L’international sprinteur sénégalais de 110m haies et sociétaire du Jaraaf, Cheikh Cissé, a un avenir prometteur grâce à ses excellentes performances. Ce dernier a accordé une entrevue à Wiwsport. Lors de l’entretien, il a abordé le début de sa carrière de sprinteur, du niveau de l’athlétisme au Sénégal et de ses aspirations personnelles.
– Entretien
Cheikh Pourriez-vous nous donner un aperçu du commencement de votre carrière d’athlétisme ?
J’ai commencé à travailler en 2019/2020. Avant tout, j’ai été un joueur de football au centre de football Léopold Sédar Senghor. C’est ensuite que j’ai observé des athlètes courir fréquemment. Un jour, j’ai décidé d’aller au stade et on m’avait mis en relation avec le directeur technique actuel du Jaraaf Abou Sylla, ce qui a conduit à mon intégration au club.
À l’époque, j’étais minime et je n’étais pas focalisé sur cela.
En 2021, j’ai participé à mon premier championnat national en saut en longueur et j’ai remporté une médaille de bronze. En 2022, j’ai commencé à me focaliser sur l’athlétisme et j’ai participé à mes deux épreuves 110m haies et saut en longueur.
C’est cette même année que j’ai commencé à être sélectionné.
Quelle est votre perception du niveau d’athlétisme au Sénégal ?
Évidemment, l’athlétisme au Sénégal commence à se relancer, mais cela demeure, donc le niveau demeure. Lorsque tu te rends aux championnats internationaux, tu constateras que le niveau demeure. Nous avons de nombreux talents, mais le niveau demeure car nous rencontrons de nombreuses difficultés avec les athlètes ici.
Quels sont les obstacles que vous rencontrez le plus fréquemment dans ce domaine ?
Les obstacles auxquels nous faisons face dans le domaine de l’athlétisme sont multiples, tels que le manque d’infrastructure. Parfois, lorsque nous souhaitons nous entraîner dans un stade, on nous informe qu’il y a un match. Il peut arriver que la Ligue organise une compétition et qu’elle soit annulée en raison des matchs.
Parfois, l’entraîneur doit également modifier ses programmes car on lui informe que la piste ou le stade n’est pas disponible pour des champions d’Afrique ou des athlètes internationaux. Ainsi, nous sommes privés de nos activités en raison des écoles de football. Il y a de nombreuses difficultés et surtout si, une fois que les stades seront disponibles, on nous autorise à y accéder, car nous n’avons pas encore de lieu d’entraînement.
Nous ne disposons que de Diamniadio, ce qui est loin, et l’état de la piste est tout autre. Nous sommes également confrontés à un souci de ressources, mais le souci d’infrastructure est une préoccupation majeure. Car si tu ne disposes pas d’un lieu de formation, ce serait difficile.
Quelles sont les occasions où vous avez représenté le Sénégal à l’étranger ?
À partir de 2022, j’ai été représentant du Sénégal au Ghana. J’ai remporté le titre de champion d’Afrique de l’Ouest et en 2023, j’ai obtenu la 5e place lors des Championnats d’Afrique junior en Zambie.
Cette année, j’ai été surclassé chez les seniors lors des championnats d’Afrique de l’Ouest à Accra (Ghana) et j’ai été vice champion d’Afrique. Depuis 2022, j’ai déjà représenté le Sénégal à trois reprises dans les différents championnats et j’espère que cela va se poursuivre, InshaAllah.
Quel est le nombre de trophées que vous avez remportés dans votre carrière ?
Je possède de nombreux titres et de nombreuses médailles d’or, ce qui me permet de compter actuellement huit à neuf titres nationaux et internationaux, ainsi que des trophées de meilleur athlète junior dans ma catégorie au cours des deux dernières années.
Quelles ont été vos performances les plus marquantes et pourquoi ?
C’est à Saint-Louis que j’ai réalisé ma meilleure performance cette année : j’ai réalisé 13 secondes, pour la première fois que j’ai couru sous les 14 secondes, 13.78, même si c’est un temps manuel, mais 78 démontre quelque chose.
Après avoir couru pendant longtemps, je n’ai jamais réussi à atteindre 13 secondes. Cependant, la course qui m’a le plus marqué a été celle de 2022 à Cap Coast, où j’ai remporté le titre de champion d’Afrique.
Quelle est votre perception de l’athlétisme au Sénégal par rapport aux autres pays africains ?
Le niveau d’athlétisme au Sénégal est très bas par rapport aux autres pays africains. Nous essayons de nous accrocher, mais cela reste difficile. Certains pays africains disposent de centres nationaux et internationaux pour leurs athlètes, tandis que nous n’avons pas tout cela ici.
