Le Centre de réinsertion sociale de Bignona, qui accueille aussi des enfants autistes, manque de moyens pour leur prise en charge.
La Journée mondiale des autistes est célébrée aujourd’hui. A Bignona, le Centre national de réinsertion sociale, qui s’occupe des déficients dont des autistes, des sourds muets et des handicapés, fonctionne avec des moyens limités. Ce mardi matin, les cours sont suspendus pour une bonne cause.
Les enfants et le personnel reçoivent un don en nature de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel de Bignona.
Même si le centre offre un paquet de services à ces enfants déficients allant de 6 à 22 ans, leur situation nécessite un accompagnement. Le centre étant sous-équipé, les enseignants se débrouillent avec peu de moyens. «Ils sont ici de 9 heures à 13 heures, du lundi au vendredi.
Les activités vont du renforcement éducatif avec quatre classes spéciales aux activités d’animation en passant par des activités socio-éducatives, sportives, le maraîchage, le jardinage et même la transformation des produits agricoles», explique Mamadou Diédhiou.
Cet enseignant en langue des signes, travaille dans ce centre public de réinsertion sociale de Bignona qui collabore avec l’Api (Association des parents et amis des inadaptés) depuis trois ans.
C’est le partenariat public-privé. Alors que la prise en charge de ces enfants inadaptés nécessite un accompagnement individualisé, ce centre n’a que deux enseignants spécialisés. Le reste du personnel est composé de bonnes volontés non qualifiées.
Au total, six enseignants dont deux spécialisés, pour une cinquantaine d’enfants.
«Normale-ment, on devrait avoir plusieurs travailleurs sociaux, des éducateurs spécialisés, un assistant social, un infirmier», liste Abdou-laye Goudiaby. Le directeur du centre, par ailleurs psychologue-conseiller, a un chapelet de doléances dont la prise en charge médicale des autistes. «En cas de besoin, je collabore avec les structures sanitaires, par exemple au niveau de la psychiatrie pour les enfants atteints de trisomie 21.
C’est pour leur permettre d’avoir des dossiers médicaux et un suivi médical. Parce qu’il y a des enfants qui naissent avec des malformations», fait savoir Abdoulaye Goudiaby.
Le centre n’a pas les moyens de ses ambitions. Mis à part le crédit de fonctionnement que lui alloue l’Etat, il n’y a pas d’autres partenaires pour accompagner le centre et l’Api. «Le crédit n’est pas conséquent. En fait, cela ne permet pas de prendre en compte les activités, c’est juste pour le fonctionnement du service administratif. Pour l’accompagnement des activités, la prise en charge du personnel subalterne, on n’a pas encore les moyens», signale le directeur.
Son équipe mène des activités génératrices de revenus au sein même du centre et loue certaines pièces de l’établissement pour se faire des ressources additionnelles.
D’ailleurs, M. Goudiaby et son personnel sont en train de voir comment les collectivités territoriales peuvent les aider dans ces domaines d’activités qui méritent d’être financés. L’autre besoin a trait à la formation professionnelle, aux placements en apprentissage des enfants et à l’insertion à travers un métier. Pour le moment, le centre et l’Api n’ont pas encore assez de moyens pour développer les différentes actions mises en place dans le cadre du projet de l’établissement.
«On a des difficultés pour financer ce projet et on n’a pas encore de partenaires», indique le directeur.
Le centre a besoin d’un minibus pour le transport des enfants. «Parfois, les parents n’ont pas de moyens pour acheminer les enfants au centre. Ce qui peut expliquer les absences de certains. Il n’y a pas de véhicule de liaison pour le personnel», se désole Mamadou Diédhiou. La cinquantaine d’enfants proviennent de la commune de Bignona. En général, les parents paient des motos Jakarta pour qu’elles les transportent au centre.
Ce lieu devait accueillir des enfants de toute la région, et même tout le pays, puisque c’est un centre national. Il devait aussi héberger ces enfants.
«On est dans un système d’internat ou de semi-internat. On peut accueillir ici des enfants pour 6 mois ou un an», dit-il. Au-delà du renforcement éducatif, l’idée est aussi de permettre aux enfants de suivre un métier, d’être compétents et autonomes à l’âge adulte.
«Au bout de 5 ou 10 ans de fréquentation du centre, que le jeune puisse dérouler son projet dans son milieu avec le suivi et l’encadrement des parents qui sont associés en amont et en aval dans ce processus d’accompagnement», a dit M. Gou-diaby.
Le quotidien des élèves spéciaux s’inscrit comme suit : lundi par exemple : un cours d’éducation physique de 9 heures à 11 heures. Ensuite, ils observent une récréation, puis une activité de dessin ou coloriage ou animation.
Difficultés
Le centre est sous-équipé. «Nous n’avons pas assez de matériel pour dérouler certaines activités. Les enfants ont besoin de faire des sorties, des visites pédagogiques», fait savoir l’enseignant spécialisé. Ses camarades et lui appellent les bonnes volontés à appuyer le centre comme l’a fait l’Isep de Bignona qui a fait un don en nature au centre. «Cela nous permet d’offrir un petit déjeuner aux enfants», a indiqué l’enseignant Mamadou Diédhiou.
Pour intégrer le centre, l’inscription est à 5 mille francs Cfa et la mensualité à 3 mille francs Cfa.
«En marge, nous faisons l’aviculture et la transformation de produits. C’est notre base recherche de fonds pour renforcer nos finances», a dit monsieur Diédhiou. Revenant sur l’importance pour les parents de confier leurs enfants inadaptés au centre, Jacqueline Mendy, qui est à la fois parent et enseignante, dit : «On peut nous confier les enfants de 9 heures à 13 heures.
Ils seront en sécurité ici et les parents peuvent vaquer tranquillement à leurs activités.
L’enfant aussi peut apprendre des choses ici. Avant, mon fils ne savait rien. Mais maintenant, il me surprend. Il a beaucoup changé positivement, il a beaucoup évolué, et est de moins en moins dépendant. Il s’épanouit grâce la fréquentation du centre. Il a 22 ans», confesse Mme Mendy.
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