi dernier.
Sa dernière ‘’folie’’ pour le PDS remonte à la veille du vote de la loi portant report de l’élection présidentielle, le 5 février dernier.
« J’avais reçu des menaces de mort.
Le veille du vote de la loi, le 4 février j’ai quitté mon domicile à 1 heure du matin pour aller passer la nuit en ville puisque Tounkara qui est établi aux États-Unis avait demandé aux jeunes de me tuer et de bruler ma maison pour m’empêcher de voter.
J’ai remis à mes enfants le numéro du commissaire de la police de Wakhinane Nimzatt afin qu’ils l’appellent en cas d’attaque », raconte la députée libérale qui rumine encore sa colère.
Retraçant ses liens avec le pape du Sopi, Woré Sarr précise qu’il s’agit d’une histoire de famille.
« Mon père m’a dit : ‘Woré, Abdoulaye Wade est mon petit-frère. S’il parvient à être élu président de la République du Sénégal ou pas, que ta loyauté et ta fidélité ne lui fassent jamais défaut’. C’est cette injonction de mon père que je suis en train de sauvegarder jusqu’à présent », confie-t-elle.
Si elle en est arrivée à reconsidérer cette promesse, c’est parce qu’elle a reçu un coup de poignard dans le dos. « Ils m’ont humilié !
Je ne m’attendais pas du tout à cette humiliation venant du Pds. Je me suis fait des ennemis à cause de Abdoulaye Wade, Karim Wade et le Pds. J’ai offensé à maintes reprises le Président Macky Sall qui avait assez d’éléments à charge pour me mettre en prison. J’ai risqué ma vie pour le Pds », confesse-t-elle, le cœur lourd.
« Ce qui m’a fait mal »
Revenant sur les faits dont les prémices remontent à la première tentative de renouvellement avortée de la fédération des femmes, Woré Sarr raconte : « Les statuts et règlements disent : consensus ou démocratie. Le 24 décembre 2023, on devait procéder au renouvellement de la fédération des femmes mais quand ils ont vu la configuration de la salle, ils ont compris que les tendances émanant des 39 fédérations m’étaient favorables.
C’est pour cette raison que Saliou Dieng a ajourné le vote sous le prétexte fallacieux que Abdoulaye Wade et Karim ont demandé d’annuler jusqu’après l’élection présidentielle ».
Ce qu’elle n’arrive toujours pas à comprendre est que les opérations de renouvellement des instances du Pds ont repris depuis quelques jours et toutes les cellules et fédérations ont été renouvelées par voie démocratique (puisqu’il s’agit de fonctions électives), sauf la fédération des femmes.
« Récemment on a monté la cellule des Arabisants libéraux, on a passé au vote conformément aux règlements et Diaga a été élu président.
Hier, la cellule d’entreprise a élu son président par voie démocratique au vote et Mbodji de Louga a été élu. Je ne comprends pas pourquoi on décide pour les femmes de procéder autrement en violation des textes en nommant alors que l’assemblée générale élective est prévue le 8 juin ? », s’interroge-t-elle.
« Ce qui m’a le plus fait mal dans cette affaire, ajoute Woré Sarr, c’est qu’ils n’ont même pas eu le courage de me le notifier.
C’est une amie qui m’a mis au courant en m’envoyant le communiqué. Et le clou de l’humiliation c’est qu’ils sont tellement méchants qu’ils n’ont même pas voulu me mettre première Présidente d’honneur en tant que Présidente sortante. Mais ils m’ont mis à la 6e et dernière place. C’est une façon à peine voilée de me pousser à la sortie ».
Cette affaire a donné un sacré coup de boost à sa cote de popularité qui est montée en flèche.
« Je reçois des coups de fil de partout dans le monde de Sénégalais que je ne connais même pas qui m’appelle pour dénoncer cette décision illégale et inélégante.
Les anciens du parti m’ont appelé : Oumar Sarr, Pape Samba Mboup, Ousmane Ngom. Militants, sympathisants… », confie l’ancienne maire de Médina Gounass (Guédiawaye) qui jure que son mentor Abdoulaye Wade n’est ni de près ni de loin mêlé à cette histoire.
« Si c’est le poste qui les intéresse, ils auraient pu m’appeler pour me demander gentiment de le laisser à Fatou Sow.
Je l’aurais fait tout en gardant ma dignité mais m’humilier de la sorte, je ne peux pas l’accepter », conclut-elle.
Maderpost