A l’instar du reste du monde, les fidèles chrétiens du Sénégal entament le Carême 2025, ce mercredi. Après la première édition de la rubrique «La Marche vers Pâques» qui a tenu toutes ses promesses (durant le Carême 2024), avec deux interventions de prêtres (dans les éditions de mercredi et samedi de Sud Quotidien) par semaine sur un thème du Carême, la 2ème édition, qui coïncide avec l’année jubilaire, démarre ce mercredi 05 mars, avec un enseignement fait par Abbé Roger Gomis de l’Archidiocèse de Dakar, par ailleurs secrétaire général de l’Union des Clergés du Sénégal.

Pour ce début du Carême, marqué par l’imposition des cendres, le religieux revient sur le message du Pape François qui invite les chrétiens à «marcher ensemble dans l’espérance». Un thème qui s’inscrit, selon abbé Roger, dans la dynamique du Jubilé et qui fait écho aux grands parcours de foi de l’histoire biblique. Enseignement ! 

 Le temps du Carême s’ouvre devant nous, trois jours après que nos frères musulmans ont commencé le mois sacré du Ramadan.

Cette coïncidence, loin d’être anodine, nous rappelle que nous sommes tous en quête de purification, de renouveau et d’une relation plus profonde avec Dieu, a d’emblée relevé Abbé Roger Gomis.

Dans son message pour ce Carême 2025, le Pape François nous invite à “marcher ensemble dans l’espérance”.

Il nous propose une réflexion en trois étapes : marcher, marcher ensemble et marcher dans l’espérance. Ces trois dimensions sont un appel à la conversion, à la fraternité et à la confiance en la promesse divine.

 MARCHER : UN PELERINAGE INTERIEUR VERS DIEU

Le Carême est un chemin, un pèlerinage spirituel qui nous pousse à sortir de nos routines et de nos certitudes pour avancer vers Dieu. “Un premier appel à la conversion apparaît ici, car, dans la vie, nous sommes tous des pèlerins”, rappelle le Pape. À l’image du peuple d’Israël quittant l’Égypte pour la Terre promise, nous sommes appelés à abandonner ce qui nous enferme – nos péchés, nos égoïsmes, nos peurs – pour entrer dans la vraie liberté des enfants de Dieu.

Mais cette marche ne va pas sans effort.

Comme les Hébreux traversant le désert, nous sommes parfois tentés de faire demi-tour, de nous accrocher à nos sécurités plutôt que d’avancer dans la foi. Le Pape nous interroge : “Suis-je vraiment en chemin ou bien suis-je statique, paralysé par la peur et le manque d’espérance ?” Cette question nous invite à un examen de conscience profond : sommes-nous des chrétiens en marche, animés par le désir de grandir spirituellement, ou restons-nous bloqués dans une foi tiède et conformiste ?

MARCHER ENSEMBLE : UN APPEL A LA FRATERNITE

Mais marcher ne suffit pas. Il faut marcher ensemble. L’Église, nous rappelle le Pape, est une communauté synodale, c’est-à-dire un peuple en route, uni par la foi et la charité. “Marcher ensemble, être synodal, telle est la vocation de l’Église”, affirme-t-il. Cela signifie que nous devons apprendre à écouter, à accompagner et à soutenir ceux qui nous entourent.

Notre foi ne peut pas être individualiste.

Le Carême nous pousse à élargir notre regard : sommes-nous attentifs aux autres ? Acceptons-nous de cheminer avec ceux qui sont différents, de partager leurs joies et leurs peines ? Dans notre contexte sénégalais, où chrétiens et musulmans cohabitent en harmonie, cette invitation prend tout son sens. L’esprit de dialogue et de respect mutuel doit être un témoignage vivant de notre engagement à bâtir une société fraternelle.

Le Pape nous met aussi en garde contre certaines attitudes qui entravent cette marche commune : “Allons dans la même direction, vers le même but, en nous écoutant les uns les autres avec amour et patience, sans piétiner ni dominer l’autre, sans nourrir d’envies ni d’hypocrisies”. Ces paroles nous rappellent que la conversion ne concerne pas seulement notre relation avec Dieu, mais aussi notre manière d’être avec les autres.

MARCHER DANS L’ESPERANCE : LA CERTITUDE DE LA VICTOIRE PASCALE

Enfin, cette marche a un but : Pâques, la victoire du Christ sur la mort. Le Carême ne doit pas être vécu comme un temps de privation stérile, mais comme un chemin qui nous conduit vers la lumière du Ressuscité. “Que l’espérance qui ne déçoit pas, soit pour nous l’horizon du chemin de Carême vers la victoire de Pâques”, nous exhorte le Pape.

Dans un monde marqué par l’incertitude, la violence et les épreuves, il est facile de céder au découragement.

Mais notre foi nous rappelle que rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ (Rm 8, 39). Le Pape nous invite à nous poser une question essentielle : “Ai-je la conviction que Dieu pardonne mes péchés ? Ou bien est-ce que j’agis comme si je pouvais me sauver moi-même ?”

Cette espérance n’est pas passive.

Elle doit nous pousser à l’action, à un engagement concret pour la justice, la paix et le soin de ceux qui souffrent. Comme le souligne le Pape, “nous devons nous demander : est-ce que je vis concrètement l’espérance qui m’aide à lire les événements de l’histoire et qui me pousse à m’engager pour la justice, la fraternité, le soin de la maison commune ?”

UNE INVITATION A UN TEMOIGNAGE COMMUN

Cette année, la coïncidence entre le Carême et le Ramadan nous offre une occasion unique de dialogue et de fraternité. Deux grandes traditions religieuses, unies dans le jeûne, la prière et le partage, témoignent ensemble d’une humanité en quête de sens et de transcendance. Le Pape nous invite à dépasser nos différences pour bâtir ensemble un monde où règnent la paix et la solidarité.

“Ce serait un bon exercice de Carême que de nous confronter à la réalité concrète d’un migrant ou d’un pèlerin, et de nous laisser toucher de manière à découvrir ce que Dieu nous demande”, écrit-il. Cette parole résonne particulièrement dans notre société où tant de personnes aspirent à une vie meilleure. Sommes-nous capables de les accueillir, de marcher avec eux ?

SOUS LE REGARD DE MARIE, MERE DE L’ESPERANCE

Dans cette marche vers Pâques, nous ne sommes pas seuls. Marie, Mère de l’Espérance, nous accompagne et nous guide. Le Pape nous rappelle cette magnifique prière de sainte Thérèse d’Avila : “Espère, ô mon âme, espère. Tu ignores le jour et l’heure. Veille soigneusement, tout passe avec rapidité quoique ton impatience rende douteux ce qui est certain”.

Que ce Carême soit pour chacun de nous un temps de grâce, un véritable chemin de conversion et de renouveau.

Que nous puissions, à travers notre prière, notre partage et notre fraternité, avancer ensemble vers la lumière de Pâques, remplis de la certitude que “l’espérance est l’ancre de l’âme, sûre et indéfectible” (Hb 6, 19). Que le Seigneur bénisse notre marche et nous garde dans son amour !

sudquotidien

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