L’écrivain et traducteur sénégalais Boubacar Boris Diop a mis en exergue la vitalité et l’engouement derrière les langues nationales en Afrique, invitant par la même occasion les Africains à davantage écrire à travers ces médiums pour «se libérer de toute forme de domination». «Je me demande très souvent pourquoi on n’écrit pas dans nos langues nationales.
Les Africains sont les seuls à écrire dans des langues que ne comprennent pas (la grande majorité de) leurs compatriotes», a dit Boubacar Boris Diop, lundi à Ziguinchor, lors de la rencontre «Gingembre Littéraire», une initiative du journaliste sénégalais El Hadji Gorgui Wade Ndoye.
Cette manifestation littéraire, qui avait pour cadre l’esplanade du Musée-Mémorial «Le Joola», portait sur le thème : «L’écriture romanesque et les langues nationales, entre adaptation du modèle français et création», en présence d’étudiants de l’université Assane Seck de Ziguinchor. «Les langues africaines n’ont jamais perdu de leur vitalité, au contraire elles reviennent en force», a fait savoir Boubacar Boris Diop, qui a traduit certaines de ses œuvres littéraires du français vers sa langue maternelle, le wolof.
Il a invité les populations à «se projeter» dans l’écriture et à «veiller» au rayonnement des langues nationales, ajoutant : «Il est hors de question qu’on continue à écrire dans des langues qui ne sont pas les nôtres.» Le conférencier a par ailleurs recommandé aux Africains de faire des productions littéraires dans les langues nationales, une manière, selon lui, de «se libérer de tout ce qui est domination».
Il soutient qu’à force d’écrire dans nos langues nationales, «on finira par obtenir un lectorat mondial».
«Je suis un disciple de Cheikh Anta Diop. Et j’ai décidé d’écrire dans ma langue qui est le wolof. (…) Au début, quand je me suis lancé dans l’écriture en langue wolof, je me suis rendu compte que c’était plus facile qu’écrire en français», a-t-il relevé.
Aps