C’est pourquoi chaque fois que nous partons aux championnats d’Afrique, nous rencontrons des difficultés.
Cette année, nous avons été plus performants, car nous avons remporté quelques titres, mais cela reste un peu ardu. Par rapport à notre pays, on observe l’obtention de dix titres par certains pays africains. Le Sénégal est extrêmement complexe malgré nos talents.
Avant chaque compétition, bénéficiez-vous du soutien des autorités ?
Non, il n’y a pas de soutien des autorités avant les compétitions. Parfois, ton club te fournit quelque chose ou te fournit le transport pour aller à la compétition, mais il n’y a aucun soutien officiel qui nous est offert.
Donc, en dehors de la sélection, on nous fait l’achat du billet pour la compétition, ce qui entraîne des difficultés. En dehors de cela, au Sénégal, si tu dois faire des compétitions, il n’y a aucun soutien : la plupart des athlètes gèrent eux-mêmes les compétitions.
Quel est votre message envers les autorités, en particulier le ministre des Sports ?
Je demande aux autorités de fournir un soutien aux athlètes car l’athlétisme est exigeant, nécessitant des transports, des suppléments alimentaires, des massages, des soins de kinésithérapie, etc… Le parcours d’athlétisme est extrêmement difficile et nécessite de nombreuses dépenses.
Il est difficile de dépenser pour tes performances, donc il est nécessaire d’apporter leur soutien aux athlètes et de relancer nos budgets en nous accordant nos fonds au ministère des sports. La première discipline olympique nécessite une prise en considération de notre part, au minimum, en nous donnant notre budget.
S’il était possible de l’augmenter, nous serions ravis.
C’est pourquoi je lance également un appel aux autorités afin qu’elles nous facilitent l’accès dans certaines infrastructures, car nous en avons besoin.
Quelle est votre interprétation de la situation de Louis-François Mendy, champion d’Afrique de 110m haies ?
Louis François est un champion d’Afrique, mais c’est une autre chose. Ce qu’il a dépensé avant de remporter le titre de champion d’Afrique dépasse quatre vingt mille, ce qui dépasse cinq cent mille et un million. Malgré la prime qui a été accordée, la prime journalière de dix mille est très faible et certains athlètes qui voyagent ne reçoivent pas ces primes journalières.
Cette année, lors de notre dernier championnat, j’ai remporté la médaille d’argent.
Quand nous sommes rentrés, on nous a conduits à Nabil Choukair et le coach a donné mille francs à chaque athlète afin qu’ils puissent rentrer. Nos primes journalières n’avaient même pas été versées. En qualité de champion d’Afrique, tu reçois une prime de quatre-vingts mille, ce n’est pas du tout respectable, même si cela est signé : ils devaient avoir honte de lui donner une telle somme.
Selon vous, qu’est-ce qui explique les performances remarquables de Saly Sarr au triple saut ?
Saly Sarr est également championne d’Afrique, c’est une autre chose, et il est essentiel de se réjouir car ils relancent l’athlétisme sénégalais grâce à leur renommée. Cependant, ce que je dis, c’est que l’athlétisme sénégalais compte beaucoup de Louis François et de Saly Sarr.
Les environnements ne sont pas des mémes.
Louis François et Saly Sarr évoluent au Centre international d’athlétisme de Dakar (CIAD). Comme je l’ai souvent mentionné, certains pays africains possèdent des centres et au Sénégal, si nous modifions notre environnement, nous aurions de nombreux champions.
D’autres Saly Sarr et d’autres Louis François seront présents, donc voilà.
Cependant, en ce moment, ils sont en train de relancer l’athlétisme au Sénégal : cela fait longtemps que nous n’avons pas remporté le titre de champion d’Afrique et cette année, nous avons eu trois, Saly Sarr, Louis François Mendy et Cheikh Tidiane Diouf. Je suis convaincu que cela va continuer, InshaAllah.
Quels sont vos aspirations individuelles pour l’avenir ?
Chaque année, je m’efforce de battre mes records de 110 m et de saut en longueur, et l’autre objectif est de battre le record du Sénégal junior avant de terminer mon cycle.
Une fois en séniors, je m’efforce de faire le meilleur car j’ai connu les séniors et je suis conscient de mon niveau. Ainsi, si je me lance en sénior, mes objectifs resteront les mêmes : représenter le Sénégal dans les différentes compétitions et battre les records, InshaAllah. Je travaille avec mon coach Lébou Mbengue.
Wiwsport