Certaines personnes sont plus sujettes que d’autres aux piqûres de moustique. En cause? La composition des bactéries présentes à la surface de leur peau, et les molécules qu’elles secrètent, ou encore la quantité de C02 éjectée en respirant.

Chaque été, la même question se pose: pourquoi notre voisin de table sort indemne d’un repas nocturne quand nos jambes sont criblées de piqûres de moustique.

Nous ne sommes en effet pas tous égaux face à ces insectes.

Deux facteurs sont particulièrement déterminants: le C02 que l’on émet en respirant et les molécules libérées par notre microbiote cutané, soit les bactéries présentes à la surface de notre peau.

“Lorsque l’on respire, on émet du gaz carbonique, du C02, et les moustiques sont attirés par le C02”, explique Anna-Bella Failloux, entomologiste médicale à l’Institut Pasteur et spécialiste des insectes vecteurs, contactée par BFMTV.com.
Avant d’ajouter: “Notre microbiote cutané, composé essentiellement de bactéries, va quant à lui libérer certaines molécules, de l’acide lactique ou de l’ammoniac”.

Des molécules dont la composition et la densité dépendent elles-mêmes de plusieurs autres facteurs.

De la génétique, bien sûr, mais également de notre état, de notre alimentation de notre activité physique. Manger épicé, faire du sport ou être fiévreux entrainent une plus importante émission d’oxygène et de sueur. La sueur secrète beaucoup d’acide lactique dont les moustiques sont friands.

“Les moustiques ont des antennes qui vont leur permettre de capter ces molécules”, souligne Anna-Bella Failloux.
Si le moustique tigre n’évolue qu’à environ 150 mètres autour de son habitat, une autre espèce, le Culex – l’espèce la plus commune en France métropolitaine – peut être “attirés à des distances plus importantes”.

“Certains savons augmentent l’attrait de l’hôte et d’autres la réduisent”
Le groupe sanguin est également une piste envisagée. Selon une étude japonaise, publiée en 2004, dans la revue National library of medecine, le moustique tigre – vecteur de maladies comme la dengue, le Zika et le chikungunya et de plus en plus présent en France -, est davantage attiré par les individus de groupe sanguin O.

“Le pourcentage relatif moyen d’atterrissage sur les sécréteurs du groupe sanguin O (83,3 %) était significativement plus élevé que sur les sécréteurs du groupe A (46,5 %)”, détaille l’étude soulignant que le groupe sanguin A attirait davantage que le groupe sanguin B.

Pour l’entomologiste médicale à l’Institut Pasteur, Anna-Bella Failloux, il y aurait “une forte corrélation” entre le groupe sanguin et les piqûres de moustique mais cela n’a pas encore été scientifiquement prouvé à ses yeux. Tout comme l’attirance de ces petites bêtes pour le sang sucré: aucune preuve scientifique n’a encore été établie.

Difficile aussi de savoir comment les savons utilisés influent sur les sens des moustiques.

“Les savons modifient la sélection de l’hôte par les moustiques, certains savons augmentant l’attrait de l’hôte et d’autres la réduisant”, note une étude américaine publiée en 2023 par IScience.

Selon le National Geographic, c’est surtout la manière dont la composition chimique d’un savon se combine au microbiote cutané qui rentre en jeu.

“La même substance chimique peut attirer ou repousser les moustiques en fonction de sa concentration et de la façon dont elle est combinée à d’autres substances naturelles présentes sur la peau humaine”, est-il expliqué. “La composition chimique d’un savon peut avoir moins d’importance que la manière dont elle réagit avec celle du corps de la personne qui l’utilise.”

Moustiquaires, répulsifs cutanés…
Pour se prémunir des piqûres de moustiques, la moustiquaire reste l’élément le plus efficace. Il convient d’en installer sur les portes, fenêtres, et autres voies d’entrées, mais aussi sur les lits et berceaux.

Concernant, les bougies à la citronnelle, c’est surtout la fumée qui s’en dégage qui incommode les moustiques, plus que le parfum de citronnelle en lui-même. Pour autant, la citronnelle peut se montrer efficace, mais dans un court laps de temps, à l’instar des autres produits de ce type.

Étant donné que le moustique tigre est majoritairement actif en début et fin de journée, et le Culex la nuit, il est conseillé par l’Assurance Maladie d’utiliser “des répulsifs cutanés sur les parties du corps dénudées pour se protéger” lorsque l’on s’expose à ces périodes.

“Sont disponibles: le DEET, mais attention, ce répulsif est contre-indiqué chez la femme enceinte et le petit enfant (moins de 2 ans)” ou encore “l’IR3535 qui peut être utilisé chez l’enfant à partir de 6 mois ou la femme enceinte mais à de plus faibles concentrations”, est-il noté sur le site Ameli.

Ces produits restant toxiques à haute dose, il est conseillé de choisir plutôt “des répulsifs en crème ou lotion aux répulsifs en spray, en raison du risque d’inhalation ou d’ingestion lors de leur application”, et d’éviter toute application sur des plaies ou irritations.

Couvrir ou vider les “gîtes artificiels”
En cas de risque d’exposition aux moustiques, il convient aussi de porter des vêtements amples, légers et couvrants. À noter que le moustique aime notamment piquer les pieds et les chevilles. Anna-Bella Failloux recommande notamment de porter des vêtements clairs.

“Les moustiques, qui ne voient pas bien, sont plus attirés par les couleurs sombres que par le clair, plus hostile pour eux”, souligne-t-elle.
Il est aussi très important selon cette entomologiste médicale de faire la chasse aux “gîtes artificiels”, des contenants à l’extérieur dans lesquels peuvent s’accumuler des petits volumes d’eau, dont le moustique tigre se délecte particulièrement et dans lequel il pond ses œufs. Il faut couvrir ces récipients ou les vider toutes les semaines.

L’Assurance Maladie pointe aussi du doigt plusieurs méthodes qui sont à proscrire tels que les appareils à ultrasons, les “rubans, papiers et autocollants gluants sans insecticide”, les “bracelets anti-insectes contre les moustiques et les tiques”, les huiles essentielles – qui ont une “efficacité généralement inférieure à 20 minutes” – ou encore la vitamine B1 et l’homéopathie.

bfmtv

Part.

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