L’apnée du sommeil peut se manifester sous la forme de ronflement bruyant, mais c’est la privation répétée d’oxygène pendant le sommeil qui est associée à plusieurs problèmes de santé sérieux, selon trois études présentées lors d’un congrès européen sur les maladies respiratoires.

Les ronflements perturbent la nuit de beaucoup d’entre nous. Mais au-delà du désagrément qu’ils causent, ils sont parfois le signe d’un problème de santé plus sérieux : le syndrome d’apnées-hypopnées du sommeil (Sahos). Les personnes qui en souffrent sont généralement des gros ronfleurs mais, en plus de cela, elles arrêtent de respirer pendant plus de dix secondes, plusieurs fois par nuit, privant ainsi le corps d’oxygène. Les apnées sont jugées sévères quand elles se produisent plus de 30 fois par heure de sommeil. Ce syndrome concerne 1 à 5 % des hommes adultes.

L’apnée du sommeil est un sujet important pour l’European Lung Foundation, elle présente trois études présentées (pas encore publiées) à l’occasion du congrès de l’European Respiratory Society. Ces dernières montrent une association entre l’apnée du sommeil et la survenue de plusieurs problèmes de santé sérieux, dont le cancer.

« On sait déjà que les patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil ont un risque accru de cancer, mais il n’est pas clair si cela est dû ou non au Sahos lui-même ou à des facteurs de risques de cancer connexes, tels que l’obésité, les maladies cardiométaboliques ou le mode de vie. Nos résultats montrent que la privation d’oxygène due au Sahos est indépendamment associée au cancer », explique Andreas Palm, un chercheur de l’université d’Uppsala.

L’apnée du sommeil peut être traitée grâce à un dispositif de ventilation en pression continue qui maintient les voies respiratoires ouvertes. © sbw19, Adobe Stock
L’apnée du sommeil peut être traitée grâce à un dispositif de ventilation en pression continue qui maintient les voies respiratoires ouvertes. © sbw19, Adobe Stock

L’apnée du sommeil, un facteur de risques de cancers à prendre en compte
Andreas Palm et ses collaborateurs ont comparé la sévérité de l’apnée du sommeil entre 2.000 patients qui se sont vu diagnostiquer un cancer et 2.000 autres qui n’en n’ont pas déclaré. Il apparaît que les patients ayant un cancer présentent une forme plus sévère d’apnée du sommeil obstructive ; en moyenne, 32 apnées par heure pour les patients atteints d’un cancer contre 30 apnées pour les autres. Les scientifiques ont observé cette association pour le cancer des poumons, de la prostate et les mélanomes agressifs.

« Les résultats de cette étude soulignent la nécessité de considérer l’apnée du sommeil non traitée comme un facteur de risques de cancers et pour les médecins, d’être conscients de la possibilité d’un cancer lorsqu’ils traitent des patients atteints de Sahos. Cependant, l’extension du dépistage du cancer à tous les patients atteints de Sahos n’est ni justifiée ni recommandée par les résultats de notre étude. » précise Andreas Palm.

Cette étude ne met en avant qu’une association, non pas un lien de causalité, entre l’apnée du sommeil et le cancer. En d’autres termes, l’apnée du sommeil ne provoque pas le cancer. Si le principal atout est le nombre de participants, elle ne prend pas en compte d’autres facteurs impliqués dans le cancer comme le régime alimentaire ou l’activité physique. Deux autres études présentées à ce même congrès montrent une association entre l’apnée du sommeil, le déclin cognitif et la survenue de caillots sanguins.

« Ces trois études montrent des associations inquiétantes entre l’apnée obstructive du sommeil et des maladies importantes qui affectent la survie et la qualité de vie », conclut Winfried Randerath, un spécialiste du sommeil à l’université de Cologne, qui n’a pas participé aux études.

futura

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