À l’occasion d’une table ronde internationale sur l’accès aux médicaments, le président de la Mutuelle de l’enseignement supérieur (MES), le professeur Massamba Diouf, a souligné que l’Afrique importe plus de 70 % des médicaments qu’elle consomme.

L’accès aux médicaments constitue un problème majeur pour les pays africains. D’après le président de la Mutuelle de l’enseignement supérieur (MES), le professeur Massamba Diouf, l’Afrique importe plus de 70 % des médicaments qu’elle consomme.

En effet, pour trouver des solutions à ce fléau gangrenant, une table ronde internationale, réunissant des mutuelles, des spécialistes de laboratoire, des chercheurs et des représentants du monde pharmaceutique, a été organisée hier à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).

Au cours de cette rencontre portant sur le thème « Solidarité, souveraineté, santé : Les médicaments au cœur des réflexions, des collaborations et des innovations. Regards et chemins croisés entre l’Afrique et l’Europe », le président de la Mutuelle de santé des agents de l’État (MSAE), Babacar Ngom, a souligné que l’Afrique est confrontée à des médicaments très coûteux et qu’il va falloir discuter pour voir comment amoindrir les coûts. C’est-à-dire, explique-t-il, « voir si c’est à partir du processus de fabrication que les coûts sont énormes ou bien prévoir des mécanismes d’accompagnement des populations pour l’accès à ces médicaments ».

Lui emboîtant le pas, le professeur Massamba Diouf soutient que le défi majeur de nos pays demeure l’accès aux médicaments.

Ce problème, dira-t-il, « est accentué par plusieurs facteurs, dont le coût élevé des médicaments, la dépendance aux importations et le manque de réglementation et de transparence qui favorisent la prolifération de médicaments contrefaits ou de qualité inférieure ».

Selon le Pr. Diouf, la réponse à ces défis consiste inéluctablement à produire 100 % des besoins nationaux en médicaments, notamment en accompagnant les acteurs locaux pour la fabrication de molécules prioritairement identifiées.

De même, poursuit-il, « il faut renforcer la régulation pharmaceutique, mettre en place un cadre réglementaire attractif, promouvoir la création de laboratoires de recherche dans le domaine médical et pharmaceutique, établir un cadre juridique pour la phytothérapie et, enfin, intégrer l’approche ‘One Health’ dans les politiques sanitaires ».

En outre, M. Diouf pense qu’il faudrait aussi valoriser les partenariats public-privé, car ces collaborations peuvent mobiliser des ressources supplémentaires et innover dans la distribution avec une bonne régulation du marché pour une équité territoriale.

Dans un contexte où de nombreuses populations n’ont pas les moyens de faire face aux coûts prohibitifs des soins de santé, Massamba Diouf estime que les organismes de financement solidaires devraient jouer un rôle prépondérant en permettant à leurs membres de mutualiser les risques et de partager les coûts, rendant ainsi les services de santé plus accessibles et équitables.

Selon lui, dans les pays africains, à l’image du Sénégal, « les mutuelles peuvent et doivent constituer un levier essentiel dans la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle et permettre aux populations les plus vulnérables d’accéder à des soins de qualité ». D’ailleurs, fait-il valoir, ces défis ne sont pas seulement sanitaires, mais aussi socioéconomiques, puisqu’il existe un impact direct sur le bien-être des familles, la productivité et le développement durable.

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