Alors les scores se resserrent entre les différents camps, et qu’il est difficile de déterminer avec exactitude le prochain visage de l’Assemblée, des acteurs se penchent déjà sur l’hypothèse de la cohabitation sur le plan institutionnel et en termes de gouvernance.

« La cohabitation est une donnée de sciences politiques plus que constitutionnelle, analyse le constitutionnaliste Ngouda Mboup sur Jeune Afrique. Mais ce qui est sûr, c’est que Macky Sall sera pour la première fois contraint de négocier avec ses adversaires. »

Sur un plan purement politique et en termes d’orientations, cela pourrait donner une possibilité à l’opposition d’impulser quelques réformes. « Elle pourra prendre de nouvelles orientations économiques, changer le système administratif… Ce sera l’opposition qui va gouverner ; le président ne fera qu’arbitrer cette gouvernance », explique le Pr Mboup.

De son côté El Malick Ndiaye, membre du PASTEF, voit déjà son parti dérouler son programme si ce scénario se réalise : « À travers l’Assemblée, nous pourrons poser les premiers jalons de notre programme : renforcer la séparation des pouvoirs et le contrôle régalien et l’institution judiciaire, diriger les commissions d’enquêtes parlementaires, effectuer un réel contrôle sur l’exécutif ».

« Nous pourrions également supprimer certaines institutions coûteuses comme le Haut conseil des collectivités territoriales afin de récupérer la manne financière. Tout ceci exigera des discussions et un travail minutieux”, poursuit-il.

Du côté du pouvoir, sans donner crédit à la thèse de la cohabitation, Pape Mahawa Diouf, membre de la cellule de communication voit d’un bon œil une assemblée plurielle : “ Au vu du nombre de nos députés, il est évident que nous disposons au moins d’une majorité relative, assure Pape Mahawa Diouf, porte-parole de la coalition présidentielle. Bien sûr, on est loin de la victoire de 2017, mais dans les faits, nous avons gagné ces élections. Ce n’est pas une mauvaise chose que notre Assemblée soit plurielle. Cette situation est inédite et rendra le pouvoir législatif dynamique. Cela va aussi nous forcer à participer au jeu politique parlementaire classique”.

Reste la question de l’identité du nouveau Premier ministre. Sera-t-il issu des rangs de l’opposition, comme en France, il y a quelques décennies ? “La Constitution lui impose de nommer un chef de gouvernement. Depuis la réintroduction du texte en décembre dernier, ses actes ont une légalité douteuse s’ils ne sont pas contresignés par le Premier ministre, explique Ngouda Mboup. En cas de cohabitation, le gouvernement devra forcément refléter la composition de l’Assemblée. Macky Sall devra donc nommer un Premier ministre accepté par ses adversaires, sous peine de voir son gouvernement renversé par les députés. »

seneweb

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