A travers une exposition photo sur le parcours de Daouda Guèye, plus connu sous le nom de Pape Daouda, un ancien photographe, Astou Sall, Directrice de Jendalma Art and Design, revient sur un parcours singulier. L’exposition s’inscrit dans les Off de la Biennale de Dakar.

«La beauté sénégambienne de Dakar à Banjul : on chante l’élégance», c’est le titre de l’exposition initiée par Astou Sall, Directrice de Jendalma Art and Design, qui revient sur  le parcours de Daouda Guèye, plus connu sous le nom de Pape Daouda, un ancien photographe. Inscrit sur les Off de la Biennale, l’exposition présente une série inédite. «Basée sur le portrait, l’installation associe une sélection inédite de 20 photographies en noir et blanc de femmes et d’hommes sénégalais et gambiens réalisées par Daouda Guèye entre le Sénégal et la Gambie de 1950 à 1980», confie Astou Sall.

La Directrice de Jendalma Art and Design a tenu à reproduire le studio photo «flash info»  du photographe à Ouakam, juste à côté de la galerie où se tient l’exposition photo. Dans ledit studio, on retrouve des objets de collection de la même époque, liés à la photographie, accompagnés de présentation de l’exceptionnel artiste qui se rapproche du centenaire aujourd’hui. «Chaque cliché, choisi parmi sa collection personnelle, reconstruit une partie d’un passé, un patrimoine, tout en donnant une ouverture sur l’avenir avec ses installations numériques associées. Ces photos historiques immortalisent un patrimoine, une période faste, joyeuse d’une  génération sous le soleil des indépendances»,  avance-t-elle.

Portraits de famille
De belles photos en noir et blanc où des hommes et des femmes à la noirceur d’ébène et d’une beauté exquise tapissent les murs de la galerie.  Devant un autoportrait de l’artiste, Mme Sall déflore les coulisses de l’installation. «Cette photo est autoportrait. Il faisait sa petite programmation et il a le temps de venir s’asseoir et de faire sa pause. C‘est quelqu’un de très talentueux et qui mérite d’être connu. Même à 95 ans, c’est lui qui nous a aidés, en racontant les histoires de ses photos, les dates, etc.»,  raconte notre interlocutrice. Parmi ces collections photos de Papa Daouda,  on retrouve des portraits de sa famille, de ses amis de l’époque, de sa femme, de ses enfants. Et Astou Sall de mettre l’accent sur «la qualité» des photos de Pape Daouda qu’il a réussi à remettre au goût du jour en gardant leur originalité. «Les photos ont pris de l’âge mais ce sont des photos qui restent   magnifiques, naturelles et d’actualité.

C’étaient des photos en noir et blanc qu’il a réalisées en Gambie et à Ouakam.  C’est un travail fastidieux. Il y avait beaucoup photos abimées, même si on a fait beaucoup de travail, on a toujours  cherché à garder l’authenticité, à ne  pas les transformer  par Photoshop», renseigne la Directrice de Jendalma Art and Design qui a cherché à rappeler à travers cette exposition photo,  le passé de nos mères et grand-mères. «Il n’y avait pas de faux cils, de bijoux extravagants. Les gens disent : «Ah j’adore, ça me rappelle ma grand-mère»», déroule Astou Sall qui chante la beauté de la femme africaine en se servant de cette exposition.

Photographe de Daouda Diawara
Trouvée à Ouakam où se tient l’exposition, la Directrice de Jendalma Art and Design dit concrétiser un vieux rêve à travers cette exposition. «Cette exposition, je l’ai initiée et c’est un projet que j’avais en tête depuis longtemps. J‘ai profité de la Biennale pour la monter»,  affirme Astou Sall qui remonte la machine du temps pour dire que «c’est un monsieur qui a commencé  à faire des photos dans les années 46, 47 en Gambie. Il habitait là-bas. Il est parti là-bas en tant que traitant et a commencé à faire du commerce en Gambie. De fil en aiguille, il a commencé à s’initier à la photographie. Il achetait des revues pour savoir comment apprendre à faire de la photographie. Ensuite, il a ouvert un studio», soutient Astou Sall qui indique que «Pape Daouda est devenu le photographe attitré de la petite bourgeoisie».

«Il a photographié Diawara (Ndlr,  Daouda Diawara, l’ancien Président de la Gambie). Il est resté en Gambie pendant 26 ans. Il faisait des photos administratives vu que c’était le début de l’indépendance, les gens avaient besoin de photos  pour leurs pièces d’identité et il parcourait des kilomètres à vélo, allant dans les villages pour photographier les populations. Quand il rentre au Sénégal en 1970, il s’installe à Ouakam et recommence à faire du commerce. Mais sa passion de la photo prend le dessus sur tout», argumente-t-elle. «J’ai photographié Daouda Diawara. Il a été élu Président de la Gambie lorsque j’étais en Gambie», soutient l’ancien photographe qui se définit comme un «autodidacte» de la photographie qui a appris à développer la pellicule par l’intermédiaire de son mentor en Gambie qu’il considère comme un oncle.  

L’ancien photographe estime que la photographie a «subi de plein fouet les contrecoups» des Technologies de l’information (Tic) qui font qu’on n’utilise plus les appareils classiques pour immortaliser les évènements mais qu’on use de téléphones portables et smartphones pour le faire.  «Auparavant, c’est dans les studios qu’on se déplaçait pour se faire photographier», indique le vieux Pape Daouda.

lequotidien

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